1. Éprouver de l'épouvante. (Quasi-)synon. s'affoler.Cet homme ne s'épouvante pas aisément. Il s'épouvante pour peu de choses, de peu de choses (Ac.1878, 1932).On finissait par s'épouvanter (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 433).MmeLigneul s'épouvanta pour son mari (Drieu la Roch., Rêv. bourg.,1939p. 206):5. François, plus jeune que lui d'un an, s'épouvantait. Alain, qui avait déjà beaucoup souffert en prison et coudoyé la crapule, s'effrayait moins et réconfortait son cousin.
Van der Meersch, Invas. 14,1935p. 228.
− S'épouvanter à + inf.Fannie s'épouvantait à songer à l'être qu'elle mettrait au monde en une telle détresse et qui, affamé dès avant de naître, n'aurait même pas un bout de toile pour se couvrir (Van der Meersch, Invas. 14,1935p. 266).
2. P. hyperb. Éprouver de l'inquiétude, de vives alarmes, de l'appréhension. S'épouvanter d'une difficulté. (Quasi-)synon. s'alarmer, s'effrayer (cf. ce mot B), s'inquiéter.Les riches s'épouvanteront de leur audace, et les misérables accuseront leur timidité (France, Opinions Coignard,1893, p. 139).Je m'épouvante un peu des suites possibles de ce nouveau voyage, plus encore que du voyage lui-même (Gide, Journal,1928, p. 881):6. Il s'épouvantait un peu de découvrir en lui toute une casuistique inconnue, qui était peut-être la préfiguration des raisons qu'il se donnerait un jour de trahir ceux avec qui il était alors de tout son cœur, de toute la force de ses origines et de ses révoltes.
Aragon, Beaux quart.,1936, p. 123.
Rem. On rencontre ds la docum. épouvantant, ante, part. prés. en emploi adj. Un gouvernement dont un membre a osé écrire qu'Homère était à mettre au rancart et que le « Misanthrope » de Molière manquait de gaieté, apparaît au bourgeois plus épouvantant, plus subversif, plus anti-social, que si ce même gouvernement décrétait le même jour l'abolition de l'hérédité et le remplacement du mariage par l' « union libre » (Goncourt, Journal, 1871, p. 754). Il est question de MmeGalliffet (...) qui a une carie de la mâchoire et tout le bas du visage si épouvantant (Id., ibid., 1890, p. 1226). La docum. atteste en outre un emploi subst. neutre également dû à cet auteur. Il y a en elle [la clownerie anglaise] de l'épouvantant pour le spectateur, de l'épouvantant fabriqué de petites observations cruelles (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 124).