A.− [En parlant d'une pers.] Qui a le (ou les) coude(s) ou le(s) bras posé(s) sur quelque chose qui sert d'appui. 1. [Le compl. prép. est introd. par à ou sur] :
1. ... deux jeunes et belles femmes, l'une accoudée à une fenêtre haute de l'édifice, l'autre debout sur un balcon au-dessus de la porte.
A. de Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 157.
2. L'empereur, (...) jouait aux osselets avec Sporus, accoudé du bras gauche sur une table d'agate.
G. Flaubert, La Tentation de Saint Antoine,1859, p. 548.
3. Deux fois, Louise avait tâché de se mettre au lit, les jambes brisées de fatigue; mais elle s'était relevée aussitôt, et elle se tenait debout maintenant, les bras accoudés à la commode...
É. Zola.La Joie de vivre,1884, p. 1083.
4. L'inconnu était là, non loin de moi, au balcon. Accoudé sur la balustrade, il penchait en avant son visage, ...
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?, 1934, p. 360.
2. [Le compl. prép. est implicite] :
5. ... la maison, éclairée du reflet rose d'un soleil couchant, montrait à toutes les fenêtres des femmes accoudées, comme des portraits de femme dans un cadre, mâchonnant un cure-dent, et saluant en bas, à droite et à gauche, quelques souvenirs du passé − ou d'hier.
E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 137.
6. On commençait par la leçon de lecture. Anna s'asseyait en face d'une table recouverte d'un tapis usé. Elle se mettait à épeler à haute voix, accoudée des deux bras, la tête entre les mains.
P. Reider, Mademoiselle Vallantin,1862, p. 40.
7. Don Diego, sur la table abondamment servie,
Songe, accoudé, muet, le front contre le poing,
Pleurant sa flétrissure et l'honneur de sa vie.
Ch. Leconte de Lisle, Poèmes barbares,La Tête du comte, 1878, p. 283.
B.− P. anal. [En parlant d'une allég., d'un animal, d'un obj. humanisé] :
8. Les hautes treilles de vigne, accoudées à la serre, ont survécu. La serre a encore ses six poteaux, qu'on entourait de verdure le jour de la représentation, mais plus de galerie, ni de loges, ni de bancs : un établi où l'on menuise et des plantes grasses sur des planches...
E. et J. de Goncourt, Journal,sept. 1855, p. 218.
9. Parmi des chênes, accoudée
Sur la colline au vert gazon
Se dresse la blanche maison, ...
J. Moréas, Les Syrtes,Remembrances, 1884, p. 13.
10. Mais la mort, qui se tient toujours accoudée à son piano [celui de Wagner], attendra bien qu'il ait terminé.
G. de Pourtales, Wagner, histoire d'un artiste,1932, p. 350.
11. Il avait l'air d'une gargouille accoudée, conscient de sa force, de son prestige, mais d'une gargouille.
B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 316.
C.− P. méton. 1. Concr. [En parlant des bras ou littéralement des mains] :
12. D'une main accoudée, heureuse en ta mollesse,
De l'haleine du soir tu fais ton éventail;
Ch. Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Nurmahal, 1878, p. 139.
2. Abstr. [En parlant d'un état d'âme ou d'une attitude hum. ou animale] :
13. Aussi cette tête aux ombres violettes [la Joconde] (...) arrête-t-elle pendant des heures la rêverie accoudée aux garde-fous des musées...
T. Gautier, Guide de l'amateur au musée du Louvre,1872, p. 222.
14. Depuis le passage du garde, l'assommoir était tombé encore, écrasant un second écureuil. Tout l'arrière-train restait engagé sous la trappe; le buste émergeait seul, incliné sur le chemin; la petite bête semblait dormir, dans une attitude accoudée et paisible.
M. Genevoix, Raboliot,1925, p. 283.
Rem. Ce dernier emploi caractérise un certain style littér. (cf. accouder II B 2).