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ABEILLE, subst. fém.
Insecte hyménoptère vivant en colonie et produisant la cire et le miel.
A.− ENTOMOL. et lang. commune :
1. Dans le calice d'une fleur La guêpe un jour voyant l'abeille, S'approche en l'appelant sa sœur. J.-P.-C. de Florian, Fables,La Guêpe et l'abeille, 1792, p. 190.
2. C'est parmi les hyménoptères que se trouvent les insectes les plus industrieux, et notamment les abeilles. G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,1805, p. 87.
3. La raison est abeille, et l'on n'exige d'elle que son produit; son utilité lui tient lieu de beauté. Mais l'esprit n'est qu'un papillon, et un esprit sans agrément est comme un papillon sans couleurs : il ne cause aucun plaisir. J. Joubert, Pensées,1824, p. 165.
4. Lorsque sous la colline, au creux de la prairie, Je puis errer enfin, tout à ma rêverie, Comme loin des frelons une abeille à son miel, Et que je suis bien seul en face d'un beau ciel; Alors... Ch.-A. Sainte-Beuve, Poésies,Promenade, 1829, p. 78.
5. Chaque flot du temps superpose son alluvion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre. Ainsi font les castors, ainsi font les abeilles, ainsi font les hommes. Le grand symbole de l'architecture, Babel, est une ruche. V. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 132.
6. Ces animaux apprivoisés avaient l'air de lui faire cortège et de comprendre son amitié pour eux. Je n'aurais pas été étonné de le voir suivre par les abeilles et par les insectes de l'enclos. A. de Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 443.
7. Ni l'araignée, hydre étoilée, Au centre du mal se tenant, Ni l'abeille, lumière ailée, Ni la fleur, parfum rayonnant; Ni l'arbre où sur l'écorce dure L'amant grave un chiffre d'un jour, Que les ans font croître à mesure Qu'ils font décroître son amour. V. Hugo, Les Contemplations,Magnitudo parvi, 1856, p. 317.
8. La solidarité profonde, merveilleuse, qui existe dans les insectes supérieurs (abeilles, fourmis, etc.), ne se trouve point chez les oiseaux. Les bandes y sont communes, mais les vraies républiques, rares. J. Michelet, L'Oiseau,1856, p. 291.
9. Puis comme elle avait fait la veille, Au joug du labeur se mettant, Cigale en même temps qu'abeille, Elle travaillait en chantant. H. Murger, Les Nuits d'hiver,Marguerite, 1861, p. 84.
10. Le fait est que les anglaises sont d'adorables filles. Cette blondeur douce (...); cette taille si harmonieusement grecque : non pas une taille d'abeille prétentieuse, mais une taille d'ange qui reploierait ses ailes sous son corsage! S. Mallarmé, Correspondance,1862, p. 27.
11. Dans l'exemple qui nous occupe, la nature veut donc, en vue de la fécondation croisée, que l'accouplement du faux bourdon et de la reine abeille ne soit possible qu'en plein ciel. M. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 225.
12. Les bourdons, ces grosses abeilles velues, sonores, effrayantes mais pacifiques et que nous connaissons tous, sont d'abord solitaires. M. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901p. 287.
13. Mais que ne devrait pas savoir le petit scarabée dont on a si souvent raconté l'histoire, le sitaris? Ce coléoptère dépose ses œufs à l'entrée des galeries souterraines que creuse une espèce d'abeille, l'antophore. H. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 147.
14. Ainsi, l'étude comparative qu'on a faite, dans ces dernières années, de l'instinct social chez les diverses apides établit que l'instinct des méliponines est intermédiaire, quant à la complexité, entre la tendance encore rudimentaire des bombines et la science consommée de nos abeilles : pourtant entre les abeilles et les méliponines il ne peut pas y avoir un rapport de filiation. H. Bergson, L'Évolution créatrice,1907p. 172.
