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FÊTE, subst. fĂ©m.
Ensemble de réjouissances collectives destinées à commémorer périodiquement un événement :
1. La fĂȘte s'Ă©labore autour d'un thĂšme mythique particulier et organise, sinon un dĂ©sordre, du moins des dĂ©rogations Ă  l'ordre, pour obtenir ou rĂ©actualiser dans la conscience collective l'assentiment Ă  l'ordre prĂ©conisĂ©. C'est donc essentiellement un jeu symbolique qui resitue la praxis par rapport au mythe qui lui donne sens. La fĂȘte vaut ce que valent effectivement pour le groupe la symbolique utilisĂ©e et le mythe Ă©voquĂ©. De ceci dĂ©coulent de notables diffĂ©rences entre la fĂȘte en milieu archaĂŻque et traditionnel, et la fĂȘte dans les sociĂ©tĂ©s modernes. ThinĂšs-Lemp.1975.
SYNT. FĂȘte commĂ©morative, pĂ©riodique, annuelle; fĂȘte organisĂ©e, mĂ©morable, ordinaire; grande, petite fĂȘte; prĂ©paratifs, vĂȘtements, habits, parure de fĂȘte; veille, jour, lendemain de fĂȘte; organisation, Ă©clat d'une fĂȘte; instituer, organiser, cĂ©lĂ©brer une fĂȘte; assister, participer, s'associer Ă  une fĂȘte; ĂȘtre prĂȘt pour une fĂȘte.
A.− Dans le domaine relig.[P. rĂ©f. Ă  un cycle liturg.] CĂ©lĂ©bration en l'honneur d'une divinitĂ©, d'un ĂȘtre, d'une chose... vĂ©nĂ©rĂ©s par une religion, ou en commĂ©moration d'un Ă©vĂ©nement marquant de son histoire. FĂȘte religieuse.
1. ANTIQ. FĂȘtes religieuses grecques, romaines, Ă©gyptiennes, de l'AntiquitĂ©. La fĂȘte d'Isis, d'Osiris, de Jupiter, de Junon, de VĂ©nus, etc. Les paĂŻens cĂ©lĂ©braient la plupart de leurs fĂȘtes par des sacrifices et des jeux (Ac.).Ce tableau nous rappelle la fĂȘte Ă©quinoxiale du printems, cĂ©lĂ©brĂ©e en Égypte sous Aries ou sous l'agneau, en mĂ©moire de ce que le feu du ciel avait embrĂąsĂ© le monde (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 347).Il [DicĂ©opolis] revenait de la fĂȘte des PanathĂ©nĂ©es, oĂč avaient Ă©tĂ© rĂ©citĂ©s, comme de coutume, de longs morceaux de l'Iliade (Thibaudet, RĂ©fl. litt.,1936, p. 224):
2. Le jour de fĂȘte n'est pas en principe, du moins chez les Romains, un jour de joie. La fĂȘte des mĂąnes est considĂ©rĂ©e comme un jour triste. Le jour de fĂȘte comportait gĂ©nĂ©ralement des sacrifices, des processions, des jeux, des repas sacrĂ©s (...). Il semble au contraire que chez les Juifs les fĂȘtes eurent d'ordinaire un caractĂšre de joie religieuse. ArchĂ©ol. chrĂ©t.1922.
2. RELIG. JUIVE. CommĂ©moration d'un Ă©vĂ©nement touchant Ă  l'histoire du peuple juif. FĂȘte des juifs; fĂȘtes israĂ©lites; fĂȘte du Passage (de la mer Rouge). La tente de feuillage que David Sichel dressait chez lui, comme tous les fils d'IsraĂ«l, au jour de la fĂȘte des Tabernacles (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 4):
3. Les trois grandes fĂȘtes mosaĂŻques (...). Le quinziĂšme jour du mois de nisan, on cĂ©lĂ©brait la PĂąque, en mĂ©moire de la sortie d'Égypte (...). On offrait au Seigneur les prĂ©mices de la moisson de l'orge, et la solennitĂ© durait sept jours (...). Sept semaines aprĂšs la PĂąque (...) venait la PentecĂŽte, appelĂ©e aussi la fĂȘte de la moisson (...). On offrait au Seigneur les prĂ©mices de la moisson du froment (...). La fĂȘte ne durait qu'un jour (...). La fĂȘte des Tabernacles, cĂ©lĂ©brĂ©e le quinziĂšme jour du septiĂšme mois, se prolongeait durant sept jours. C'Ă©tait comme la fĂȘte de la rĂ©colte (...) dans laquelle on cĂ©lĂ©brait joyeusement la rentrĂ©e de tous les fruits de l'aire et du pressoir. Bible1912.
3. RELIG. CHRÉT. CommĂ©moration relative Ă  la vie du Christ, de la Vierge ou des saints. FĂȘtes reconnues par l'Église; les dimanches et les fĂȘtes; les quatre grandes fĂȘtes de l'annĂ©e (NoĂ«l, PĂąques, PentecĂŽte, Assomption); le retour des grandes fĂȘtes; fĂȘte de la Vierge, de l'ImmaculĂ©e Conception; fĂȘte des Rameaux, de (la) PentecĂŽte, de l'Assomption. On fait ce jour-lĂ  (24 aoĂ»t 1653) la fĂȘte de saint BarthĂ©lemy, apĂŽtre (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 191).Si l'on y croyait, Ă  cette belle fĂȘte de NoĂ«l, au lieu de s'Ă©chapper dans les nuages thĂ©ologiques, alors se dĂ©velopperait le culte de l'enfant (Alain, Propos,1935, p. 1298).DĂ©jĂ  la fĂȘte de la NativitĂ© de la Vierge, qui tombe le 8 septembre, est une de celles qui se cĂ©lĂšbrent au milieu du plus grand concours de fidĂšles (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 223):
4. Avec JĂ©sus les formes anciennes du culte sont pĂ©rimĂ©es, car les croyants ne sont plus asservis au cycle naturel et les Ă©vĂ©nements jadis cĂ©lĂ©brĂ©s n'Ă©taient que figure de la rĂ©alitĂ© qu'est l'Alliance dans la PĂąque du Christ. Aussi la cĂ©lĂ©bration du mystĂšre pascal est-il la fĂȘte chrĂ©tienne par excellence, dont chaque dimanche rayonne la prĂ©sence. LĂ©on1975.
