1. Domaine
spirituel ou
moral.S'unir étroitement (à un être, à une entité spirituelle) : 9. Cependant le sage sire de Varila insistait et cherchait à les séparer; mais ces deux âmes qui s'étaient si tendrement et si intimement aimées, adhéraient l'une à l'autre avec une invincible force dans ce moment suprême.
Ch. de Montalembert, Hist. de sainte Élisabeth de Hongrie,1836, pp. 131-132.
10. Les consciences ne sont que superficiellement en contact; ni elles ne se pénètrent, ni elles n'adhèrent fortement les unes aux autres. Si même on regarde au fond des choses, on verra que toute harmonie d'intérêts recèle un conflit latent ou simplement ajourné.
É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 181.
11. L'Église ne permettait pas de toucher au texte même de saint Thomas d'Aquin, mais elle laissait le premier maître de chapelle venu supprimer ce plain-chant qui l'avait enveloppé dès sa naissance, qui l'avait pénétré jusqu'aux moelles, qui adhérait à chacune de ses phrases, qui faisait corps et âme avec lui.
J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, pp. 156-157.
12. Dans l'action, d'abord, j'adhère à la puissance créatrice de Dieu; je coïncide avec elle; j'en deviens, non seulement l'instrument, mais le prolongement vivant. Et comme il n'y a rien de plus intime dans un être que sa volonté, je me confonds, en quelque manière, par mon cœur, avec le cœur même de Dieu. Ce contact est perpétuel, puisque j'agis toujours;...
P. Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, p. 51.
2. Domaine
psychol. :
13. Nos modifications associées par simultanéité à la résistance, et transportées hors de nous, sont déjà loin, sans doute, de leur caractère simple et individuel; comme sensations pures, elles seraient en quelque sorte isolées ou sans lien commun qui les unit; comme qualités de l'objet, elles se groupent, se pressent autour de lui, y adhèrent avec force, et se combinent en une seule perception, représentée au dehors par l'unité résistante, de même qu'une série d'unités simples se trouve réunie et fixée par un signe unique; ...
Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 81.
14. Dans l'imitation normale, la main gauche du sujet s'identifie immédiatement à celle de son partenaire, l'action du sujet adhère immédiatement à son modèle, le sujet se projette ou s'irréalise en lui, s'identifie avec lui, et le changement de coordonnées est éminemment contenu dans cette opération existentielle.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 165.
Rem. Pour le va et vient incessant du sens I au sens II A :
15. C'était sa demeure, son trou, son enveloppe. Il y avait entre la vieille église et lui une sympathie instinctive si profonde, tant d'affinités magnétiques, tant d'affinités matérielles, qu'il y adhérait en quelque sorte comme la tortue à son écaille. La rugueuse cathédrale était sa carapace. Il est inutile d'avertir le lecteur de ne pas prendre au pied de la lettre les figures que nous sommes obligé d'employer ici pour exprimer cet accouplement singulier, symétrique, immédiat, presque co-substantiel, d'un homme et d'un édifice.
V. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, pp. 177-178.
16. ... c'est l'excès de la passion qui crée chez Wagner et non moins chez Racine cette atmosphère d'héroïsme. C'est alors qu'une Isolde ou qu'une Phèdre tiennent les propos à la fois les plus désordonnés et les plus impérieux qu'une gravité, qu'une dignité aussi, les ceignent, adhèrent, collent à elles comme la plus inaliénable draperie.
Ch. Du Bos, Journal,avr. 1927, p. 245.
17. Que lui manquait-il? − Elle n'aurait pu le dire. Une certaine façon d'adhérer à l'existence, de mordre à même. Elle avait cependant du plaisir à parler avec lui : il lui semblait qu'il recherchait sa conversation.
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?,1934, p. 75.
18. À chaque flèche nouvelle de la vérité il a répondu par une écaille appropriée et maintenant le voici tout enveloppé d'un blindage souple et impénétrable comme l'acier. Son corps est fait comme de couches d'airain, soudé, tout compacté d'écailles qui se pressent. L'une est jointe à l'autre et pas un souffle de l'esprit ou de la grâce n'y passe. L'une à l'autre adhère et se tenant il n'y a pas moyen de les séparer.
P. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, pp. 117-118.
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Sens légèrement affaiblis a) Soumettre sans réserve à la réalité : 19. Douter en somme c'est détacher le jugement de son contenu, le sujet de l'objet. Grâce au doute le sujet se distingue peu à peu de l'objet au lieu d'y adhérer et de ne faire qu'un avec lui : il s'affirme lui-même et découvre sa personnalité spirituelle. Le doute apparaît ainsi comme l'expression la plus profonde de la liberté de l'esprit : ...
J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 86.
20. La connaissance sensible, plus intuitive, tend à se réaliser par une association si étroite avec son objet qu'on pourrait l'appeler une fusion; un élan de participation et d'amour la précipite vers lui et lui permet, par une sorte d'union intime, d'éprouver cet objet comme si elle le devenait comme si elle s'intégrait à son existence propre. (...) Pour l'artiste, elle consistera donc à adhérer à la vie à en épouser les rythmes pour les assimiler; à se laisser emporter et même habiter par les forces que l'on pressent et à leur ouvrir toute sa réceptivité sensible.
R. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 398.
b) S'adapter par une union étroite : 21. Chez Freud lui-même, le sexuel n'est pas le génital, (...) la libido (...) est le pouvoir général qu'a le sujet psychophysique d'adhérer à différents milieux, de se fixer par différentes expériences, d'acquérir des structures de conduite. Elle est ce qui fait qu'un homme a une histoire.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 185.