15. La meilleure abeille ed' not' jardin, ça n'est plus rien qu'un' mouche sitôt qu'elle a perdu sa ruche ... R. Martin du Gard, La Gonfle,1928, III, 1, p. 1217.
16. Des avions ronflent dans le ciel, comme des abeilles. P. Morand, Londres,1933, p. 137.
17. Si « l'architecte le plus malhabile se distingue de l'abeille la plus experte en ce qu'il porte d'abord la maison dans sa tête », tandis que l'abeille ne construit sa ruche que dans une suite de moments extérieurs les uns aux autres, c'est que la présence de la triple extériorité du temps dans le projet humain du travail en fait une extase ... J. Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 22.
Rem. 1. Le mot abeille fonctionne gén. en oppos. avec des noms d'anim. (cf. ex. 5), des noms d'insectes (cf. ex. 1, 3, 4, 9, 11, 12, 15) ou encore avec des termes gén. (ex. 2, 6, 8) et des noms sc. (ex. 13, 14), abeille étant un terme intermédiaire entre hyménoptère (plus gén.) et anthophore (plus part.). 2. Abeille est en oppos. avec les noms d'êtres ou de choses avec lesquels elle présente des points communs : petitesse, bruit, mode de vie, supériorité, etc.; d'où des compar. fréquentes chez de nombreux aut. entre l'abeille, l'homme et l'univers. 3. Aucune attest., dans la docum., des synon. traditionnels relevés par les dict. des synon. et appartenant à des niveaux de lang. différents : mouche à miel (cour. et pop.), avette (vieilli et dial.), apis (sc.). 4. Dans l'ex. 3 abeille, sans art., prend une valeur de qualificatif.
− Assoc. syntagm. Syntagmes les plus fréquents a) Verbes dont abeilles(s) est le suj. : bourdonner (É. Zola, Une page d'amour, 1878, p. 1077) butiner (A. Gide, Les Nourritures terrestres, 1897, p. 189) travailler (H. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 96) cf. aussi ex. 9 voler (M. Desbordes-Valmore, Œuvres poétiques, 1833, p. 6) chanter (R. Rolland, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1565) ronfler (H. Pourrat, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 148); cf. aussi ex. 30 b) Adj. constr. avec abeille : domestique (M. Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 139) petite (J. Green, Journal, Les Pays lointains, 1928-1930, p. 294) sauvage (J.-R. Bloch, Destin du siècle, Seconds essais pour mieux comprendre mon temps, 1931, p. 35) prompte (Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes antiques, 1874, p. 169) travailleuse (P. Reider, Mademoiselle Vallantin, 1862, p. 45) laborieuse (F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 586) infatigable (L.-C. de Saint-Martin, L'Homme de désir, 1790, p. 315) experte (J. Vuillemin, L'Être et le travail, 1949, p. 22) matinale (A. de Lamartine, La Chute d'un ange, 1838, p. 990) joyeuse (V. Hugo, Les Feuilles d'automne, 1831, p. 792) blonde (Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 162) c) Subst. associés à abeille : ruche (P. Vidal de la Blache, Principes de géographie humaine, 1921, p. 205) miel (A. de Saint-Exupéry, Citadelle, 1944, p. 38); cf. aussi ex. 4 nectar (A. Chénier, Bucoliqūes, 1794, p. 257) bourdonnement (H. Bosco, Le Mas Théotime, 1945, p. 89) murmure (A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 174) bruit (Ch. Guérin, Le Cœur solitaire, 1904, p. 70) activité (J. Michelet, L'Insecte, 1857, p. 300) essaim (R. Maran, Batouala, 1921, p. 176); cf. aussi ex. 31 cellule (E. Mounier, Traité du caractère, 1946, p. 428) rayon (A. de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses, 1830, p. 385) colonie (M. Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 117) élevage (M. Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 1) éleveur (M. Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 30) 2. Il a paru intéressant de relever qq. syntagmes rares rencontrés dans la docum. a) Sexe : la mère-abeille (J. Michelet, L'Insecte, 1857, p. 320) l'abeille-mère (J. de Pesquidoux, Chez nous, t. 2, 1923, p. 38) la reine abeille (M. Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 156) une abeille-reine (H. Pourrat, Gaspard des montagnes, A la belle bergère, 1925, p. 250) roi des abeilles (J. Barbey d'Aurevilly, Premier mémorandum, 1838, p. 161) jeune roi d'abeilles (P. Claudel, La Ville, 1reversion, 1893, p. 408) b) Qualités phys. de l'abeille : mielleuse abeille (A. Chénier, Bucoliques, 1794, p. 303) cuivrer une abeille (J. Barbey d'Aurevilly, Premier mémorandum, 1838, p. 208) couper une abeille en deux (Ch.-A. Sainte-Beuve, Mes Poisons, 1869, p. 101) abeille camuse (Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes antiques, 1874, p. 231) abeilles de phosphore (Saint-John Perse, Exil, 1942, p. 292) la taille d'une abeille (Colette, La Maison de Claudine, 1922, p. 68) abeilles jaunes,... (A. France, Sur la pierre blanche, 1905, p. 208) c) Qualités mor. de l'abeille. − Le mot abeille est accompagné dans la plupart des textes d'épithètes à valeur laud. (gén. abeille laborieuse, active, rapide, prévoyante, etc.). Il a semblé intéressant de noter les ex. dans lesquels les qualificatifs attribués à l'insecte sont dépréc. : perfide abeille (H. de Balzac, Correspondance, 1832, p. 144) abeille prétentieuse (S. Mallarmé, Correspondance, 1871, p. 27) abeilles ténébreuses (V. Hugo, Les Misérables, 1862, p. 410) abeille importune, imprudente (R. de Gourmont, Esthétique de la langue française, 1899, p. 291) insensible abeille (Colette, L'Envers du Music-hall, 1913, p. 77) d) Activité ou organ. : l'abeille picore (Ch.-A. Sainte-Beuve, Poésies, 1829, p. 104) maîtresses-abeilles (J. Michelet, L'Insecte, 1857, p. 332) abeilles qui taraudent leur nid (M. Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901, p. 284) les abeilles nidifient (J. de Gaultier, Le Bovarysme, 1902, p. 143) des abeilles qui mellifient (M. Barrès, Colette Baudoche, 1909, p. 146) vrombissement d'abeilles (M. Genevoix, Raboliot, 1925, p. 313) zonzonnement des abeilles (F. Foch, Mémoires, t. 1, 1929, p. 52) unités abeilles (P.-J. Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?, 1840, p. 319) la monarchie des abeilles (L. Menard, Rêveries d'un paien mystique, 1876, p. 142) une république d'abeilles (A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 414) e) L'abeille et ses relations : En relation avec les plantes : ophris-abeille (G. Duhamel, Chroniques des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 159) arbres à abeilles (J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, 1801, p. 46) Espèces d'abeilles : abeille arcture (G. Apollinaire, Alcools, 1913, p. 137) abeilles coupeuses de feuilles (G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1805, p. 316) En relation avec l'être humain : femme abeille (V. Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 296) charmeur d'abeilles (L. Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 218) chasseur d'abeilles (Ch. Guérin, Le Cœur solitaire, 1904, p. 177) au magasin des abeilles (A. Gide, Souvenirs de la Cour d'Assises, 1913, p. 649) Espace et temps : à vol d'abeille (J. Verne, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 186) en ligne d'abeille (A. France, Balthazar, 1889, p. 180) une ligne d'abeille (J. Green, Journal, 1935, p. 141); ligne d'abeille est la trad. littérale et fautive de l'américanisme bee-line « route la plus courte pour se diriger d'un point à l'autre »; faute de Baudelaire dans ses trad. d'E. Poë un temps d'abeilles (G. Bataille, Maman Colibri, 1904, p. 15) « très beau temps permettant aux abeilles de sortir de la ruche » Astres : abeilles-comètes (V. Hugo, La Légende des siècles, 1859, p. 908)
Rem. Journet-Petit 1966 remarquent que abeille est ,,souvent empl. en vers et surtout dans la poésie descriptive, parce que les travaux et les mœurs des abeilles offrent des compar. gracieuses (cf. Besch. 1845 qui donne de nombreux ex.)``.
