2. P. ext. Déchirer, déchiqueter, ouvrir le ventre. Il m'apprenait comment on doit mettre le pouce sur la lame [d'un couteau] pour éventrer convenablement son homme sans se couper les doigts (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 317).Un sanglier surgit et prend la fuite : un lévrier, le gagnant de vitesse, le saisit par l'oreille; mais l'animal furieux l'éventre d'un coup de boutoir (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 36):1. ... avec leurs défenses, ils les éventraient, les lançaient en l'air, et de longues entrailles pendaient à leurs crocs d'ivoire comme des paquets de cordages à des mâts.
Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 170.
−
Emploi passif. Ce soldat fut éventré d'un coup de baïonnette (Ac.).Rem. 1. Au part. passé. Bête, cheval éventré(e). Des moutons éventrés avec leurs organes en pagaïe (Céline, Voyage, 1932, p. 28). 2. La docum. atteste un emploi subst. du part. passé. Une bombe a tué sept personnes (...) il [le petit roi d'Espagne] serait rentré en pleurant, sans regarder les éventrés (Bloy, Journal, 1907, p. 304).
− Au fig. et p. exagér. Détruire, ruiner financièrement, moralement. Dans ces batailles de l'argent (...) où l'on éventre les faibles, sans bruit, il n'y a plus de liens, plus de parenté, plus d'amitié : c'est l'atroce loi des forts, ceux qui mangent pour ne pas être mangés (Zola, Argent,1891, p. 340).
−
Emploi pronom. a) Réfl. [Le suj. désigne une pers.] S'ouvrir le ventre. Le Japonais s'éventre par point d'honneur (Ac.).
b) Réciproque. Se battre, s'entretuer. Quatre cent mille braves gens qui s'éventrent, sans comprendre (Péladan, Vice supr.,1884, p. 181).Rem. On rencontre ds la docum. un ex. au fig. et p. exagér. Il aut travailler pour Werdet qui s'éventre pour me donner l'argent nécessaire à (...) ma vie (Balzac, Lettre Étr., t. 1, 1850, p. 240).