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[En corrélation avec autrui empl. comme compl.] :
6. On renonce à gêner autrui en rien, et autrui vous en veut de votre renoncement comme d'une offense.
Amiel, Journal intime,1866, p. 127.
7. ... on rougit presque sous l'œil d'autrui, comme si autrui devinait que vous venez d'avoir des pensées aussi bêtes.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 63.
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Rare. [Empl. seul] :
8. Le socialisme se recrute, en effet, non seulement parmi les intelligences les plus capables de creuser profondément l'ardu problème de la justice sociale, mais surtout parmi les souffrants de la terre en quête de misères moindres, et parmi les grands cœurs que blesse au vif l'iniquité dont geint autrui.
Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 36.
9. Autrui nous est indifférent et l'indifférence n'invite pas à la méchanceté.
Proust, La Prisonnière,1922, p. 111.
10. Certes, autour de soi, on prônait le dévouement, mais on lui assignait pour limites le cercle familial; hors de là, autrui n'était pas un prochain.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 180.
Rem. 1. Autrui peut être suj. dans une phrase compar. avec ell. du verbe :
11. Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les jours de jeûne, ...
Hugo, La Légende des siècles,t. 1, 1859, p. 122.
Rem. 2. À la suite d'un ex. de S. Guitry où autrui est employé comme suj. sans s'opposer à un autre autrui en fonction normale de compl., G. Gougenheim (Fr. mod., t. 17, 1949, p. 36) remarque : ,,Dans cette dernière phrase autrui a pleinement un sens collectif : ce n'est pas « un autre », mais « les autres » : il a un sens analogue à le prochain dans la langue morale ou religieuse. L'auteur semble s'être écarté intentionnellement de l'usage normal, afin d'accentuer, par cette irrégularité, le caractère piquant de sa raillerie.``