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Locutions ♦ Avoir la vie chevillée au corps; avoir la vie dure. Résister à tout. J'ai servi pendant une année sir Williams et ses combinaisons. Ses combinaisons ont échoué; j'y ai gagné un coup de poignard et un coup d'épée, et si j'en suis revenu c'est que probablement j'ai la vie chevillée au corps (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 555).V. la lettre s A 2 a ex. de Hamp.
♦ Être, demeurer, rester sans vie. Être mort. [La Convention] supplicie ceux qui sont sans vie. Le comte a été traîné sans connaissance à l'échafaud, et avait cessé de vivre avant que la hache l'ait atteint (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1850).P. exagér. Être évanoui, sans connaissance. (Dict. xxes.).
♦ Devoir la vie à qqn. Être né de quelqu'un; en partic., être sauvé par quelqu'un. Quand il a eu sa grande blessure, c'est son amie qui l'a soigné et sauvé. Il est hors de doute que c'est à elle qu'il doit la vie (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 451).
♦ Donner la vie à qqn. Engendrer, donner naissance à quelqu'un. César: (...) Et toi, qu'est-ce que tu as donné? Marius: La vie. César: Oui, la vie. Les chiens aussi donnent la vie... Les taureaux aussi donnent la vie à leurs petits. Et d'ailleurs cet enfant, tu ne le voulais pas. Ce que tu voulais, c'était ton plaisir (Pagnol, Fanny, 1932, iii, 10, p. 205).
♦ Donner, laisser la vie à qqn; accorder la vie sauve à qqn. Ne pas tuer quelqu'un, ne pas punir de mort. Ils demandaient pardon. Pardon dans l'honneur, bien entendu, tout est perdu fors l'honneur, prenez tout dans l'honneur: voilà mon cul, bottez-le dans l'honneur, je vous lécherai le vôtre si vous me laissez la vie (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 81).En partic. Ne pas appliquer la peine de mort. La garnison, épuisée par un siège de cinq mois, ne tarda pas à se rendre. On accorda la vie sauve aux hommes d'armes, hormis ceux (...) soupçonnés d'être complices de la mort du duc de Bourgogne (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1824, p. 320).
♦ Donner sa vie pour qqn, pour qqc. Être prêt à mourir pour aider, sauver quelqu'un, pour défendre une idée. C'est encore beau de donner sa vie pour un être humain, et de conserver ainsi l'espérance que tous les hommes ne sont pas méchants (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 167).Je donne ma vie pour que Fonteneilles revive. J'accepte ma mort (R. Bazin, Blé, 1907, p. 228).
♦ (Ne pas) donner signe de vie; (ne pas) avoir signe de vie (de qqn). (Ne pas) donner des nouvelles; (ne pas) avoir des nouvelles de quelqu'un. Cher ami, tu dois être marié, tu es peut-être en route? J'aurais voulu te donner quelque signe de vie à cette occasion mais je ne sais plus où j'en suis. Je suis tout dissipé. Manœuvres, départ, tant de villes traversées m'ahurissent (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 248).Que j'aie de temps à autre un signe de vie, la preuve que tu existes et que tu as pensé à moi! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1371).
♦ Perdre la vie. Mourir. Tous les malheurs nous assaillent à la fois (...) ou le Corfiote est mourant, ou le jeune Spiro, sur qui je comptais, a perdu la vie (About, Roi mont., 1857, p. 223).
♦ Rappeler qqn à la vie. Employer des moyens qui permettent à quelqu'un de recouvrer ses sens. Des sels violents, de l'eau fraîche, tous les moyens ordinaires prodigués rappelèrent la baronne à la vie, ou, si l'on veut, au sentiment de ses douleurs (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 348).
♦ Rendre la vie à qqn; redonner la vie à qqn. Ranimer quelqu'un, rassurer quelqu'un, sortir quelqu'un d'un état physique ou psychique pouvant entraîner la mort; redonner des raisons d'espérer, de vivre. Le prêtre, en lui rendant ce fauteuil, ambition de vingt ans, lui avait rendu la vie (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 737).