♩ FĂȘte-Dieu, fĂȘte du Saint(-)Sacrement. SolennitĂ© instituĂ©e en l'honneur du sacrement de l'Eucharistie et fixĂ©e au jeudi qui suit l'octave de la PentecĂŽte :
5. ... Urbain IV (1261), ce fils de cordonnier (...) eut la gloire de trouver un nouvel aliment Ă  la piĂ©tĂ© catholique en instituant la fĂȘte du Saint-Sacrement (1264)... Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. xx.
♩ FĂȘte des saints, de tous les saints. CĂ©lĂ©bration de tous les saints fixĂ©e au 1ernovembre. Synon. Toussaint.
Rem. La fĂȘte des saints est couramment confondue avec la fĂȘte des morts qui est cĂ©lĂ©brĂ©e le lendemain (infra).
♩ En partic. FĂȘte des morts. Jour consacrĂ© par l'Église Ă  la commĂ©moration des morts (2 novembre). Synon. Jour des morts :
6. ... il n'est pas Ă©tonnant que la Toussaint et la fĂȘte des morts, qui ne sont qu'une seule fĂȘte en deux pensĂ©es, se trouvent placĂ©es en ce moment de l'automne oĂč il est clair que tout se dĂ©fait, et que rien ne s'annonce encore. Alain, Propos,1926, p. 691.
♩ FĂȘte d'obligation ou de prĂ©cepte. CommĂ©moration imposĂ©e par l'Église. P. oppos. FĂȘte de dĂ©votion.
FĂȘte chĂŽmĂ©e. FĂȘte d'obligation marquĂ©e civilement par un repos lĂ©gal d'un jour. Synon. vieillis fĂȘte fĂȘtĂ©e, fĂ©riĂ©e.C'Ă©tait fĂȘte chĂŽmĂ©e; Ă  cette date, l'Église commĂ©more solennellement le jour oĂč la Vierge Marie (...) fut enlevĂ©e au ciel en corps et en Ăąme (France, J. d'Arc,t. 2, 1908, p. 24).
♩ FĂȘte carillonnĂ©e. Grande fĂȘte annoncĂ©e dĂšs la veille par des carillons. Ces carrosses (...) transportent la cour Ă  l'Ă©glise les jours de fĂȘte carillonnĂ©e (About, GrĂšce,1854, p. 363).
♩ FĂȘte fixe. CommĂ©moration annuelle dont la date est fixĂ©e invariablement.
P. oppos. FĂȘte mobile. CommĂ©moration annuelle dont la date varie en fonction de celle de PĂąques, elle-mĂȘme mobile. Supputation des temps pour le calendrier des fĂȘtes mobiles (Saint-John Perse, Exil,1942, p. 227):
7. ... il avait parlĂ© du jour et de la nuit, de la semaine et des mois, des signes du zodiaque, des Ă©pactes, du cycle lunaire et des fĂȘtes mobiles. France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 205.
♩ FĂȘte double, semi-double, simple. ,,Au rite romain, anciens degrĂ©s de solennitĂ© des fĂȘtes, aujourd'hui abolis`` (Foi t. 1 1968). Le Gloria des fĂȘtes simples (...) est un bel exemple du chant de cette espĂšce (d'Indy, Compos. mus.,t. 1, 1897-1900, p. 66).
− [RĂ©jouissances dont l'origine rĂ©side dans la commĂ©moration d'un saint reconnu comme protecteur ou patron, et organisĂ©es le jour de sa fĂȘte]
♩ FĂȘte de congrĂ©gation :
8. Une messe clĂŽturait les exercices. Tous se trouvĂšrent rĂ©unis Ă  une communion solennelle. Volontiers on se serait cru rejetĂ© d'une annĂ©e en arriĂšre, Ă  cette fĂȘte de congrĂ©gation durant laquelle LĂ©onard, nommĂ© prĂ©fet, avait songĂ© pour la premiĂšre fois au miracle de la vocation. EstauniĂ©, Empreinte,1896, p. 155.
♩ FĂȘte (d'une corporation, d'une compagnie, d'un corps de mĂ©tier). FĂȘte des Écoliers (le jour de la saint Charlemagne). FĂȘte des Cordonniers (le jour de la saint CrĂ©pin). FĂȘte des Boulangers (le jour de la saint HonorĂ©) :
9. À la Saint-Pierre, fĂȘte des Papetiers, pour la transformation de ses fabriques, Grange donna un banquet en plein air dans le prĂ©, sous Minard. Il y avait son Angliche, les compagnons papetiers, des gouverneurs aux apprentis, et jusqu'aux chiffonniĂšres. Il y avait M. le curĂ© et plusieurs gros bourgeois. Pourrat, Gaspard,1930, p. 98.
♩ FĂȘte patronale (d'une ville, d'un village); fĂȘte de village; fĂȘte (d'un lieu); fĂȘte votive (dans le Midi); fĂȘte locale. « Voulez-vous que je vous mĂšne Ă  la fĂȘte de Saint-Cloud? » Edgar fut d'avis qu'on y allĂąt, Ă  cause des chevaux de bois (France, Servien,1882, p. 40).Le 15 aoĂ»t, deux jours aprĂšs son arrivĂ©e, Ă©tait la fĂȘte patronale de la ville. On l'avait invitĂ© au banquet de la municipalitĂ© (GuĂ©henno, Jean-Jacques,1952, p. 255):
10. Il faut avoir vu nos fĂȘtes votives de Provence, ces paysans debout sur les tables, hurlant (...) tout un village ivre Ă  rouler pour quelques bouteilles de limonade. A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 281.
