1. Dans les
relig. positives.Acte pouvant s'exercer suivant divers modes, par lequel Dieu ou la divinité, se manifeste à l'homme et lui communique la connaissance de vérités partiellement ou totalement inaccessibles à la raison; ensemble de vérités ainsi portées à la connaissance de l'homme et constituant le fondement de la religion en question. Être frappé, saisi, touché par la révélation. Ne peut-il pas sembler qu'il y ait eu, dans tous les cultes intelligents, une certaine part de révélation divine? Le christianisme primitif a invoqué la parole des Sibylles et n'a point repoussé le témoignage des derniers oracles de Delphes (Nerval,Filles feu, Isis, 1854, p. 658):2. ... Dieu doit leur avoir dit de ce que nous ne savons pas, de ce que nous ignorons nous autres. Dieu doit leur avoir fait des révélations particulières. Hauviette: Il n'y a point de révélations particulières. Il n'y a qu'une révélation pour tout le monde; et c'est la révélation de Dieu et de Notre-Seigneur-Jésus-Christ. De Dieu par lui-même et par Notre-Seigneur-Jésus-Christ. C'est une révélation pour tous les bons chrétiens, pour tous les chrétiens, même pour les mauvais, et pour les pécheurs, pour tous les bons paroissiens.
Péguy,Myst. charité, 1910, p. 26.
SYNT. Révélation orale, écrite; la révélation égyptienne, judéo-chrétienne, juive, chrétienne; la révélation biblique, mosaïque, prophétique, évangélique; la révélation des Écritures, de l'Ancien, du Nouveau Testament, de l'Évangile, du Coran; le dépôt, le contenu, les données, les enseignements de la révélation.
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En partic., dans la
relig. judéo-chrét.♦ Révélation naturelle. Manifestation de Dieu qui se fait connaître par la création et par la conscience de l'homme. Là où l'Apôtre [saint Paul] invoquait contre les païens, une révélation naturelle qui les condamne, saint Justin admet en leur faveur une révélation naturelle qui les sauve (Gilson,Espr. philos. médiév., 1931, p. 29).V. infra ex. de Dheilly.
♦ Révélation surnaturelle. Manifestation de Dieu communiquant à l'homme par la parole adressée à ses messagers, la connaissance de son être, de sa volonté, de son plan tel qu'il se développe dans l'histoire. La révélation surnaturelle, d'abord destinée à un petit groupe, se manifeste ensuite comme adressée à l'humanité entière. Elle se présente sous forme partielle et progressive; sa continuité est assurée par la personne du Christ qui en est le centre et en qui elle s'achève. Tandis que la révélation naturelle commence avec l'homme et s'achèvera avec lui, la révélation surnaturelle commence avec Abraham pour se terminer avec la mort du dernier apôtre ou mieux avec la fin du Nouveau Testament (Dheilly1964, p. 1027).
♦ Révélation directe. Communication que Dieu établit directement avec l'un de ses élus, notamment par vision ou par audition. Les auteurs sacrés ne donnent pas d'explications sur la manière dont se sont produites ces révélations directes. On sait seulement que Moïse entendait la voix de Jéhovah mais ne pouvait voir sa face (...). Sur le chemin de Damas, saint Paul entendit et vit Jésus (...). Il y a certainement dans ces révélations directes une action divine qui s'exerce sur l'intelligence de l'homme et se fait reconnaître elle-même (Bible1912, p. 1082).
♦ Révélation transmise. Révélation transmise aux autres hommes par les médiateurs de Dieu; en partic. ,,celle que Moïse a transmise à ses frères`` (Guérin 1892).
♦ Révélation primitive. Révélation faite à Adam et aux patriarches. V. infra ex. de Marcel 1938.
♦ Révélation mosaïque. Révélation faite à Moïse et aux prophètes. Dieu a instruit l'homme en le créant: c'est la révélation primitive, puis Il a renouvelé et développé celle-ci par l'organe de Moïse et des Prophètes: c'est la révélation mosaïque (Marcel1938).
♦ Révélation chrétienne. Révélation de Dieu en Jésus-Christ. Laissée à ses seules forces, l'intelligence humaine ne peut donc pénétrer le mystère divin; elle arrive seulement à comprendre vraiment un point, à savoir que Dieu reste pour elle incompréhensible. La révélation chrétienne change cet état de choses, non pas complètement, car notre connaissance de Dieu n'est jamais ici-bas compréhensible, même au sens vulgaire du mot; mais elle le change partiellement, dans les limites où le Verbe divin, fait homme, nous a parlé de son père (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1044).
♦ La révélation de Saint Jean. L'Apocalypse (v. ce mot A 2). Plusieurs théologiens, même catholiques, ont cru que des faits du premier ordre et peu éloignés étoient annoncés dans la révélation de saint Jean (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 308).
− Empl. abs. Les trois révélations. Les religions juive, chrétienne et musulmane. (Ds Littré, Rob.). Les deux révélations. La religion juive et la religion chrétienne (d'apr. Guérin 1892). La révélation. La révélation chrétienne, le christianisme. Dans le péril où le pousse sa philosophie [Locke], il abandonne sa philosophie et toute philosophie, et il en appelle au christianisme, à la révélation, à la foi (Cousin,Hist. philos. XVIIIes., t. 2, 1829, p. 350).