a) [En la faisant paraître avec éclat aux yeux de tous] La nature étale ses charmes, ses couleurs. Les bonnes étalaient des tabliers éclatants de blancheur (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 342).Cf. cimaise ex. 4 :
5. Les champs de fleurs, autour des petites maisons basses, étalaient leur parure chatoyante, une fête, une orgie de couleurs blanches, rouges, vertes et violacées, sous un brutal soleil d'août.
Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 252.
− Emploi pronom. à sens passif. Nom qui s'étale en gros caractères dans un journal. La Vérité [journal] où (...) votre nom grossit chaque semaine et s'étale dès maintenant en première page? (Breton, Manif. Surréal.,1930, p. 127).
− P. anal., emploi pronom. réfl. [En parlant d'une pers.] Quelle inconvenance! Des mariés de quatre jours, cela se cache, ne traîne pas dans les rues, ne s'étale pas dans des salons, ne s'affiche pas avec une mère de la jeune mariée (Colette, Sido,1929, p. 15).
− Péj. [En la faisant paraître avec ostentation, fatuité, en en faisant étalage, parade] Étaler ses bijoux, son luxe, ses richesses; étaler son érudition; étaler du grec. Il aime trop à étaler son esprit, son savoir (Ac.1798-1932).Les poitrines découvertes des femmes, qu'elles étalent là comme les officiers leurs uniformes (Stendhal, Amour,1822, p. 261).Il sait le détail de ses mérites, il les étale, il en fait tapage (Barrès, Homme libre,1889, p. 188).
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Emploi pronom. à sens passif. Ici, cela regorge de familles. La maternité s'y étale, une sorte de maternité animale et poussinière (Goncourt, Journal,1864, p. 64).♦ P. anal. [En parlant d'une pers.] Synon. partiels se faire mousser, se faire valoir, se pavaner.Les femmes ne devinent pas un homme, c'est tout au plus si elles le comprennent; encore faut-il qu'il s'étale au grand jour, qu'il se pavane en leur présence, qu'il se fasse un commentaire à son usage (Janin, Âne mort,1829p. 148).
b) [En développant des arguments en faveur d'une idée, en la faisant valoir] Étaler son approbation. Laurent (...) dressait des embûches, calculait les mauvaises chances, étalait les avantages qu'il aurait à être assassin (Zola, Th. Raquin,1867, p. 54).Elle s'étend interminablement sur ses études, étale les raisons qui l'ont fait l'enlever à l'École Alsacienne (Gide, Journal,1902, p. 131).− Emploi pronom. à valeur subjective. S'étaler sur qqc.Parler d'abondance de quelque chose. S'étaler sur tel sujet. Puis [il] s'étale sur la saleté et l'infection de Planche, sa bête d'horreur (Goncourt, Journal,1852, p. 79).
c) [En dévoilant ce qui était tenu caché] Preuve étalée au grand jour; étaler sa passion, ses sentiments, sa vie. Étaler son existence (cf. M. de Guérin, Corresp.1832, p. 46).Le scandale, la honte étalée devant tout Paris (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 142):6. Ce fut comme si l'on étalait à nu devant le jeune homme les secrets de son propre cœur. La figure de cette élue, ainsi qu'avait fait son chant, le révéla à lui-même, et le conduisit aux sources de sa vie...
Barrès, Jard. Oronte,1922, p. 34.
♦ Spéc. Étaler un scandale, un divorce. On demande que les scandales de la vie conjugale ne soient point étalés devant les tribunaux (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 362).
− Emploi pronom à sens passif. Le vice s'étale impunément dans ce pays (Ac.1932).