a) Domaine
moral.Rendre plus correct, plus délicat. Épurer les mœurs (
cf. infra ex. 2).
Synon. affiner, châtier, purifier.♦ Épurer un auteur. ,,Retrancher des ouvrages d'un auteur ce qu'il y a de trop libre et de choquant`` (Ac. 1932). Épurer le théâtre. ,,Faire en sorte qu'il n'y ait rien dans les pièces de théâtre qui puisse blesser les mœurs`` (Ac. 1932). Synon. expurger.
♦ Épurer le cœur, l'âme, les sentiments de qqn. ,,Chasser de l'esprit et du cœur de quelqu'un les pensées, les sentiments contraires à la religion, aux bonnes mœurs, à l'honneur`` (Ac. 1932).
− Emploi pronom. réfl. S'assainir. Cette population malade reprendra vigueur morale, s'épurera au feu de la liberté (Michelet, Journal,1854, p. 241).
− Emploi abs. Apologie pour la guerre « qui épure » (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 157).
b) Domaine
spirituel.Purifier (de tout ce qui éloigne de Dieu). Épurer son cœur de toute affection terrestre (Ac.1798-1932).− Emploi pronom. réfl. Se dépouiller. Dans cette solitude céleste, les âmes s'épurent et laissent au passage les dernières souillures de leur enveloppe terrestre (Nerval, Sec. Faust,1840, p. 284).
c) Domaine
intellectuel.Mettre au net (une pensée), affiner (des idées). Synon. dépouiller.Donner (...) tout son effet à l'argument épicurien, en l'épurant de ses résonances sensualistes (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 61).−
Emploi pronom. ♦ à valeur passive. Au fur et à mesure que se corrompait la société, les notions de moralité allaient s'épurant (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 558).Depuis longtemps l'idée que je me faisais de lui s'était épurée, sublimée au point qu'il avait perdu tout visage (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 138).
♦ réfl. indir. Il faut faire la noce de temps en temps pour s'épurer l'intelligence (Renard, Journal,1894, p. 222).
d) Domaine
esthétique.Rendre plus fin, plus poli. Le sage ne découvre des vérités nouvelles qu'en épurant son langage, en lui donnant plus de précision (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 220).Il reprend, il épure sans cesse ses mots (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 250):2. Une sentence latine prétend que le théâtre de l'Opéra-Comique épure les mœurs (...). Épurez votre répertoire, épurez la voix de vos chanteurs, épurez le style de vos auteurs et de vos compositeurs, épurez le goût de votre public, épurez la population de vos premières loges...
Berlioz, Grotesques mus.,1869, pp. 187-188.
− Emploi pronom. à valeur passive. Le goût s'épure par de bonnes lectures (Ac.1798-1932).