FĂȘte paroissiale. Synon. de fĂȘte patronale.P. ext. Toute fĂȘte rĂ©unissant les fidĂšles d'une paroisse. Il me remet le programme de je ne sais plus quelle petite fĂȘte paroissiale (Green, Journal,1929, p. 22).
♩ FĂȘte (d'une personne). RĂ©jouissances commĂ©morant le saint dont la personne a reçu le nom Ă  son baptĂȘme, organisĂ©es le jour de la fĂȘte de ce saint et mises Ă  profit pour formuler des souhaits et offrir des prĂ©sents. Souhaiter Ă  qqn sa fĂȘte, une bonne/joyeuse/heureuse fĂȘte; offrir Ă  qqn un cadeau pour sa fĂȘte; c'est ma fĂȘte aujourd'hui; bouquet, gĂąteau de fĂȘte. Ils venaient se pourvoir d'un bouquet pour la fĂȘte de leur grand-papa. On leur remit Ă  chacun un petit bouquet de pensĂ©es et d'immortelles (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 225).Justement, un anniversaire de fĂȘte se prĂ©senta, ils emplirent la chambre de gros bouquets (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1062):
11. Ce soir, peut-ĂȘtre, aurons-nous la pluie avec le feu d'artifice pour la fĂȘte du roi [Louis-Philippe]. En passant par les Tuileries, j'ai vu les prĂ©paratifs probablement tout ce que je verrai de la Saint-Philippe. Je n'aime pas ces foules, et puis je ne suis pas en gaies dispositions. E. de GuĂ©rin, Lettres,1841, p. 430.
Loc. pop. ou arg., par antiphrase. Souhaiter sa fĂȘte Ă  qqn. Malmener quelqu'un, lui donner une sĂ©vĂšre correction. Ça va ĂȘtre ta fĂȘte. Il savait que les autres [ses trois tourmenteurs] n'allaient pas lui faire de fleur, que ça allait ĂȘtre sa fĂȘte. Tant pis pour lui (Le Breton, Rififi,1953, p. 91).
B.− Dans le domaine profane
1. [Au plan national]
a) [Avec un caractĂšre institutionnel et public, pour commĂ©morer un Ă©vĂ©nement ou un personnage hist.] ComitĂ©, salle des fĂȘtes; rumeurs, dĂ©cors, dĂ©corations de fĂȘte; programme d'une fĂȘte; fĂȘte publique, populaire.
− FĂȘte nationale, du 14 juillet, de l'Armistice (de 1918), de la LibĂ©ration, de la Victoire, de l'IndĂ©pendance; FĂȘte de Jeanne d'Arc (8 mai). Revenu au Caire, Bonaparte cĂ©lĂšbre la fĂȘte anniversaire de la fondation de la RĂ©publique (Chateaubr.,MĂ©m., t. 2,1848,p. 344).14 juillet. − FĂȘte de la RĂ©publique. Je me suis promenĂ© par les rues. Les pĂ©tards et les drapeaux m'amusaient comme un enfant (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Horla, 1866, p. 1106):
12. Ce 14 juillet qui est Ă  peine une fĂȘte lĂ©gale en pays craonnais (oĂč la fĂȘte nationale est plutĂŽt celle de Jeanne d'Arc), s'achevait par un crĂ©puscule radieux. H. Bazin, VipĂšre,1948, p. 104.
− FĂȘte lĂ©gale. ,,Jour de l'annĂ©e correspondant Ă  des cĂ©rĂ©monies religieuses ou consacrĂ©, soit de façon permanente, soit Ă  titre exceptionnel, Ă  des rĂ©jouissances civiles et que la loi a dĂ©clarĂ© « jour fĂ©riĂ© »`` (Cap. 1936). V. supra ex. 12.
b) [Pour célébrer des fonctions, des activités considérées comme fondamentales]
− FĂȘte du Travail (le 1ermai) :
13. 1793. « Le Duodi, deuxiĂšme des sansculottides, sera consacrĂ© Ă  l'industrie et Ă  l'activitĂ© laborieuse. Cette fĂȘte s'appellera la fĂȘte du travail ». Fabre d'Églantine, ƒuvres politiques,1878, ds Quem. DDL t. 11.
− [Avec un caractĂšre Ă  la fois national et privĂ©] FĂȘte des MĂšres. CĂ©lĂ©bration instituĂ©e en l'honneur de la fonction maternelle et des mĂšres qui l'incarnent, fixĂ©e au dernier dimanche du mois de mai (mois de la Vierge Marie), donnant lieu en privĂ© Ă  des rĂ©jouissances familiales et donnant Ă  la nation l'occasion d'honorer (par l'attribution de distinctions) des mĂšres particuliĂšrement mĂ©ritantes. [Dans le mĂȘme esprit] FĂȘte des PĂšres (cĂ©lĂ©brĂ©e en juin).
c) Au plur.
− [Dans certaines expr., relig. Ă  l'orig., mais considĂ©rĂ©es d'un point de vue profane et prises dans un sens gĂ©n.] Les fĂȘtes de NoĂ«l, de PĂąques, de la PentecĂŽte... La succession des jours lĂ©galement chĂŽmĂ©s Ă  l'occasion de ces fĂȘtes. Je t'attends aux fĂȘtes de la Toussaint. Tu es spĂ©cialement conviĂ© par ma niĂšce Ă  embellir de ta prĂ©sence notre modeste asile (Flaub., Corresp.,1859, p. 249).J'irai donc, Ă©crivit-il, passer les fĂȘtes de PĂąques Ă  l'Ermitage (GuĂ©henno, Jean-Jacques,1950, p. 132):
14. ... Marie serait triste, ayant Ă©tĂ© seule pendant les fĂȘtes de NoĂ«l, d'ĂȘtre encore abandonnĂ©e pendant mes vacances du Jour de l'An... MallarmĂ©, Corresp.,1866, p. 195.
