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ABASOURDIR, verbe trans.
I.− Sens phys. [Empl. surtout au part. passé] Étourdir et comme assourdir par un grand bruit :
1. Si je sortais sans prendre toutes les petites précautions indiquées contre le rhume, j'étais d'abord, je ne dirai pas grondée, mais abasourdie le mot n'est que ce qu'il faut pour exprimer la tempête de sa voix et l'abondance des épithètes injurieuses qui ébranlaient mon système nerveux. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 449.
2. Il [Vairon] épaula, visa à peine, lâcha le coup ... Encore abasourdi par la détonation, il entendit le cri furieux de l'adjudant Morache qui arrivait sur lui en gesticulant, brandissant son bâton comme s'il allait le battre. R. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 47.
3. Tirez! tirez! hurle Ricordeau qu'on ne voit pas. Abasourdis, hébétés, on recharge le lebel qui brùle. R. Dorgelès, Les Croix de bois,1919p. 238.
Rem. 1. Abasourdi est souvent joint à des mots exprimant le bruit et l'intensité du trouble phys. produit chez l'homme ou chez l'anim. : vacarme immense (J. Michelet, Journal, oct. 1859, p. 493); terrible vacarme (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 140); bruits géants (J.-P. Sartre, Les Mots, 1964, p. 45). 2. Pour les emplois autres qu'au part. passé, cf. styl., étymol. et hist.
II.− Fig. et fam. [Empl. gén. au part. passé] Provoquer chez quelqu'un un sentiment voisin de la stupeur :
4. Lambert, ou calme ou abasourdi, ne répondit à aucune de nos questions. H. de Balzac, Louis Lambert,1832, p. 44.
5. ... on avait oublié l'invitation. « Voulez-vous prendre quelque chose » me dit le mari. J'étais tellement étonné, abasourdi, écrasé, que je refusai. A. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 77.
6. La comtesse regarda Eugène, qui restait immobile, abasourdi par la violence de cette scène. H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 263.
7. Lousteau sortir laissant Lucien abasourdi, perdu dans un abîme de pensées, volant au-dessus du monde comme il est. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 330.
8. − Allons donc! Monsieur Bertuccio, dit le comte. Mais celui auquel il s'adressait était abasourdi, stupide, anéanti. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,1846, p. 626.
9. M. de Kergaz pressa Rocambole, déconcerté et tout abasourdi de voir son secret possédé par son adversaire. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 530.
10. Henriette était abasourdie et ne savait pas si elle comprenait; elle restait comme hébétée en face de son oncle. L.-E. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 73.
11. Elle monta, effarée, abasourdie. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Rendez-vous, 1889, p. 1115.
12. Votre refus de dimanche m'a abasourdi, abruti. L. Bloy, Journal,1895, p. 151.
13. Tant d'expériences si nombreuses et parfois contradictoires m'ont aidé à me retrouver tel que m'avaient fait ma famille et ma petite ville, tel que j'étais avant que l'immense bavardage du collège et de la vie m'eût étourdi, abasourdi, presque dénaturé. M. Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1908, p. 264.
14. Parfois, en revenant de la voir, il [Louis] restait abasourdi et tout sourd, et tout saoul, avec comme une lampe dans ses mauvais yeux, parce que, quand même, tout pourri qu'il était, il y avait des moments où c'était trop lourd pour lui. J. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 36.
15. Il [Alain] était abasourdi. Il remercia les gens complaisants, s'en alla assommé. M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 247.
