A.− Vieilli 1. Domaine
phys.Se mettre en mouvement, bouger, s'agiter, se soulever. La mer s'émeut, le plancher qui s'émeut. Tout à coup voilà que la terre s'émeut; les tombes s'ouvrent, les morts se lèvent (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 234).Il n'y a point d'écorce si rude qui ne s'émeuve, point de brin d'herbe si fragile qui ne frémisse (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 31):5. ... le feuillage noir à son tour s'émeut; il ondule; il monte; il se tord comme la flamme qui danse; ...
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 91.
2. [En parlant de querelles, de conflits de pers.] Être soulevé, s'élever, naître. Il va s'émouvoir entre M. de Florac et Cavalier une haine qui engendre la guerre des Cévennes (Balzac,
Œuvres div.,t. 3, 1836-48, p. 288).Une grande discussion s'est émue à ce sujet entre les érudits (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 3, 1863-69, p. 379).
3. [En parlant d'un groupe de pers.] Se mettre en branle, réagir, passer à l'action, au travail. Le parlement s'émeut. Le scandale fut tel, que le parquet s'émut et saisit son livre (Zola, Doc. littér.,Les Poëtes contemp., 1881, p. 147).L'opinion s'émeut et demande des comptes à nos simili-potentats, qui s'effarent (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 70).
B.− 1. Se troubler. S'émouvoir de frayeur. Tout s'agite, tout s'ébranle, tout s'émeut en elle; elle vit trois fois plus qu'auparavant (Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 101).Celle-ci [Mmede Staël] sait peu plaisanter, elle s'émeut trop vite (Sainte-Beuve, Chateaubr.,t. 1, 1860, p. 186).− Expr. S'émouvoir à propos de tout et de rien. À la forme négative. Sans s'émouvoir de rien.
2. S'attendrir, s'émerveiller. S'émouvoir à la vue, à la beauté de qqn, de qqc. Un merveilleux ami vivant, qui souffre de nos peines, s'émeut de nos joies (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1051).Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s'émeuvent (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 260).SYNT. S'émouvoir de qqc., à qqc.; s'émouvoir à la pensée de qqc., de qqn; s'émouvoir d'admiration, de compassion, de pitié.
− S'émouvoir sur qqc. Se pencher avec émotion sur quelque chose. Je m'émus sur mon enfance, sur ma vie, sur ma mort (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 264).S'émouvoir en faveur de qqn. Parler pour lui, faire quelque chose pour lui. Une chance insigne dut s'émouvoir en ma faveur, afin que je puisse dire en rentrant, à votre Assemblée, non pas « j'arrive » mais bien « je reviens » (Colette, Belles saisons,Discours de réception, 1936, p. 214).