♩ Les fĂȘtes de fin d'annĂ©e. L'ensemble des jours chĂŽmĂ©s Ă  l'occasion de la fĂȘte de NoĂ«l et de celle du Nouvel An. P. ell. Les fĂȘtes; Ă©poque des fĂȘtes; passer les fĂȘtes en famille, ĂȘtre invitĂ© pour les fĂȘtes. Comme tous les paysans elle Ă©tait prise, au retour des fĂȘtes, d'un accĂšs de piĂ©tĂ© ponctuelle et machinale (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 78):
15. ... ça n'avait pas de bon sens de vouloir faire ce voyage-lĂ  en plein hiver, au temps des fĂȘtes, avec le froid qu'il faisait, peut-ĂȘtre bien quatre pieds de neige dans le bois, et seul. HĂ©mon, M. Chapdelaine,1916, p. 140.
− Ensemble des manifestations organisĂ©es Ă  l'occasion de certaines grandes fĂȘtes. Aller aux fĂȘtes; assister aux fĂȘtes du 14 juillet. J'entendis ainsi passer sous mes fenĂȘtres toutes les fĂȘtes nocturnes du carnaval (Fromentin, Dominique,1863, p. 159).Il regarde les cĂ©lĂšbres fĂȘtes avec distraction, sympathie et ennui (Montherl., Bestiaires,1926, p. 472).
2. [Au plan d'une collectivité géogr., prof., soc.]
a) [Pour cĂ©lĂ©brer quelque chose qui rĂ©jouit par l'une ou l'autre de ses qualitĂ©s] FĂȘte des roses, des jonquilles. À la fĂȘte des vendanges, quand on flambe les vieilles queues avec une mĂšche de soufre, vous me verrez danser encore pour vous sur la tonne roulante, une torche dans chaque main! (Claudel, ProtĂ©e,1927, I, 1, p. 357):
16. Il est bien fĂącheux que l'on ne se soit pas arrĂȘtĂ© dĂšs l'origine Ă  une fĂȘte en l'honneur de la libertĂ©; fĂȘte avec laquelle les Suisses de ChĂąteauvieux n'auraient rien eu de commun. Alors cette fĂȘte n'aurait point dĂ» ĂȘtre et n'aurait point Ă©tĂ© une fĂȘte privĂ©e, mais publique. L'allĂ©gresse gĂ©nĂ©rale, l'assentiment de tous les citoyens, le concours de toutes les autoritĂ©s, les talents de David et des autres artistes, alors bien employĂ©s, lui auraient donnĂ© tout ce qu'elle devait avoir de grand et d'auguste... ChĂ©nier, Iambes,1794, p. 262.
b) [Pour cĂ©lĂ©brer quelque chose qui rĂ©unit, rassemble] Je n'attendais plus rien de la vie sinon qu'elle ressuscitĂąt pour moi, sur le tard, la fĂȘte annuelle de l'Institut des langues vivantes (Sartre, Mots,1964, p. 134).
♩ FĂȘte des conscrits. Manifestations joyeuses rassemblant chaque annĂ©e, dans les villages oĂč la coutume se maintient encore, les soldats nouvellement recrutĂ©s pour le service militaire :
17. ... j'ai dĂ» aller au dĂźner, Ă  la fĂȘte des conscrits. Bien que, comme toujours, cette vie Ă  moi m'ait empĂȘchĂ© de me mĂȘler Ă  eux comme je l'aurais voulu, j'ai eu les larmes aux yeux de trop comprendre, de trop aimer toute cette grossiĂšretĂ©. Danses sauvages, rubans Ă©carlates, gaudrioles insupportables, sensibleries. Alain-Fournier, Corresp.[avec RiviĂšre], 1906, p. 388.
3. P. ext. Toutes rĂ©jouissances non commĂ©moratives, de caractĂšre plus ou moins occasionnel, faisant l'objet de prĂ©paratifs plus ou moins importants de la part d'une collectivitĂ©, d'une personnalitĂ©, d'une personne privĂ©e. Il y avait fĂȘte au faubourg, et le peuple endimanchĂ© montait bruyamment par les rues (Zola, Contes Ninon,1864, p. 55).Qu'arrivera-t-il, dans le cas OĂč pour votre fĂȘte champĂȘtre Le soleil ne paraĂźtrait pas? (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 264).Les fĂȘtes mondaines, Ă©taient pour l'AmĂ©ricaine une sorte d'Ă©cole Berlitz (Proust, Temps retr.,1922, p. 960):
18. − C'Ă©taient Monsieur et Madame FouchĂ© de Careil − me dit ma mĂšre qui paraissait ravie − et ils nous ont invitĂ©s Ă  une fĂȘte qu'ils donnent au chĂąteau de Careil... Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 222.
SYNT. Repas, banquet de fĂȘte; chants, cris de fĂȘte; lumiĂšres de fĂȘte; fĂȘte d'inauguration, de mariage, de collĂšge; fĂȘte enfantine, sportive, aĂ©rienne, nautique, littĂ©raire, musicale; fĂȘte travestie, rustique, vĂ©nitienne; fĂȘte privĂ©e, familiale; fĂȘte improvisĂ©e, rĂ©ussie, bruyante, charmante, dĂ©licieuse, brillante, somptueuse; donner/offrir une fĂȘte (en l'honneur de qqn/Ă  qqn); improviser une fĂȘte.