B.− Au fig.
1. Écrivain au style pur comme le miel (cf. hist.) :
18. ... la Cyropédie me paraît être, à peu de chose près, le vrai modèle des romans historiques. Je dis à peu de chose près, parce que les endroits où la narration m'y semble déparée par des détails minutieux, ou par un badinage de mauvais goût, sont rares, et peut-être même ennoblis dans le texte par le choix exquis, la douceur, la pureté du style de celui que les Grecs appelaient l'abeille. J.-F. Marmontel, Essai sur les romans,1799, p. 351.
19. D'Andilly, par la façon heureuse dont il enchaîne et assortit ces simples histoires, en peut être dit le Rollin et enchante comme lui : c'est l'abeille des déserts. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 280.
20. C'est l'abeille de la France. Un tel éloge, dans la bouche de Montesquieu, à l'égard de Rollin, ressemble à une noble et bonne action, et mouille vraiment les yeux de larmes. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 545.
2. Terme d'affection, de tendresse pour désigner une pers. :
ma pauvre abeille (J.-P. Sartre, Les Mains sales, 1948, p. 60)
ma petite abeille (J.-P. Sartre, Les Mains sales, 1948, p. 116)
ma petite pauvre abeille (J.-P. Sartre, Les Mains sales, 1948, p. 134)
C.− Emplois techn.
1. [Par réf. à la forme de l'insecte]
a) ASTRON. Constellation australe appelée aussi mouche indienne (Trév. et Littré).
b) BRODERIE. Point d'arrêt en forme d'abeille stylisée ,,Broderie plate, faite avec un cordonnet de soie. Sa forme et la disposition des brins de cordonnet lui donnent l'aspect schématique de l'abeille.`` (Vie Lang. 1966, no169, p. 226) :
21. Un autre [smoking] a ses découpes, le coin de ses poches marqué d'une « abeille » brodée [chez le couturier O' Rossen]. Art. Mode, L'Œuvre,31 mars 1941.
c) HÉRALD. (cf. hist. B 2) :
22. En 1817, dans les contre-allées de ce même champ de Mars, on apercevait de gros cylindres de bois, gisant sous la pluie, pourrissant dans l'herbe, peints en bleu avec des traces d'aigles et d'abeilles dédorées. C'étaient les colonnes qui, deux ans auparavant, avaient soutenu l'estrade de l'empereur au champ de Mai. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 144.
d) JOAILL. Dans l'expr. épingle-abeille :
23. 25 samedi. Noël. Point d'Institut. Extrait Élie Benoit, rendu le manuscrit à M. Haag; puis, au Palais-Royal, cherché une épingle-abeille pour ma femme. J. Michelet, Journal,1858, p. 449.
Assoc. syntagm. :
abeilles d'or (A. Bertrand, Gaspard de la nuit, 1841, p. 224; H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, p. 8; F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 547)
semé(e) d'abeilles (É. Zola, La Bête humaine, 1890, p. 275)
var. : parsemé d'abeilles (en or) (L.-F. Céline, Mort à crédit, 1936, p. 161)
semis d'abeilles (Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres, 1847, p. 120)
2. Nid d'abeilles [Par réf. à la forme des alvéoles construites par les abeilles et dont l'ensemble forme un nid d'abeilles]
a) AUTOM. et AVIAT. Radiateur en nids d'abeilles :
24. (les) Radiateurs en « nids d'abeilles » ... sont des radiateurs à tubes d'air accolés par soudure à leur extrémité, ... J. Guillemin, Précis de construction, et essais des avions et hydravions,1929, p. 214.
b) COUTURE ou INDUSTR. DU TEXTILE. Pour désigner un ornement en forme de nids d'abeilles (appelé aussi smock) obtenu par le travail du tissu : tissu, serviettes en nids d'abeilles.