Rem. 1. Ces ex. variés mettent en évidence la nature même de l'état psychol. appelé abasourdissement. Abasourdi veut dire étourdi, mais de manière à être jeté à bas, abattu, renversé. L'idée d'un coup donné paraît donc primordiale (ex. 15). Elle se trouve exprimée sous la forme d'une compar. chez plusieurs aut. : p. ex. ,,abasourdi comme un homme à qui on vient d'asséner un coup violent sur le crâne`` (A. Theuriet, Le Mariage de Gérard, 1875, p. 125). Elle implique certaines conséquences phys. et tout d'abord une expression caractéristique du visage ,,les yeux tout ronds et la bouche ouverte, comme un être abasourdi`` (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 359); causée par la torpeur, l'insensibilité (ex. 4, 14). Cet état psychol. entraîne souvent, pour la pers. qui en est atteinte, l'immobilité physique (ex. 6) ou morale (ex. 7), éventuellement accompagnée ou à l'orig. de sent. négatifs, voire d'un anéantissement brusque de la personnalité (ex. 5, 8, 13). Les différents synon. utilisés par les écrivains délimitent le sens de abasourdir. Déconcerté (ex. 9) concerne l'intelligence et la volonté, dont les projets sont bouleversés. Hébété (ex. 10) est relatif à la vivacité émoussée de l'esprit. Effaré (ex. 11) insiste sur l'effroi causé. Abruti (ex. 12) et étourdi (ex. 13) apparaissent respectivement comme des synon. à valeur superl. et dimin. 2. Pour les emplois autres qu'au part. passé, cf. styl., étymol. et hist.
Stylistique − Au xviiies., abasourdir est noté, dans ses 2 sens, comme vx, usité seulement dans la classe soc. la plus basse ou réservé au discours fam. (cf. hist.). Les lexicogr. du xixes. le considèrent comme fam. soit dans ses 2 sens (Ac. 1835, Ac. 1878), soit au sens fig. seulement (Besch. 1845, DG). Les dict. contemp. manifestent la même hésitation : il est fam., surtout dans le second sens (sens fig.) selon Ac. 1932; les dict. les plus récents ne donnent comme fam. que le sens fig. Le terme est nettement péj. (cf. notamment l'ex. 1), comme gén. tout le cont. immédiat. Il désigne une action exercée par un agent ou par un phénomène sonore ou moral extérieur sur un homme ou, plus rarement, sur un animal : 16. La parole du demi-solde était ainsi, confuse, véhémente et perpétuelle. Sans doute elle abasourdissait les deux lévriers à poil ras et jaunâtre, de race polonaise, qu'il avait ramenés depuis Grodno. P. Adam, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 237. L'emploi du mot semble d'autre part lié à certains genres litt. tels que le roman, le conte, la correspondance et les œuvres intimes, l'histoire gaie et humoristique, le théâtre. Abasourdir figure souvent dans des indications scéniques ou constitue, à lui seul, une indication scénique. Le mot n'est apparu qu'une fois dans un texte poét. de la docum. : 17. Quand l'homme s'en ira dans une nuit tacite, Encor tout engourdi d'être ainsi remembré, Quand il regardera vers un suprême site, Encor abasourdi d'être ainsi transféré ... Ch. Péguy, Ève, 1913, p. 755. A signaler qq. expr. et constr. relevant de la rhét. (méton.) : 18. C'est le sergent infirmier qui est tombé. Par la brèche qu'il déblayait de ses débris mous et sanglants, une balle lui est arrivée dans la gorge. Il s'est étalé par terre, de tout son long. Il roule de gros yeux abasourdis et il souffle de l'écume. H. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 318. ou de la synt. (emploi pronom., ex. 19; emploi absolu, ex. 20; abasourdi que, ex. 21 p. anal. avec étonné que) : 19. Hier, j'ai voulu aller pour m'abasourdir, dans un théâtre très bouffon. J'ai pleuré, et je suis rentré. S. Mallarmé, Correspondance, 1863, p. 76. 20. Le cas de cet artiste abasourdit vraiment. J.-K. Huysmans, L'Art moderne, 1883, p. 209. 21. Il restait abasourdi que maman se dévoye à son tour. L.-F. Céline, Mort à crédit, 1936, p. 238.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abazuʀdi:ʀ]. D'autres prononcent [abasurdi:ʀ] avec [s] sourd. Pour Fouché Prononc. 