− FĂȘte foraine. Rassemblement de stands et de manĂšges forains (souvent Ă  l'occasion d'une fĂȘte locale, en particulier d'une fĂȘte de ville ou de village). Cohue, bruit, odeurs de fĂȘte foraine. Un terrain vague (...) au milieu duquel une fĂȘte foraine s'Ă©tendait comme un gala multicolore (Morand, Rococo,1933, p. 182).
♩ P. ell. Je t'aime ainsi, douce France, Avec tes magasins rances, Tes fĂȘtes Ă  loteries (Jammes, De tout temps,1935, p. 132):
19. C'est Ă  la fĂȘte que je l'ai trouvĂ©e et Ă  la fĂȘte que je l'ai perdue. C'Ă©tait une grande fĂȘte. Une fĂȘte avec le tir Ă  la carabine et les gaufres et les billards japonais et les bouteilles de champagne et les baraques et les manĂšges. Cocteau, ThĂ©Ăątre poche1949, p. 135.
♩ Au fig. Amour absolu, carrefour sans fontaine; Mais Ă  tous les bouts, d'Ă©tourdissantes fĂȘtes foraines (Laforgue, PoĂ©s.,1887, p. 97).
− FĂȘte de charitĂ©, de bienfaisance. Manifestation organisĂ©e par une Ɠuvre de bienfaisance et prĂ©sentant la particularitĂ© d'offrir aux participants l'occasion de faire acte de bienfaisance en se divertissant, en devenant acquĂ©reur de quelque chose en contrepartie. Le nom de tous les donateurs de la fĂȘte de charitĂ© (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 163):
20. − Pour les enfants de dĂ©portĂ©s, vous ne pouvez pas refuser (...) − Ils ne peuvent pas cracher deux mille francs sans emmerder personne, vos philanthropes? − Ils cracheront une fois, mais pas dix. La charitĂ© c'est trĂšs joli, mais il faut que ça rapporte. C'est le principe des fĂȘtes de bienfaisance. Beauvoir, Mandarins,1954, p. 250.
− FĂȘte de famille. RĂ©jouissances organisĂ©es Ă  l'occasion d'un Ă©vĂ©nement heureux concernant une famille ou l'un de ses membres. Cet Ă©vĂ©nement m'ayant surpris au milieu d'une fĂȘte de famille, le jour mĂȘme de mes fiançailles, j'ai tout quittĂ©, fiancĂ©e et amis (Dumas pĂšre, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 117):
21. ... j'en viens aux fĂȘtes de famille, que je mets au nombre de ces vieilles habitudes dont je vois avec regret s'affaiblir chaque jour la vĂ©nĂ©rable autoritĂ©. Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 27.
− B.-A. FĂȘte(s) galante(s). ReprĂ©sentation picturale de jeunes hommes et de jeunes femmes livrĂ©s au divertissement en costumes de thĂ©Ăątre. Cf. les fĂȘtes de cour de la RĂ©gence et Les Indes galantes de Rameau.Les fĂȘtes galantes de Watteau. Les FĂȘtes galantes parurent l'annĂ©e qui suivit (...). Qu'est-ce donc que ces fĂȘtes galantes? Elles se donnent dans la CythĂšre de Watteau (France, Vie littĂ©r.,1891, p. 312):
22. OĂč est le critĂ©rium qui nous permettrait de distinguer entre le mystĂšre d'intimitĂ© de Vermeer et celui de Pieter de Hoogh, entre la fĂȘte galante chez Watteau et la fĂȘte galante chez ses imitateurs, Lancret ou Pater? JankĂ©l., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 82.
♩ [P. allus. littĂ©r.] Les FĂȘtes galantes. PoĂšmes de Verlaine :
23. ... d'aucuns de ses livres, La Bonne chanson, Les FĂȘtes [it. dans le texte] galantes, Romances sans paroles, enfin son dernier volume, Sagesse, renfermaient des poĂšmes oĂč l'Ă©crivain original [Verlaine] se rĂ©vĂ©lait, tranchant sur la multitude de ses confrĂšres. Huysmans, À rebours,1884, p. 245.
4. Locutions
− Être Ă  la fĂȘte. Être prĂ©sent Ă  la fĂȘte. Non, elle ne dort pas; c'est aujourd'hui la fĂȘte de l'arc, la seule de l'annĂ©e oĂč l'on danse toute la nuit. Elle est Ă  la fĂȘte (Nerval, Filles feu,Sylvie, 1854, p. 598).
− Être de (la) fĂȘte. Être invitĂ© Ă  une fĂȘte; y participer. On se rĂ©galait d'abord avec les privilĂ©giĂ©s qui avaient Ă©tĂ© de la fĂȘte (les personnes qui Ă©taient restĂ©es lĂ ), des mots qu'Oriane avait dits (Proust, Guermantes 2,1921, p. 465):
24. ... les BeauchĂȘne et les SĂ©guin (...) vinrent tous (...) passer Ă  Chantebled l'aprĂšs-midi d'un dimanche. Ils avaient mĂȘme dĂ©cidĂ© Morange Ă  ĂȘtre de la fĂȘte, avec Reine... Zola, FĂ©conditĂ©,1899, p. 337.
− (Être) la reine, le hĂ©ros de la fĂȘte. (Être) la personne en l'honneur de laquelle la fĂȘte est donnĂ©e; (ĂȘtre) la personne la plus remarquĂ©e, la plus recherchĂ©e, parmi les participants de la fĂȘte, pour une qualitĂ© ou une autre. Ses talents de sociĂ©tĂ© Ă©clipsaient les miens; il devenait le hĂ©ros de la fĂȘte (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 332):
25. Cette mĂ©morable soirĂ©e fut pendant huit jours l'objet de la chronique du quartier; et PhĂ©mie TeinturiĂšre, qui avait Ă©tĂ© reine de la fĂȘte, avait l'habitude de dire en en parlant Ă  ses amies : − C'Ă©tait fiĂšrement beau; il y avait de la bougie, ma chĂšre. Murger, ScĂšnes vie boh.,1851, p. 76.