3. [Par réf. aux mouvements de l'abeille, et peut-être à la danse qu'elle effectue pour communiquer des inform. à ses compagnes] Nom d'une danse égyptienne, réputée lascive :
25. Un jour que le vent fraîchissant enflait les voiles et que les matelots chantaient en jouant du darabouk autour de l'un d'eux qui dansait l'abeille, j'entendis de grandes clameurs sortir des eaux. M. du Camp, Le Nil, Égypte et Nubie,1854, p. 105.
26. Nous obtenons la danse de l'abeille, purement inepte! E. Fromentin, Voyage en Égypte,1869, p. 107.
4. [Par réf. au sifflement des ailes d'un essaim en vol. Dans le lang. pop.] Balle, éclat d'obus :
27. Plus perfides que les sifflements d'obus, les abeilles nous passent au-dessus de la tête, mais lui-même ne se presse nullement. H. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 63.
Rem. 1. Cf. le rapprochement abeilles et balles :
28. Aussi la laissa-t-il au fond du jardin, assise par terre en plein soleil, devant une ruche dont les abeilles ronflaient comme des balles d'or sur son cou, le long de ses bras nus, dans ses cheveux, sans la piquer. É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1271.
29. Parfois les balles nous accompagnaient comme un essaim d'abeilles et l'eau semblait prolonger leur plainte. H. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 45.
(Emploi enregistré ds Esn. Poilu, 1919. Cf. hist. B 8 et 9). 2. Par réf. à l'activité de l'abeille, le mot est devenu nom propre de sociétés, de journaux, etc. :
30. 26 lundi. Remercié M. Chennevières de son article dans l'Abeille. J. Michelet, Journal,1857, p. 362.
31. De cet instant la guerre fut déclarée, Bar prenant partie pour l'Abeille, Commercy se rangeant tout entier sous les étendards de la Mouche; les deux journaux semaient la haine et l'incendie aux quatre coins du département, ... G. Courteline, Le Train de8 h 47, 1888, p. 226.
Cf. en outre, comme noms de journaux :
l'Abeille de la Nouvelle-Orléans (V. Hugo, Correspondance, 1866, p. 256).
l'Abeille d'Étampes (H. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 190).
Stylistique − Le commentaire styl. le plus pertinent est fourni par le tabl., except. riche des assosc. syntagm., qui révèlent notamment l'utilisation fréquemment symbolique du n. de l'abeille, gén. en bonne part, mais aussi, quoique plus rarement, en mauvaise part (manquent cependant des qualificatifs comme paresseuse).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abεj]. Enq. : / abεj /. 2. Dér. et composés : abeillage subst. masc., abeillé(e) adj., abeiller subst. masc., abeillère adj. fém. 3. Hist. − Fér. 1768, Gattel 1841, Nod. 1847, Fél. 1851 et Littré recommandent encore la prononc. de ce mot avec l mouillé, alors que Land. dès 1834 et Besch. 1845 acceptent le yod, la prononc. indiquée par Besch. étant déjà la prononc. mod.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov., port. abelha; ital. pecchia; esp. abeja; cat. abella. 1remoitié xives. « insecte qui produit le miel et la cire » (Établ. de St Louis, appendice, éd. P. Viollet, t. II, 488, n. 36, ms. I : de mouchees. I. [id est] abueilles pardues et de leur sorte, sete, sans perdre; local. : centre de la France); 1352 (Gloss. lat.