2. Art de s'exprimer par les sons suivant des règles variables selon les époques et les civilisations. L'eau courante a, comme la musique, le doux pouvoir de transformer la tristesse en mélancolie (Maurois,Ariel,1923, p.9).La musique existe où les symphonies s'achèvent, où la mélodie donne sa forme à des sons qui, par eux-mêmes, n'en ont pas, où une disposition privilégiée des notes, enfin, tire du désordre naturel une unité satisfaisante pour l'esprit et le coeur (Camus,Homme rév.,1951, p.316):1. On voit quels liens sacrés unissaient Beethoven à de tels interprètes, et qu'entre eux et lui la musique était bien plus qu'un jeu de l'art, si haut fût-il; elle était la voix profonde de l'âme, une confidence, une confession, et − par moments − une religieuse révélation.
Rolland,Beethoven,t.1, 1937, p.104.
−
Proverbe. La musique adoucit les moeurs. V.
adoucir I B 1 b et
moeurs II A proverbes et expr.
SYNT. Initiation à la musique; joies, plaisirs de la musique; amateur, passionné de musique; instrument, morceau, note de musique; académie, conservatoire, classe, cours, école, institut, leçon, compositeur, maître (vx), professeur, société de musique; étude, histoire de la musique; connaissances en musique; goût, disposition, talent pour la musique; aimer, apprécier, comprendre, connaître, cultiver, enseigner, entendre, étudier, savoir la musique; s'adonner, se (re)mettre, être sensible à la musique; parler (de), raffoler de, s'enivrer de musique; composer, faire de la musique; s'y connaître en, faire des progrès en musique; être doué pour la musique.
− La musique personnifiée dans une allégorie. Une tombe où il se propose de sculpter trois figures en marbre, la Musique, la Peinture et la Sculpture versant des fleurs sur le défunt (Balzac,Cous. Pons,1847, p.295).Dans ma critique de la mise en scène du Banquet des sophistes où figurent Rhétorique, Musique, Gymnastique et autres cousines (Giraudoux,Siegfried et Lim.,1922, p.12).
3. Musique + déterm. (adj. caractérisant ou compl. déterminatif).Type de combinaisons de sons caractérisé du point de vue technique ou culturel. Ceux qui acquièrent des violes de gambe et des violes d'amour pour jouer de la musique d'autrefois sur des instruments anciens (Proust,J. filles en fleurs,1918, p.749).Par Berlioz et par Wagner, la musique romantique avait recherché les effets de la littérature (Valéry,Variété[I], 1924, p.103).Écouté des disques de musique grégorienne chantée par les moines de Solesmes (Green,Journal,1945, p.219).SYNT. Musique instrumentale, vocale; musique atonale, tonale, polytonale, modale, dodécaphonique, sérielle, électroacoustique; musique pour piano, pour piano et orchestre, pour orchestre, orchestrale, concertante, symphonique; musique d'église, religieuse, sacrée, spirituelle; musique profane, de danse, de ballet, de théâtre, de scène, dramatique; musique (originale) de film; musique de cirque, de foire, de manège, de bal, de café-concert, de marche, militaire; musique légère, de genre, de jazz; musique pop; musique ancienne, du Moyen Âge, de la Renaissance; musique classique, baroque, romantique, moderne, contemporaine; musique allemande, espagnole, française, italienne, russe; musique exotique, folklorique, populaire; musique occidentale, orientale, nègre; musique expressive, lyrique, héroïque; musique facile, savante; bonne, excellente, belle, mauvaise, petite musique; musique joyeuse, gaie, entraînante, triste, monotone, suave; musique des anges.
♦ Musique de chambre. V. chambre I A 1 mus.
♦ Grande musique. Musique des grands maîtres de la musique occidentale traditionnelle. Synon. musique classique*.Quand j'entends de la grande musique, quand je suis envahi par Bach, le Beethoven des Quatuors, le Schumann du Concerto ou le Franck du Quintette (Du Bos,Journal,1927, p.236).
♦ Musique descriptive, imitative. Forme de composition musicale qui tente de traduire par harmonie imitative des phénomènes de la nature. V. descriptif ex. 3.
♦ Musique douce, d'ambiance. Musique aux harmonies faciles et discrètes qui sert de fond sonore à une occupation. Nous sommes restés seuls dans la demi-obscurité, avec la radio qui nous faisait de la musique douce (Triolet,Prem. accroc,1945, p.246).Tous ces parfums à elle demeuraient en dessous comme un accompagnement de musique douce, disparaissaient devant son odeur à lui, Lambert (Vialar,Odeurs et sons,1953, p.19).
♦ Musique pure. Musique qui n'a pas d'autre argument ni de fin qu'elle-même. Une oeuvre de musique pure ne contenant aucun des rapports logiques dont l'altération dans le langage dénonce la folie (Proust,Swann,1913, p.214).Mozart? C'est la musique pure qui n'a d'autre signification qu'elle-même; gardez-vous d'y chercher l'expression d'un drame individuel (Mauriac,Journal 2,1937, p.136).
♦ Musique à programme. S'il y eut jamais musique à signification, musique «à programme», musique décidée à n'être pas exclusivement musicale, c'est bien celle du maître de Bayreuth, homme avant tout de théâtre, chez qui (...) c'est le dramaturge qui devint musicien, non le contraire, et dont les thèmes sonores sont tous destinés à signifier une idée, voire une idée philosophique (Benda,Fr. byz.,1945, p.282).
♦ Musique de scène. ,,Toute musique destinée à soutenir ou à renforcer l'effet d'une représentation scénique`` (Mus. 1976).
♦ Musique concrète. V. concret II A 2 c.
♦ Musique électronique. V. électronique I B.
4. P. méton.
Œuvre(s) musicale(s): 2. − Vous avez déjà écrit de la musique? Qu'est-ce que vous avez écrit? (...) − Des lieder, deux symphonies, des poèmes symphoniques, des quatuors...
Rolland,J.-Chr.,Foire, 1908, p.663.
♦ La musique de + nom de compositeur.Ensemble de sa production musicale; oeuvre. La musique des maîtres classiques était forme et dessin avant tout; celle de Weber était couleur vivante (P. Lalo, Mus.,1899, p.144).La musique de Chopin tire le rêve de la douleur (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.212).
♦ Mettre en musique. Créer un air, une mélodie sur un texte et en l'adaptant aux paroles. Mettre des vers, une pièce en musique. Le roi Louis XIII avait mis de ses Psaumes [de Godeau] en musique et se les faisait chanter en mourant (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.2, 1842, p.265).Molière joue en province, Lulli met en musique les premiers ballets de la cour (Brasillach,Corneille,1938, p.349).