a) Verbe + (le) dos− Arrondir, courber, plier, tendre le dos. Prendre une attitude obséquieuse, soumise ou inquiète. [Jean] qui se taisait en arrondissant le dos, depuis qu'on parlait de Jacqueline (Zola, Terre,1887, p. 294).Prolétaire? Mouton, oui, mouton, comme les autres. On vous tond, vous tendez le dos, et vous dites merci (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 324).
− Avoir bon dos. Se voir attribuer des charges, supporter souvent abusivement des torts ou des vexations. Synon. avoir le dos large.Tapez sur Nana, tapez sur la bête! Oh! j'ai bon dos (Zola, Nana,1880, p. 1468).C'est encore la garde qui fournira les piquets. Elle a bon dos, la garde! (Anouilh, Antig.,1946, p. 204).
− Vieilli. Avoir le dos au feu et le ventre à table. Prendre toutes ses aises, notamment à table. Buvez (...) mes bons amis le ventre à table et le dos au feu (Courier, Lettres Fr. et It.,1825, p. 701).
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Tourner le dos à qqn/à qqc. Se placer, être placé de façon à lui présenter le dos. « Je parie qu'il va se retourner pour voir si je l'ai vu », pensa Antoine. Il se trompait. Le gamin lui tournait le dos et ne s'occupait pas de lui (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 870).♦ [Avec un compl. circ. de lieu] Allez dans une direction opposée à. On tournait le dos à Paris (Zola, Débâcle,1892, p. 75).
♦ Au fig. Cesser de fréquenter quelqu'un par dédain ou réprobation, ne pas s'occuper de lui. Deux amants brouillés qui se boudent, se tournent le dos (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 215).
♦ P. métaph. La mémoire, tu le sais, tourne le dos aux vieillards (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 106).
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Avoir le dos tourné. Être placé de façon à présenter le dos. Anne, le dos tourné dans un coin, ajuste sa grande coiffe devant un miroir (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 192).♦ P. ext. Ne pas surveiller attentivement, s'absenter. De langage réservé devant ma mère, mais fort libre dès que ma mère avait le dos tourné (Gide, Si le grain,1924, p. 388).Dès que tu as le dos tourné, Folcoche en profite pour entrer dans ta chambre (H. Bazin, Vipère,1948, p. 257).
− Pop. Scier le dos à qqn. L'importuner. Synon. pop. casser les pieds.Pourquoi nous sciez-vous le dos avec vos doléances? (Flaub., 1reÉduc. sentim.,1845, p. 96).En avoir plein* le dos.
b) Verbe + à dos.Se mettre à dos, avoir qqn à dos. − [L'obj. désigne un inanimé concr.] Présenter le dos à. Hannibal, avait eu l'attention de se mettre à dos le vent et la poussière (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 24).
− [L'obj. désigne une ou plusieurs pers.] Se faire un ennemi de, indisposer. Je ne veux pas me mettre toute ma famille à dos (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 163).
c) Verbe + dans/derrière le dos− Agir dans/derrière le dos de qqn. Agir à son insu, manœuvrer secrètement ou hypocritement. Tu vas peut-être me dire ce que tu es venu foutre chez eux, comme ça, derrière mon dos, sans m'avertir (Aymé, Jument,1933, p. 192).
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Populaire ♦ L'avoir dans le dos. Éprouver une déception, un échec. Synon. pop. l'avoir dans l'os (cf. Lar. Lang. fr.).
♦ Avoir les pieds dans le dos. ,,Être poursuivi par les gendarmes`` (Carabelli, [Lang. pop.]).
♦ Faire un enfant dans le dos. Tromper. Synon. pop. cocufier.Honoré, (...) se disait (...) que Maloret n'allait pas lui faire un enfant dans le dos (Aymé, Jument,1933, p. 137).
♦ Passer la main* dans le dos de qqn, tirer* dans le dos de qqn.
d) Verbe + sur le dos− Avoir qqn/qqc. sur le dos. Supporter le poids d'une affaire, d'un désagrément, subir la présence de quelqu'un. J'ai eu, me disait-il, mille affaires pareilles sur le dos (Constant, Cahier rouge,1830, p. 97).Quel casse-pied! (...) voici deux jours que je l'ai sur le dos (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 51).
− Battre qqn sur le dos d'un autre. ,,Faire retomber indirectement sur quelqu'un les reproches que l'on adresse à une autre personne`` (Ac. 1878, 1932).
− Casser* du sucre sur le dos de qqn.
− Être sur le dos de qqn. Le surveiller de près, l'importuner. Si tu embêtes ton enfant, si tu es toujours sur son dos (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 204).Être, sans cesse, sur le dos des gens, à les asticoter de toutes les manières (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 28).
− Pop. Être, aller sur le dos. Se prostituer. Il lui demanda furieusement d'où venaient ces rubans. Hein? c'était sur le dos, qu'elle avait gagné ça! (Zola, Assommoir,1877, p. 723).Elle allait sur le dos comme pas une (M. Stéphane, Ceux du trimard,1928, p. 150).
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Mettre qqc. sur le dos de qqn. Lui en attribuer la charge, la responsabilité ou le tort, souvent abusivement. Synon. mettre sur le compte de.Mettre les fautes du livre sur le dos de l'imprimeur (Renard, Journal,1902, p. 738).♦ Emploi pronom. Se mettre qqc. sur le dos. Se charger de. Se mettre sur le dos des frais aussi lourds qu'inutiles (Courteline, Client sér.,Une Opposition, 1897, p. 65).
− Prendre qqc. sur son dos. En assumer la responsabilité. Synon. pop. encaisser.N'ayez point l'air de rien savoir. Je prends tout sur mon dos (Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 341).[P. allus. au bouc émissaire de la Bible (cf. Lévitique 16/22)] « Pourquoi prendrais-je sur mon dos les péchés et les malheurs du monde? » (Martin du G., Thib.,Été 1914, 1936, p. 276).
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Tomber sur le dos de qqn ♦ [Le suj. désigne une pers.] Se jeter sur quelqu'un pour l'attaquer (par derrière). La garnison, les habitants, les femmes leur tombèrent sur le dos [aux Anglais] et les mirent en déroute (France, Vie de Jeanne d'Arc,t. 2, 1908, p. 221).P. ext. Importuner qqn (en survenant à l'improviste). Pourquoi me tombez-vous sur le dos pendant que je suis occupé? (Claudel, Guerre de trente ans,1945, p. 569).
♦ [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Être attribué à, lui incomber, comme quelque chose de pénible.
− Rare. Tomber sur le dos et se casser le nez. Avoir des malheurs en cascade, jouer de malchance. On dit d'un homme tout à fait malheureux : il tombe sur le dos et se casse le nez (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 178).
− Se réconcilier, s'accorder sur le dos de qqn. Se réconcilier, s'accorder au détriment d'une tierce personne. − Ils se détestent. − Mais ils s'accordent aussi, sur votre dos, ma pauvre amie (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 197).[Rousseau] eut le malheur de déplaire à la fois aux pieuses gens et aux encyclopédistes : d'irréductibles ennemis se réconcilièrent sur son dos (Mauriac, Trois grands hommes devant Dieu,1947, p. 80).