1. [Le compl. corresp. à l'obj. dir. du verbe est introd. par la prép. de] Action d'affronter quelque chose qui est ou paraît être un danger ou une difficulté. Affrontement (par qqn) de qqc. :1. L'affrontement de l'obstacle et les régulations de l'action : la décision manœuvre une série de fonctions − conduites et sentiments − dont le rôle est de régler l'action en coordonnant ses arrêts et les ouvertures du réel. Elle commande la conjuration des forces du moi contre le laisser-aller.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 423.
2. Dans une vie où l'existence est aussi fatalement limitation que promesse généreuse, elle [la personne] accepte la limite pour être. L'indécis ou le dilettante ne connaissent jamais cette robuste épreuve du choix où la musculature psychique emprunte sa tonicité. L'expérience étroite de l'agressivité s'y transfigure dans l'expérience essentielle de l'affrontement, du face à face vital qui se ramène toujours par quelque biais à un face à face avec la mort.
E. Mounier, Traité du caractère,1946p. 564.
3. Celui-ci [Hegel] avait pourtant admis que la reconnaissance des consciences l'une par l'autre peut se faire dans l'affrontement de l'amour. Il s'était pourtant refusé à mettre au premier plan de son analyse ce « phénomène » qui, selon lui, « n'avait pas la force, la patience et le travail du négatif ». Il avait choisi de montrer les consciences dans un combat de crabes aveugles, tâtonnant obscurément sur le sable des mers pour s'agripper enfin dans une lutte à mort, et laissé volontairement de côté cette autre image, également légitime, des phares qui se cherchent péniblement dans la nuit et s'ajustent enfin pour une plus grande lumière.
A. Camus, L'Homme révolté,1951, pp. 201-202.
Rem. Affrontement de l'amour pourrait aussi être compris comme « affrontement amoureux » :
4. ... l'immensité est un thème poétique inépuisable. Nous avons abordé le problème dans un livre antérieur en insistant sur la volonté d'affrontement de l'homme méditant devant un univers infini. Nous avons pu parler d'un complexe spectaculaire où l'orgueil de voir est le noyau de la conscience de l'être contemplant. Mais le problème que nous envisageons dans le présent ouvrage est celui d'une participation plus détendue aux images de l'immensité, un commerce plus intime du petit et du grand.
G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, pp. 173-174.
Rem. 1. Dans cet ex. de l'homme dépend de la volonté. 2. Le terme est auj. attesté princ. dans des textes philos. 3. Emploi partic. chez G. Saint-Hilaire : il appelle affrontement ce que l'on désigne en gén. par affinité (cf. à ce propos Lal. 1960).
2. [Le compl. indir. est, comme celui de la forme pronom. du verbe, introd. par la prép. à] Action de s'affronter à quelqu'un chez qui l'on devine de l'hostilité, qui fait obstacle ou que l'on considère comme un ennemi. Affrontement (de qqn) à qqn :5. Après cette poussée hardie aux limites de la société, l'enfant se replie sur l'opération complémentaire. Il doit affermir ses frontières aux bords de ces mondes énormes qu'il vient d'apprendre et qui menacent de le submerger. On voit alors apparaître les réactions d'affrontement à autrui : la jalousie, vers neuf mois, puis la parade, l'imitation sélective, la « honte », et, vers trois ans, le sentiment d'exclusivité dans la possession.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 469.