-gall. ex. cod. reg. 4120 ds Du Cange s.v. abeilla : alveolus [ruche] = abeles). Empr. de l'a. prov. abelha « id. » dep. 1268 (Livre de Sydrac, fol. 117 ds Rayn.), du lat. apicula, cf. sup. ital. et lang. hisp. (lat. apicula « abeille », du domaine prov., continuation du lat. apicula, Plaute, ou, strate rom. superposée à un sous-sol apis, voir Meyer-L. ds Lit. Blatt, XL, no11-12, pp. 371-386 et Jud ds Arch. St. n. Spr., CXXVII, 1911, 419-421). La répartition des types dans le domaine gallo-rom., établie par Gilliéron (Généalogie des mots qui désignent l'abeille et Pathologie et thérapeutique verbales) reflète les réactions opposées aux collisions homon. subies par les représentants du lat. apis, du type a. fr. ef (puis é), plur. es (dep. début xiies. Ps. d'Oxford, éd. Fr. Michel, 117, 12 ds T.-L.) s.v. es : Avirunerent mei sicume es, [circumdederunt me sicut apes] (cf. vegl. guop, ital. ape, log. abe, frioul. af, gröd. eva). S'étendant d'abord à toute la France septentr., l'emploi de ef se limite à la Flandre fr. (Corblet : ès « abeille ») et à une partie des îles anglo-norm. (plus l'estuaire de la Gironde dans domaine d'oc). Ef est remplacé en fr. par mouchette (demeuré en lorr. cf. Zéliqzon, Dict. pat. rom. Moselle, mohhate « abeille ouvrière », et en fr.-comtois, cf. Monnier, Vocab. ... Séquanie, Mouchetè, s. f. « Abeilles, petites mouches » Montagnes du Doubs et Contejean, Gloss. Montbéliard, Môtchotte « abeille »), attesté en Lorraine dep. févr. 1291 (Coll. de Lorr., Not. des mss., XXVIII, 224 ds Gdf. s.v. troigh : troigh de mouxates « essaim d'abeilles »). Mouchette serait issu de mouche-ep (Gilliéron) (ep par influence de guêpe sur é, FEW; par latinisation de é d'apr. apis, E. Gamillscheg, Z. rom. Philol., XLIII, 529), hyp. controversée par Jaberg (Rom. 46, 121 : mouchette, dimin. de mouche). Mouchette aurait eu ensuite pour successeurs mouche à miel (attesté dep. 1422, dans la lang. litt. : Alain Chartier, Quadrilogue invectif ds Littré s.v. essaim : Les mouches à miel, qui chascune en leur exain ... et dominant encore dans les dial. septentr., cf. Corblet : mouches « mouches à miel ») puis abeille par l'intermédiaire de mouche-abeille (Gilliéron; contesté par Meyer-L., op cit.). − Abeille l'emporte sur son concurrent momentané avette (dimin. de af, ef), formé en Anjou. (Cf. Ronsard, Odes, II, 7 ds Hug. : Et du miel tel qu'en Hymette, La desrobe-fleur avette Remplit ses douces maisons). Forme rég. représentée par fr.-prov. aveille (dep. xives. ds Du Cange s.v. avillarium; voir Terracher ds Mél. Thomas, 1927, pp. 445-446). Répartition types apis, apiarium, apicula dans la Romania, voir Jud., Op. cit. HISTORIQUE I.− Pas de sens disparus av. 1789. II.− Hist. des sens attestés apr. 1789. − A.− Sém. A I − 1. Accept. 1, grande stab. dep. la 1remoitié du xives. cf. étymol. et aussi : 2emoitié du xives. : Que toutes les aboilles qui seront trouvees en la forest de Nichier seront a madame. Tit. de la mais. de Sully [1369], (Gdf.). xves. : Le suppliant et Colin Vallee trouverent une bezanne d'abeulles, la leverent, et en prirent tout le couppeau et miel de dedans. A. N. JJ 190, pièce 69 [1460], (Gdf.). xvies. : Dessus cest arbre par moult grandes merveilles se posa lors une turbe d'abeilles. Oct. de Sainct-Gelays, VIIeliv. de l'Énéide [1540], 60 vo., (Quem). xviies. : Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille? Boil., Sat., Le départ du poète, 1966, (Rob.). xviiies. : Qu'importe au genre humain que quelques frelons pillent le miel de quelques abeilles Volt., Lett. 30/8/1755, (DG). 