♦ Revenir à la vie. Retrouver ses sens, reprendre conscience, connaissance. (Dict. xxes.).
♦ À la vie à la mort. Pour toujours. Nous ne sommes plus que deux, mais nous sommes de bons garçons. Voyons, veux-tu de moi pour ami, à la vie à la mort? Le Dancaïre me tendit la main (Mérimée, Carmen, 1845, p. 63).Il n'y a qu'une solution (...) leur écrire où nous sommes, poser nos conditions, déclarer que nous voulons rester amis et être libres, parce que c'est entre nous à la vie à la mort! (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 633).
♦ À vie. Jusqu'à la mort. Pension à vie; être condamné à une peine à vie; être nommé à vie; propriétaire à vie; acheter à vie. D'ailleurs il est évident que ces trois actes de la politique de Bonaparte, la paix, le concordat, le consulat à vie, sont les trois aspects d'une même pensée, d'une volonté toute personnelle (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 2).
♦ Duel à la vie à la mort. Au dernier vivant. Ceux que des circonstances particulières ont amenés à soutenir sur ce terrain un duel à la vie à la mort, ont des raisons pour n'être pas si commodes (Renan, Avenir sc., 1890, p. 485).
♦ Question de vie ou de mort; il y va de la vie de qqn. Question, situation qui risque d'entraîner, de causer la mort de quelqu'un. Voici la liste des cheminots visés, il faut qu'ils filent immédiatement, sans prendre le temps de ramasser leurs affaires, d'embrasser leur femme, ça peut être une question de minutes, et ça peut être une question de vie ou de mort... (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 44).
♦ (Être) (suspendu) entre la vie et la mort. (Être) en danger de mort immédiate, dans un état de santé critique. Il ne fut plus question [dans les articles de revues et de journaux] désormais, et pendant huit jours environ, que de la comtesse Tonska, suspendue (...) entre la vie et la mort. Enfin, l'énergique sollicitude de ses amis l'emporta (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 180).
♦ N'avoir qu'un filet, un souffle de vie. Être très affaibli, proche de la mort. Je te contais ce matin que je n'avais plus qu'un souffle de vie, je mentais. J'ai une santé de fer (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 298).Moi, je me suis éteinte. Quand je pense, hélas! à mon ardeur d'autrefois (...) c'était le bon temps alors, j'étais bien malheureuse! À présent, je n'ai plus assez de force pour l'être. Je n'ai qu'un filet de vie (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1459).
♦ Vie qui ne tient qu'à un fil. [En parlant de qqn] Vie extrêmement faible, près de la mort, dans une situation qui présente un danger mortel. Le pauvre François regardait la rivière en s'approchant si près qu'on voyait bien que sa vie ne tenait qu'à un fil, et qu'il n'eût fallu qu'un mot de refus pour le faire noyer (Sand, Fr. le Champi, Paris, Garnier, 1981 [1848], p. 246).
♦ Sur la vie; sur ma vie. [Pour marquer l'importance qui est portée à ce qui est recommandé] Rafaele: Il est libre?... Albe: Oui! Rafaele: Tu me le jures? Albe: Sur ta vie!... (Sardou, Patrie!1869, 4, 6etabl., iv, p. 146).
♦ Mort de ma vie! au nom de ma vie! (vieilli). [Pour marquer l'importance, de ce qui vient d'être énoncé] Mon père, au nom de tous les Saints et de la Vierge, au nom du Christ, qui est mort sur la croix; au nom de votre salut éternel, mon père, au nom de ma vie, ne touchez pas à ceci! Cette toilette n'est ni à vous ni à moi (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 214).Mort de ma vie! C'est la première fois qu'une femme ose porter la main sur moi... (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, 2, xiv, p. 55).
♦ La bourse ou la vie. [P. allus. à l'injonction du voleur qui assaille un passant] Je verrais un mouvement populaire du plus odieux caractère, une vraie jacquerie, l'égoïsme disant à l'égoïsme: La bourse ou la vie, que je m'écrierais: Vive l'humanité! Voilà de belles choses qui se fondent pour l'avenir (Renan, Avenir sc., 1890, p. 457).