CĂLĂBRER, verbe trans.
A.â [L'obj. dĂ©signe une cĂ©rĂ©monie, souvent rituelle] Accomplir avec solennitĂ©. CĂ©lĂ©brer la messe. C'est lĂ dedans, Rodrigue, que vous alliez cĂ©lĂ©brer vos fiançailles avec la libertĂ© (Claudel, Le Soulier de satin,1944, Ă©pilogue, 2, p. 1091):1. ... Thomas Ă©tait prĂȘtre. Il lançait les invocations latines avec la sĂ»retĂ© d'un vieux recteur, il corrigeait d'un geste les erreurs des enfants de chĆur comme s'il eĂ»t donnĂ© l'absoute toute sa vie. L'Ăźle possĂ©dait un prĂȘtre. Elle en oubliait le mort dont elle cĂ©lĂ©brait les funĂ©railles, ...
Queffélec, Un Recteur de l'ßle de Sein,1944, p. 177.
⊠Emploi abs. Le prĂȘtre n'a pas encore cĂ©lĂ©brĂ© (Ac.1835-1932).
⊠Emploi pronom. passif. C'Ă©tait lĂ Ă Saint-Sulpice, (...) que les vĂȘpres se cĂ©lĂ©braient avec le plus de solennitĂ© et le moins de hĂąte (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 224).Son mariage devait se cĂ©lĂ©brer en juillet (Gide, La Porte Ă©troite,1909, p. 545).
â
P. mĂ©ton. [L'obj. dĂ©signe un Ă©vĂ©nement] Marquer ou rappeler solennellement. CĂ©lĂ©brer un anniversaire; cĂ©lĂ©brer une fĂȘte, des noces d'or, d'argent (Ac. 1932). « Le Temps » d'hier parle d'une manifestation qui s'organise pour cĂ©lĂ©brer les quatre-vingts ans de Hanotaux (Gide, Correspondance[avec ValĂ©ry], 1933, p. 516).La maison Hennedyck allait avoir cent ans. Il fallait cĂ©lĂ©brer ce centenaire (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 481).Strasbourg, (...) cĂ©lĂ©bra en ma prĂ©sence la libĂ©ration de l'Alsace (De Gaulle, MĂ©moires de guerre,1959, p. 152):2. La RĂ©publique française cĂ©lĂšbrera tous les ans les fĂȘtes du 14 juillet 1789, du 10 aoĂ»t 1792, du 21 janvier 1793, du 31 mai 1793.
Doc. d'hist. contemp.,t. 1, 1794, p. 75.
B.â P. ext. [L'obj. dĂ©signe une pers. ou une chose gĂ©n. abstr.] Louer, honorer souvent publiquement. La procession circule. Ses chants cĂ©lĂšbrent la Vierge (BarrĂšs, Mes cahiers,t. 11, 1917-18, p. 366).CĂ©lĂ©brer le vin et l'amour (Ponchon, La Muse au cabaret,Chanson d'automne, 1920, p. 89).J'avais toujours entendu cĂ©lĂ©brer le coup d'Ćil unique de la RaspeliĂšre, situĂ©e au faĂźte de la colline (Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 809):3. Dans le peuple, (...) les filles ne se privent pas de faire l'amour.
â C'est de la dĂ©moralisation! monsieur, dit Madame CrĂ©meur. Et elle cĂ©lĂ©bra l'innocence des jeunes filles en des termes pleins de pudeur et de grĂące.
A. France, L'Ăle des pingouins,1908, p. 343.
SYNT. Célébrer la beauté, la gloire, la grandeur, les exploits, les mérites, les vertus de quelqu'un.
Prononc. et Orth. : [selebÊe], (je) cĂ©lĂšbre [selΔbÊ
Ì„]. Ds Ac. 1694-1932. Pour l'alternance Ă©/Ăš dans la conjug., v. abrĂ©ger. LittrĂ© livre Ă cet Ă©gard un combat d'arriĂšre-garde : ,,La syllabe lĂ© doit prendre un accent grave devant une syllabe muette, il cĂ©lĂšbre, tout en gardant l'accent aigu au futur et au conditionnel, il cĂ©lĂ©brera; ce qui est une contradiction, puisque dans les deux cas la syllabe lĂ© est devant une syllabe muette.`` V. Ă©galement [il/elle] cĂ©lĂšbrera ds ex. 2 supra. Ătymol. et Hist. 1. Ca 1119 « accomplir (un rite religieux) solennellement » (Ph. de Thaon, Comput, 52 ds T.-L.); 1174 « id. (la messe) » (G. de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, 1269, ibid.); d'oĂč 1299 absol. « cĂ©lĂ©brer la messe, officier » (Cart. d'Arras, B.N. L 17737, fo126 vods Gdf. Compl.); 2. ca 1160 « marquer un Ă©vĂ©nement par une cĂ©rĂ©monie » (Eneas, Ă©d. Salverda de Grave, 4645); 3. entre 1154-73 « honorer (qqn) » (B. de Ste-Maure, Troie, 4861 ds T.-L.). Empr. au lat. class. celebrare. FrĂ©q. abs. littĂ©r. : 1 483. FrĂ©q. rel. littĂ©r. : xixes. : a) 2 730, b) 1 420; xxes. : a) 2 162, b) 1 910.
DĂR. CĂ©lĂ©brateur, subst. masc.,rare. Celui qui cĂ©lĂšbre. Ah! comme orateur funĂšbre, Hamel, ce cĂ©lĂ©brateur de Robespierre est un rude Prudhomme, un comique tout Ă fait rĂ©ussi! (E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1189).â DerniĂšre transcr. ds LittrĂ© : sĂ©-lĂ©-bra-teur. â 1reattest. 1543 (G. de Selve, Huict Vies de Plutarque, Coriolan, 89 vods Hug.) â 1636 (Monet, Invantaire des deus langues françoise et latine); repris au xixes., 1855 (Flaubert, Correspondance, p. 418); de cĂ©lĂ©brer, suff. -(at)eur2*; cf. lat. celebrator « celui qui cĂ©lĂšbre » (Martial ds TLL s.v., 740, 76), trĂšs rare. â FrĂ©q. abs. littĂ©r. : 2.