− (Être) en fĂȘte. (Être) en train de se livrer Ă  des rĂ©jouissances. Il s'habillait avec une Ă©lĂ©gance tapageuse de provincial en fĂȘte (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bombard, 1884, p. 969).L'enfant Ă©coutait mugir, jusqu'aux lointains de Paris, la foule en fĂȘte et grouillant sous les folioles de mai (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 149).
C.− Au fig.
1. Tout Ă©vĂ©nement qui rĂ©jouit particuliĂšrement en tranchant sur la routine. Chaque dimanche surtout devenait une fĂȘte, lorsque le pĂšre n'allait pas Ă  son bureau (Zola, FĂ©conditĂ©,1899, p. 235).Il a donc fallu installer tout ce monde [DĂ©sirĂ©, sa femme et les enfants]. Ça a Ă©tĂ© une belle fĂȘte (Giono, Regain,1930, p. 225):
26. ... les visites du comte de Lerne Ă©taient en gĂ©nĂ©ral considĂ©rĂ©es par les dames comme de petites fĂȘtes trĂšs flatteuses pour celles qui en Ă©taient favorisĂ©es. Feuillet, Paris.,1881, p. 102.
− Faire la fĂȘte. Rompre la routine en faisant quelque chose qui rĂ©jouit. Trente sous, mon chĂ©ri! mais nous allons faire la fĂȘte! (Zola, FĂ©conditĂ©,1899p. 2).On a bien marchĂ© aujourd'hui, et puis ce vent nous a battus; on va ouvrir une boĂźte de sardines. Tant pis, on fait la fĂȘte. Et puis on va boire un bon coup (Giono, Regain,1930p. 85):
27. Quand nos parents sortaient le soir, nous faisions la fĂȘte; nous confectionnions une omelette soufflĂ©e que nous mangions Ă  la cuisine, nous bouleversions l'appartement en poussant de grands cris. Beauvoir, MĂ©m. j. fille,1958, p. 101.
− [Pour signifier que se prolonge l'Ă©vĂ©nement qui rĂ©jouit] Et la fĂȘte continue! (Titre d'un poĂšme de PrĂ©vert. Cf. Paroles, 1946, p. 229).
2. Tout ce qui est source de plaisir pour les yeux, le cƓur, l'esprit... FĂȘte des couleurs; tableau qui est une fĂȘte pour l'Ɠil. Montesquieu, dont le style est une fĂȘte pour l'esprit (Stendhal, MĂ©m. touriste,t. 1, 1838, p. 416).O nuit! ĂŽ rafraĂźchissantes tĂ©nĂšbres! vous ĂȘtes pour moi le signal d'une fĂȘte intĂ©rieure (Baudel.PoĂšmes prose,1867, p. 107).Il s'agit [dans les Noces de Cana] de donner aux yeux la fĂȘte la plus splendide que puisse rĂ©aliser la palette (Gautier, Guide,1872, p. 41):
28. C'est un lieu commun, au contraire, que de constater l'Ă©merveillement de l'entrĂ©e en Hollande par le nord-est ou le sud, la vapeur d'eau qui s'illumine, les choses et les ĂȘtres prenant soudain, baignĂ©s par elle, un Ă©clat inattendu, Ă  la fois profond et translucide, la fĂȘte des gĂ©raniums Ă  toutes les fenĂȘtres... Faure, Espr. formes,1927, p. 80.
3. [Pour dĂ©signer qqc. qui paraĂźt Ă  l'image de la fĂȘte]
− [P. rĂ©f. Ă  la fĂȘte en tant que cĂ©lĂ©bration, exaltation] La fĂȘte suprĂȘme de cet art [des verriers de Chartres] n'Ă©tait ni dans le chƓur, ni dans les bras de l'Ă©glise, ni dans la nef; elle Ă©tait Ă  l'entrĂ©e mĂȘme de la basilique (Huysmans, CathĂ©dr.,1898, p. 390):
29. Le soleil incessant, ces heures au goĂ»t de sommeil et de vacances, n'invitaient plus comme auparavant aux fĂȘtes de l'eau et de la chair. Elles sonnaient creux au contraire dans la ville close et silencieuse. Elles avaient perdu l'Ă©clat cuivrĂ© des saisons heureuses. Camus, Peste,1947, p. 1309.
− [P. rĂ©f. Ă  la fĂȘte en tant qu'explosion, dĂ©chaĂźnement] C'est [la fiction du rĂȘve] l'imprĂ©vu dans toute sa puissance, c'est l'impossible acceptĂ© d'avance, c'est la fĂȘte sans frein de l'imagination (Sand, Impress. et souv.,1873, p. 171).Dans un monde sonore, rĂ©sonant et rebondissant, cette fĂȘte intense du corps [la danse] devant nos Ăąmes offre lumiĂšre et joie (ValĂ©ry, Eupalinos,1923, p. 43):
30. Et la mouche bourdonne Ă  pleines ailes, dans une fĂȘte de soleil qui la soĂ»le (...) toujours plus haut, affolĂ©e de soleil et du bruit de ses ailes. Genevoix, Marcheloup,1934, p. 194.
4. PĂ©j. [P. rĂ©f. aux notions de plaisir d'une part, de dĂ©sordre et d'excĂšs d'autre part, attachĂ©es Ă  l'idĂ©e de fĂȘte] Vie de plaisirs, vie de dĂ©bauche. Parti de la simple fĂȘte du mari coureur (...) il [BeauchĂȘne] en Ă©tait venu (...) Ă  vivre chez les filles qui le ramassaient sur le trottoir (Zola, FĂ©conditĂ©,1899, p. 663):
31. Il y a d'abord en haut le vĂ©ritable viveur, celui qui possĂšde rĂ©ellement les cent cinquante mille francs par an que suppose la grande fĂȘte... Bourget, Pastels,1889, p. 5.
