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réfl. S'écouter (parler). Parler avec affectation, en se complaisant à ce que l'on dit et à la manière dont on le dit. En se voyant écoutée avec extase, elle [Dinah] s'habitua par degrés à s'écouter aussi, prit plaisir à pérorer (Balzac, Muse départ.,1844, p. 71):5. Mérimée vient le soir; et pour la première fois, nous l'entendons causer. Il cause en s'écoutant, lentement, avec de mortels silences, mot à mot, goutte à goutte, comme s'il distillait ses effets, faisant tomber peu à peu, autour de lui, une sorte de froideur glaciale.
Goncourt, Journal,1865, p. 211.
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réciproque. Au lieu de s'éclairer on s'irrite; les passions s'exaltent, on ne s'écoute même plus (Lamennais, L'Avenir,1831, p. 150).SYNT. Écouter une chanson, un discours, une histoire, des paroles, une réponse, une voix; écouter avec admiration, attention, complaisance, curiosité, étonnement, impatience, intérêt, plaisir, recueillement; écouter distraitement, gravement, à peine, en silence, en souriant, volontiers; écouter sans interrompre, sans répondre, jusqu'au bout; s'arrêter pour, avoir l'air de, cesser de, daigner, refuser de, se taire pour écouter.
Rem. Écoute, écoutez se rencontre à l'impér. (souvent en début de phrase). a) Pour réclamer le silence. Attention, les clients, écoutez! Un peu de silence, que diable! (Claudel, Ours et lune, 1919, p. 588). b) Pour appeler quelqu'un, éveiller l'attention, appuyer une opinion, solliciter l'assentiment, inviter (comme par une confidence) à la réflexion ou introduire une atténuation à ce qu'on vient de dire. (Quasi-)synon. vois-tu, voyons. Écoutez, Dominique, il faut me le dire, afin que je sache : êtes-vous devenue amoureuse de moi? (Montherl., Songe, 1922, p. 176). Écoutez : il y a quelque chose que vous me cachez (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 334).