1. Chef de l'Église catholique romaine, et évêque de Rome. Synon. souverain pontife*, pontife romain, successeur de Saint Pierre, Saint-Père, vicaire* du Christ (littér.), évêque universel, pasteur suprême.Une foule énorme, d'un seul mouvement, s'est portée sur la place Saint-Pierre pour acclamer le Pape (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.234):1. Si on aime l'Église on aime le Pape (...) pratiquement, comme la vivante image du Christ au milieu de nous. Si on aime le Pape (...), on traverse d'un coup tous les intermédiaires humains pour se joindre à ses intentions apostoliques...
Maritain,Primauté spirit., 1927, p.83.
Rem. 1. Synon., en appellatif: Très Saint Père, Sa Sainteté. 2. Pour se désigner lui-même: Le Serviteur des Serviteurs du Christ (d'apr. Bailly 1946).
SYNT. Chaire, croix, tiare, devise, armoiries, couleurs du pape; élection du pape; gouvernement, prérogatives, pouvoir du pape; infaillibilité du pape; allocution, audience, visite, voyage, bulle, bref, constitution, encyclique du pape; légat, nonce du pape.
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HISTOIRE ♦ États du pape. États de l'Église, partie de l'Italie qui fut sous la juridiction temporelle du pape, du Moyen Âge au xixes., disparus en 1870. Je pars pour Avignon... pour les États du Pape. Je trouverai là peut-être quelques signori italiani (Staël,Lettres jeun., 1784, p.30).Quand nous faisons du de Viris, c'est peut-être pour rétablir les États du pape (Péguy,Argent, 1913, p.1302).
♦ La ville des papes. Rome (ou Avignon, cité des papes aux xive-xves.). Quoiqu'il fût à Rome, Cardan n'avait pas le sentiment d'habiter la ville des Papes (Arnoux,Seigneur, 1955, p.82).
♦ Le château, le palais des Papes. La résidence des papes, à Avignon. En Avignon, où ils se prirent dans la toile d'araignée des rues, avec, au milieu, le Palais des Papes comme une grosse araignée portant sur le dos une croix (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.57).
♦ Monnaie-du-pape*.
♦ La mule du Pape. V. mule2A.
♦ Pape d'Avignon. Pape illégitime en concurrence avec le pape de Rome, au Moyen Âge finissant. Clément VII (...) vint établir le siége pontifical à Avignon. Ainsi commença un schisme qui divisa l'Église durant plus de quarante ans: l'Espagne et la France tenaient seules pour le pape d'Avignon: l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre et la Flandre pour le pape de Rome (Barante,Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.147).
♦ Soldat du pape (vx). Soldat de l'armée papale (synon. papalin); p. anal., péj., soldat peu aguerri ou bouche inutile. Écarté de tout emploi, sans place possible dans la société contemporaine. Maintenant, soldat du pape, il était toujours pour elle une cause d'angoisse secrète, car il manquait de santé (Zola,Argent, 1891, p.72).
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Loc. et expr. fam. ♦ Sérieux comme un pape. Très sérieux et très digne (dans son allure, dans son expression). Ce que Granier aime en moi, c'est que, les choses drôles que je dis, je les dis sérieux comme un pape (Renard,Journal, 1897, p.400).Il était toujours rouge comme une tomate, tantôt gai comme un pinson, et tantôt sérieux comme un pape (G. Leroux,Mystère ch. jaune, 1907, p.9).
♦ Entêté comme la mule du Pape. Très obstiné. V. mule2A.
♦ Comme des papes. Royalement. On a été traité comme des papes (Rey-Chantr.Expr.1979).
♦ Se prendre pour le premier moutardier du pape. V. moutardier A.
♦ Loc. proverbiale, vieilli. Tel qui entre pape au conclave en sort cardinal. V. cardinal2B.
2. P. anal., fam. ♦ Pape noir. Général des jésuites. Nous avons trois Papes à Rome; le Pape blanc, qui est notre Très-Vénéré Saint-Père; le Pape noir, qui est le général des jésuites; et le Pape rouge, qui est Monseigneur le cardinal Antonelli (Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p.66).Peut-être, quelques jours après avoir visité la patrie de saint Ignace, le «Pape blanc» permettra-t-il aux jésuites de donner un successeur à l'actuel «Pape noir», trop diminué pour assumer sa tâche (La Croix, 16 nov. 1982, p.10, col. 5).
♦ Pape des fous (p.anal.). Prince des fous (au Moyen Âge, à la fête des fous). Cette même place où la veille il avait été salué, acclamé et conclamé pape et prince des fous (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.265).Les Français nomment un pape des fous et les princes de l'Église l'acceptent (Cocteau,Bacchus, 1952, i, 2, p.33).