1959, p. 293 cette prononc. s'explique par l'anal. avec l'adj. sourd; néanmoins, seule la prononc. avec [z] étymol. est correcte (cf. hist.). Enq. : / abazuʀdi, abazuʀdis /. Conjug. agir. 2. Dér. et composés : basourdir (terme d'arg.), abasourdir, abasourdissant, abasourdissement. 3. Hist. − Littré est le 1erà relever la prononc. avec [s] sourd qui traduit le rapprochement avec assourdir (pour l'apparition du sens « rendre sourd », cf. hist.). Les 2 possibilités de prononc. [s] et [z], sont également notées par DG et Grég. 1923.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : n. prov. abasourdi, eibasourdi. 1. 1632 « tuer » arg. (Chereau, Jargon de l'arg. réformé ds Esn. s.v. : Un de nos cagous (...) abasourdi en la vergne de Clérac); 2. a) 1713 « abrutir de paroles, hébéter » emploi fig. de 1 (Danet, Grand dict. fr. et lat. : abalourdir ou abasourdir ... d'usage seulement parmi le menu peuple. Il signifie : « Abrutir quelqu'un à force de crier après luy et de le reprendre ». Verbis protelare aliquem); b) 1830 « abrutir de coups » arg. (Lhéritier ds Esn., s.v. : entortillé dans la couverture, Vidocq l'abasourdit). Composé de basourdir « tuer », arg. dep. 1628 (Chereau, Jargon de l'arg. réformé ds Esn. s.v. : basourdir ses gaux « tuer ses poux », voir Sain. Sources arg., II, 220, 282, 287), dér. (prob. d'apr. abalourdir, FEW s.v. *basire, Bl.-W4.; d'apr. assourdir, Dauzat 1964) de l'arg. bazir « tuer » (dep. 1455, Procès des Coquillards : bazir ung homme; déjà dans la 2emoitié du xives., on rencontre le part. passé basi « mort », Test. de Pâthelin, éd. Jacob, 185 ds Gdf.; pour le provignement de bazir dans l'arg. fr., voir Sain. Arg., 142; de même fourbesque basire « tuer », « mourir », germania vasir « id. », vasido « mort », 1609, Hidalgo ds Sain. ibid.); aire bazir : poit. bazi, n. prov. basi « mourir, défaillir » (Mistral), Italie du Nord : cosmaque, milan, sbasi « blêmir, se fâner », tessin id. « mourir », bergam. id. « effrayer », bresc. sbazi « mourir », vénit., trent., mantov., parmes. sbasir « mourir » (Jud ds Arch. rom., VI, 202). L'orig. de basir est obsc.; plusieurs hyp. : 1. hyp. celt. : la réalité d'un rad. celt. bas- (Thurneysen, Keltorom., 83. A rapprocher du gaél. bâs « mort », basaich « mourir », Diez5; gaul. *basire, FEW; *basi, Dottin) est contestée par Pedersen, Litteris, II, 89, Pokorny, Indogerm. s.v. guā, p. 463 et Sain. Lang. par. 505, no5; l'apparition tardive des formes gallo-rom. infirme cette hyp.; cependant l'aire géogr. du mot est compatible avec elle; 2. hyp. germ. : got. *bazjan « affaiblir » postulé par l'a.h.a. bar « nu » EWFS2et Gam. Rom., II, 385) (< i.e. *bhoso-s « dénudé », Kluge s.v. bas, Pokorny, ibid., s.v. bhoso-s) fait difficulté du point de vue sém. et est difficilement compatible avec l'apparition tardive des formes gallo-rom. HIST. − Terme d'arg. à l'orig. (1632, cf. étymol. 1), abasourdir passe dans la lang. cour. et fam. au xviiies., d'abord au sens fig. et atténué de « consterner, abattre », puis plus tardivement (fin xviiies.) au sens phys. de « rendre sourd ». Tous ces sens subsistent au xixesinon au xxes. A.− Dans la lang. arg. (le suj. est un animé). − 1. « Tuer », attesté pour la 1refois en 1632 (cf. étymol. 1) est encore noté au xixes. ds France 1907 comme relevant de l'arg. des voleurs. 2. « Abrutir de coups », 1 seule attest. au xixes., cf. étymol. 1. B.− Dans la lang. cour. (le suj. est un inanimé). − 1. Sém. I (sens phys.). − 1reattest. ds Trév. 1771 : Le bruit des cloches abasourdit. 2. Sém. II (sens fig., le plus usité). − 1reattest., 1713 (cf. étymol. 2, le mot semble être confondu avec abalourdir), subsiste. xviiies. : Cette nouvelle, cet événement l'a abasourdi. Verbe vieux et ne peut passer que dans le discours familier. Trév. 1771.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 221. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 123, b) 411; xxes. : a) 536, b) 288.

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