ABDICATAIRE, adj.
Qui a abdiqué : J'allai, sans façon, offrir l'hommage de mon respect au roi abdicataire de Sardaigne. Un horrible cancan sortit de cette démarche insolite; tous les diplomates se boutonnèrent. « Il est perdu! Il est perdu! » répétaient les caudataires et les attachés, avec la joie que l'on éprouve charitablement aux mésaventures d'un homme,...
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 94.
Rem. Ce néol. n'apparaît que chez Chateaubriand. Voir suff. -(at)aire. Le suff. a gén. une valeur passive (« qui est l'objet de »), et s'oppose à -(at)eur (« qui fait l'action de »); cf. adjudicateur/ adjudicataire. Cependant dans un certain nombre de mots il est synon. de -(at)eur : dans le mot cité, mais aussi dans caudataire « qui a pour fonction de porter la queue du vêtement de cérémonie d'un prélat », feudataire « titulaire légal d'un fief », l'activité exercée ayant été l'obj. d'une attribution officielle. Il semble que dans le cas de abdicataire ce soit ,,l'oreille``, c'est-à-dire une anal. formelle, qui ait joué (cf. dans la même famille morphol. dédicataire), avec en outre l'idée qu'il s'agit d'un acte officiel, public, auquel le dr. est intéressé, mais unique et non répétitif (cf. au contraire dans la même famille morphol. prédicateur, « qui a pour fonction habituelle de prêcher »). Cf. aussi abdiquer, styl. 1 (reine abdiquée, Chateaubriand). Abdicataires est attesté ds Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.
Prononc. : [abdikatε:ʀ].
ÉTYMOL. − 1848, Chateaubriand, voir sup. Dér. du rad. du part. passé du lat. abdicare; voir suff. -aire et rem.
HIST. − L'ex. unique (cf. sém.) est cité par Littré Suppl., Lar. encyclop. et Lar. 3. − Rem. Littré donne curieusement le mot comme subst.; les dict. Lar. cités le donnent comme subst. sans doute d'après Littré, mais aussi comme adj. sans doute sur le vu de l'ex. de Chateaubriand. Nouv. Lar. ill. et Lar. 20edonnent un autre ex. (mais sans réf.) de abdicataire adj.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1.