OPTIMISTE, adj.
Anton. pessimiste.A. − PHILOS. [Correspond à optimisme A] 1. [En parlant d'une pers.] Qui admet ou défend l'optimisme. Leibniz était optimiste; moraliste optimiste. [Voltaire] l'auteur du Mondain est optimiste quand il répond à Pascal; l'auteur de Candide le sera moins quand il voudra houspiller Leibniz (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.3, 1848, p.329).Tu me parais, Hautecorne, depuis que tu te glorifies de sève au lieu de sang et d'écorce au lieu de peau, diantrement optimiste et finaliste (Arnoux,Calendr. Fl.,1946, p.161).Empl. subst. Théoricien, partisan de l'optimisme. Les optimistes de l'école de Leibniz. Les plus grands optimistes et les plus grands partisans de la théorie des causes finales n'ont pas d'autre argument que l'ignorance humaine pour répondre aux objections contre la bonté de dieu, tirées du mal physique (J. Simon,Devoir,1854, p.340).La douleur est considérée en optimiste comme un simple avertissement donné à toute créature de sa fin nécessaire (Vigny,Journal poète,1860, p.1359). 2. P. méton. [En parlant d'une chose] Qui appartient à la doctrine de l'optimisme ou à ses partisans. Doctrine, morale, philosophie optimiste; conclusions, opinions optimistes. Leçon sur Leibniz (conquête d'Égypte, etc...). Il me sembla dur d'enseigner ce système optimiste dans un tel état d'esprit. Je me rattachai pourtant à plusieurs points d'une philosophie si vitale (Michelet,Journal,1842, p.383).
B. − Qui est disposé à l'optimisme. 1. [Correspond à optimisme B 1] Un optimiste incorrigible. Aucune raison à cette misère universelle... «Non, la vie est absurde, la vie est mauvaise!» se dit-il avec rage, comme s'il s'adressait à un interlocuteur obstinément optimiste (Martin du G.,Thib.,Consult., 1928, p.1119).Samuel était gai, optimiste, poète à ses heures, prompt à l'enthousiasme (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.12).Empl. subst. Personne dont un des traits de caractère est l'optimisme. L'optimiste est un caractère aimable dans le sens propre du mot (Stendhal,Journal,1804, p.92).L'homme qui n'espère rien est un terrible optimiste (Claudel,Corona Benignitatis,1915, p.407).♦ [P. méton. En parlant d'un aspect de la personnalité] Caractère, esprit, naturel optimiste. On sentait chez eux [des ouvriers] un coeur optimiste, qui se satisfait des moindres occasions de bonheur: qu'il fît beau ou simplement passable, en ce jour de congé, ils en étaient reconnaissants (Rolland,J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p.1320).
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P. méton. [En parlant d'un aspect du comportement] Qui traduit ce trait de caractère. Attitude optimiste; paroles optimistes. Cette conception optimiste de l'amour dans le mariage (Bourget,Nouv. Essais psychol.,1885, p.41):. La plupart de ceux qui ont parlé de Kafka ont défini (...) son oeuvre comme un cri désespérant où aucun recours n'est laissé à l'homme. Mais cela demande revision. Il y a espoir et espoir. L'oeuvre optimiste de M. Henry Bordeaux me paraît singulièrement décourageante.
Camus,Sisyphe,1942, p.182.
2. [Correspond à optimisme B 2] Synon. confiant.Candidat optimiste; le docteur n'est pas très optimiste. Optimiste dans ses projets, (...) ce retard qu'elle n'avait pas prévu lui semblait une trahison (A. France,Lys rouge,1894, p.283).M. Briand avait confiance dans l'issue de cette nouvelle crise, tandis que le général Roques se montrait moins optimiste (Joffre,Mém.,t.2, 1931, p.403).Empl. subst. Personne qui fait preuve d'optimisme dans une circonstance particulière. Mais il se trouva des optimistes (...) pour assurer que cette opération [de l'immatriculation et de la désinfection] était un bon signe (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.47).− P. méton. [En parlant d'un aspect du comportement] Qui traduit l'optimisme, la confiance, l'espoir. Synon. bon, encourageant, rassurant; anton. sombre.Discours, propos optimistes; pronostic optimiste; prévisions optimistes; communiqués, nouvelles optimistes. Les plans de production les plus optimistes de Vincent furent réalisés dès le quinzième mois; le trentième, ces mêmes chiffres étaient doublés (Abellio,Pacifiques,1946, p.129).
REM. Optimistement, adv.Avec optimisme, de manière optimiste. Pourtant ses fabulations [d'un informateur] ne dépassent pas celles des autres, de ses camarades optimistement radieux (Arnoux,Roi,1956, p.124).
Prononc. et Orth.: [ɔptimist]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1752 «celui qui admet l'optimisme comme doctrine philosophique» (Trév.); 2. 1788 «personne disposée à voir tout en beau» (Collin d'Harleville, L'Optimiste ou l'homme content de tout [titre]). De optimisme avec substitution du suff. -iste* au suff. -isme. Fréq. abs. littér.: 272. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 64, b) 71; xxes.: a) 551, b) 731.