2. Accept. 2, le 1ersens fig., ,,par allusion à la douceur du miel``, est mentionné pour la 1refois ds Fur. 1701 : Abeille, se dit quelquefois figurément de ceux qui parlent, ou qui écrivent élégamment. Xénophon a été la Muse et l'Abeille Athénienne, à cause de la douceur de son stile. Mle Sc. Les ex. de l'art. sém. montrent que le mot d'abord devenu nom propre qualificatif (« surnom ») est devenu ensuite chez qq. auteurs un nom commun à valeur symbolique désignant une catégorie d'écrivains. Le sens fig., terme d'affection, n'est apparu qu'au xxes. (cf. sém. B 2). B.− Sém. B (technol.). − A partir du xviiies. apparaît une série de sens techn. (les uns p. anal. avec la forme de l'insecte ou de son alvéole, les autres par référence aux diverses qualités de l'abeille); ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur apparition. 1. Astronomie : Abeille est l'une des douze constellations australes qui ont été observées par les modernes depuis les grandes navigations. Oz. Fur. 1701. 2. Héraldique : Abeille, symbole de l'autorité impériale. Ac. Compl. 1842. − Rem. On sait que l'abeille, symbole du travail, fut adoptée comme emblème par Napoléon Ier(qui voulait aussi rattacher par là la dynastie qu'il venait de fonder à la première qui eut régné sur la France, l'abeille ayant déjà été l'emblème des Mérovingiens). 3. Titre de sociétés et de périodiques : Mich., Journal, 1857, (cf. sém.). 4. Joaillerie : épingle-abeille, attesté en 1858 (cf. sém.); abeille continue à s'employer au xxes. (Ph. Hériat, Les enfants gâtés, 1939, IV, 3). 5. Danse : Pas de l'abeille, danse lascive de l'Égypte. La Châtre 1865. 6. Text. dans l'expr. tissu ou serviette nid(s)-d'abeilles que le DG définit ainsi : ,,Travail d'un tissu qui ressemble aux cellules d'une ruche.`` 7. Autom., aviat., abeille appliqué à ces techniques (début du xxes.?) n'est empl. que dans l'expr. radiateur en nids d'abeilles (cf. sém.). 8. Arg., « fille galante » (Bruant 1901). 9. Milit. « petit éclat d'obus », Esn. Poilu 1919. 11. Ébénisterie, apparaît ds Lar. 20e: Bois d'abeille, nom donné à un bois dur, très apprécié en ébénisterie, et qui provient de la Guyane, des Indes et des Iles de la Sonde. − Rem. Pour la répartition géogr. des appellations de l'abeille, cf. les travaux de Gilliéron et FEW s.v. apicula et musca.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 513. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 524, b) 2 421; xxes. : a) 3 590, b) 1 676.
BBG. − Alex. 1768. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Comm. 1837-92. − Gilliéron (J.). Généalogie des mots qui désignent l'abeille d'après l'Atlas linguistique de la France. Paris, 1918 [Cr. Jaberg (K.). Romania. 1920, t. 46, p. 121-135; Meyer-Lübke (W.). Literaturblatt fur germanische und romanische Philologie. 1919, t. 40, no11/12, p. 371-380]. − Gilliéron (J.). Pathologie et thérapeutique verbales. Paris, 1921. − Gramm. 1789. − Grandm. 1852. − Lafon 1963. − Lavedan 1964. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Nysten 1814-20. − Piéron 1963. − Pokorny (J.). Zum Keltischen Bienenwort. Z. rom. Philol. 1963, t. 79, p. 526-527. − Privat-Foc. 1870. − Réau-Rond. 1951. − Terracher (A.). Aveille (apicula à Paris?) In : [Mélanges Thomas (A.)]. Paris, 1927, p. 345-458.

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