− Faire la fĂȘte. Se livrer Ă  une vie de plaisir, de dĂ©sordre, de dĂ©bauche. Synon. faire la noce :
32. Fils d'un notaire d'AngoulĂȘme (...) envoyĂ© par cette ville Ă  Paris comme dĂ©putĂ© (...) il [Dutheil] y faisait la fĂȘte (...) mais son aimable garçonniĂšre de la rue de SurĂšne, ses succĂšs de joli homme dans le tourbillon de femmes oĂč il vivait, lui coĂ»taient gros... Zola, Paris,t. 1, 1897, p. 29.
33. − ... Croyez-vous qu'une jolie petite gueuse de vingt ans, qui fait la fĂȘte, depuis cinq ou six ans dĂ©jĂ  (...) sait encore distinguer un homme de trente ans d'avec un homme de soixante? Maupass., Fort comme la mort,1889, p. 111.
5. Locutions
− Être Ă /de la fĂȘte.
♩ Être Ă  la fĂȘte. Être dans un Ă©tat, se livrer Ă  une occupation qui rĂ©jouit, procure une grande satisfaction. Ne pas ĂȘtre Ă  la fĂȘte. Être dans une situation dĂ©sagrĂ©able, dĂ©favorable :
34. Ce que je lui reproche [Ă  Giraudoux], c'est un dĂ©sir trop conscient de rester dans une certaine tradition (...). Mais la fraĂźcheur, la nouveautĂ© du style rachĂštent ce petit dĂ©faut. Il donne presque tout le temps l'impression qu'il s'amuse, que rien ne lui coĂ»te, qu'il est Ă  la fĂȘte. Green, Journal,1933, p. 127.
35. Pour nous, tout prend un air de fĂȘte, parce que c'est une fĂȘte de voyager. Mais je suis sĂ»r qu'eux [les Indiens] ne sont pas Ă  la fĂȘte. Beauvoir, Mandarins,1954, p. 429.
♩ P. mĂ©ton. Cette activitĂ© [de NapolĂ©on] sans pareille n'avait tout son emploi et toute sa jouissance, n'Ă©tait vĂ©ritablement Ă  la fĂȘte que quand elle rentrait en campagne (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 1, 1851, p. 141).
♩ N'avoir jamais Ă©tĂ© Ă  pareille fĂȘte. Ne s'ĂȘtre jamais trouvĂ© dans une situation aussi agrĂ©able, aussi rĂ©jouissante. Il ne s'Ă©tait jamais trouvĂ© Ă  pareille fĂȘte; car chacun le comblait d'Ă©gards (Rolland, J.-Chr.,Adolesc., 1905, p. 323):
36. [Mathieu :] − Enfin, vous, je vois que tout va bien et que vous ĂȘtes contente. [Norine :] − Oh! pour sĂ»r, trĂšs contente Jamais je n'ai Ă©tĂ© Ă  pareille fĂȘte, nourrie et soignĂ©e, dorlotĂ©e du matin au soir Ă  ne rien faire. Zola, FĂ©conditĂ©,1899, p. 177.
P. personnification. La prose française fait lĂ  aussi [chez Rabelais] sa gymnastique, et le style s'y montre prodigieux pour l'abondance, la libertĂ©, la souplesse, la propriĂ©tĂ© Ă  la fois et la verve. Jamais la langue, jusque-lĂ , ne s'Ă©tait trouvĂ©e Ă  pareille fĂȘte (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 3, 1851, p. 11).
♩ Ne pas ĂȘtre de la fĂȘte. Ne pas participer Ă  quelque Ă©vĂ©nement heureux, en ĂȘtre exclu. Partout des visages empreints de hĂąte et de projets (...). Elle [Sabine], elle n'Ă©tait pas de la fĂȘte du voyage! (Noailles, Nouv. espĂ©r.,1903, p. 277).[Le suj. dĂ©signe le soleil] . Le lendemain, le soleil n'Ă©tait pas de la fĂȘte. Dehors un ciel sale, des nuages Ă  ras le plateau et la pluie proche (EstauniĂ©, MmeClapain,1932, p. 131).
− (Être) en fĂȘte
♩ (Être) plein d'animation, de joie, de bonheur. [Marc] achevait de dĂ©jeuner avec ces dames, Ă©gayĂ© par le babil de sa petite Louise, trĂšs en fĂȘte ce jour-lĂ  (Zola, VĂ©ritĂ©,1902, p. 82).
♩ [Le suj. dĂ©signe une chose] (Offrir un spectacle) riant, plein de gaietĂ©. Avril est de l'aurore un frĂšre ressemblant; (...) Les ajoncs sont en fĂȘte, et dorent les ravins (Hugo, Art d'ĂȘtre gd-pĂšre,1877, p. 183).Les phares, les vitrines en fĂȘte, l'Ă©norme bruit des rues m'Ă©tourdissaient (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 532).
− (Avoir) le cƓur en fĂȘte. (Être) joyeux, heureux. Je me rendis au cafĂ©, le cƓur en fĂȘte. Pour la premiĂšre fois, j'avais la certitude charmante d'y ĂȘtre attendu (EstauniĂ©, Infirme,1923, p. 25).Erica, le cƓur en fĂȘte, repartit au bras de Martin KĂ©erzĂ©e (L. de Vilmorin, Retour Erica,1946, p. 107).
− (Avoir un) air de fĂȘte. [Le suj. dĂ©signe une pers.] (PrĂ©senter un) aspect rĂ©joui. FĂ©nelon n'Ă©tait pas dans le secret de ces mauvaises nuits [de Villars], et il en restait sur l'air d'audace et de fĂȘte du personnage, sur ses allures de bal et de plaisir aux plus graves moments (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 13, 1858, p. 108).[Le suj. dĂ©signe une chose] (PrĂ©senter un) aspect riant. Les chefs-d'Ɠuvre Ă©ternels de l'art revĂȘtirent eux-mĂȘmes un air de fĂȘte pour saluer sa venue (MallarmĂ©, Dern. mode,1874, p. 786).Les catalognes et les ronds de tapis nattĂ©s attendaient leur tour de donner un air de fĂȘte Ă  la maison (GuĂšvremont, Survenant,1945, p. 100).
− Faire + fĂȘte
♩ Faire (la) fĂȘte Ă  qqn. L'accueillir avec empressement, ĂȘtre trĂšs aimable avec lui. Faire fĂȘte Ă  ses amis :
37. Les vieilles demoiselles du bourg me faisaient fĂȘte. Mademoiselle Élise me donnait des pains d'Ă©pice en forme de cƓur. Beauvoir, MĂ©m. j. fille,1958, p. 14.
P. anal. [Le suj. dĂ©signe un chien] Faire fĂȘte Ă  (son maĂźtre). Le chien fit fĂȘte Ă  l'enfant (Maupass., Une Vie,1883, p. 203).P. ext. et p. iron. Vous qui vous plaigniez tant d'ĂȘtre un Ă©tranger dans votre propre pays, ces bestioles [des mouches] vous font la fĂȘte, elles ont l'air de vous reconnaĂźtre (Sartre, Mouches,1943, I, 1, p. 14).
♩ Faire (une) fĂȘte de qqc. Ă  qqn. Elle, inquiĂšte et pourtant trĂšs douce. Elle me fit une fĂȘte de ce jour de solitude (Michelet, Journal,1850, p. 141).
♩ Faire fĂȘte Ă  qqc. Lui rĂ©server un accueil favorable. Faire fĂȘte Ă  une belle Ɠuvre. La Normandie, avec ses deux capitales, fit fĂȘte au nouveau style [le classicisme du XVIesiĂšcle] (Hourticq, Hist. Art, Fr.,1914, p. 141).
[Le compl. dĂ©signe un repas] Synon. lui faire honneur.Une salle basse oĂč Ă©tait servi le souper auquel ils firent fĂȘte en gens affamĂ©s et altĂ©rĂ©s (Gautier, Fracasse,1863, p. 281).
♩ Se faire (une) fĂȘte de qqc. Se rĂ©jouir de quelque chose, en attendre beaucoup de plaisir. Se faire une fĂȘte de voir qqn; se faire fĂȘte d'avoir qqn pour convive; se faire fĂȘte d'une promenade; se faire une fĂȘte d'offrir qqc.; se faire une si jolie fĂȘte, en imagination, de qqc. :
38. Nous irons certainement passer un mois Ă  Quiberon, et je m'en fais une fĂȘte puisque vous viendrez; j'ai bĂąti lĂ -dessus des projets que je vous soumettrai plus tard. Loti, Journal,1878-81, p. 163.
− Proverbe. Ce n'est pas tous les jours fĂȘte. Il n'arrive pas quelque chose d'heureux tous les jours, les choses ne sont pas tous les jours faciles. (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth. : [fΔt]. Enq. : /fet, (D)/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1050 « cĂ©lĂ©bration faite Ă  jour marquĂ© » (Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 257 : Cascune feste se fait acomunier). Du lat. festa « id. », neutre plur. subst. devenu fĂ©m. de l'adj. festus « de fĂȘte ». FrĂ©q. abs. littĂ©r. : 7 504. FrĂ©q. rel. littĂ©r. : xixes. : a) 11 596, b) 11 502; xxes. : a) 10 941, b) 9 274.
DÉR.
FĂȘtard, arde, subst.Personne menant une vie de dĂ©bauche. Synon. noceur.Un jeune gommeux, fils poitrinaire et fĂȘtard d'un grand industriel (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 677).− [fΔta:ʀ], [fe-], fĂ©m. [-aʀd]. − 1reattest. 1884 « celui qui mĂšne une vie de plaisirs » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, p. 528); de fĂȘte*; suff. -ard*. Il est douteux que l'a. fr. fetart « nonchalant, nĂ©gligent » (ca 1223, G. de Coincy, Miracles Vierge, Ă©d. F. Koenig, I Mir 27, t. II, p. 258, 100) − 1700, Pomey, faitard d'apr. FEW t. 3, p. 482b, soit Ă  identifier avec fĂȘtard. Son rattachement Ă  feste, fĂȘte* (FEW t. 3, p. 484b, note 8) fait difficultĂ©, le mot (cf. les dĂ©r. fetardie, fetardise) ne prĂ©sentant jusqu'au xixes. que des formes sans s ni accent circonflexe fetart, fetard, faitard et seulement le sens de « nonchalant ». Un rattachement Ă  faire* et Ă  tard* (cf. FEW t. 3, p. 349b : prov. fai-tard) fait difficultĂ© du point de vue morphol. (le mot est exclusivement adj.) et chronologique. − FrĂ©q. abs. littĂ©r. : 18.
BBG. − Beekman (H.). Der Begriff fĂȘte du village und seine Bezeichnungen im Galloromanischen. Berlin, 1961, passim. − Giraud (J.), Pamart (P.), Riverain (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1971, p. 693. − Jaberg (K.) GrossrĂ€umige und kleinrĂ€umige Sprachatlanten. Vox. rom. 1954/55, t. 14, p. 12. − Quem. DDL t. 11. − Riverain (J.). Ces mots souvent obscurs. Foi Lang. 1976, no1, pp. 72-73. − Straka (G.). En relisant Menaud, maĂźtre-draveur... MĂ©l. Imbs (P.) 1973, p. 293.

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