HUTIN, adj. masc. et subst. masc.
Vieux I. − Adj. masc. Qui est emporté, querelleur; qui aime à se battre. Et lorsque le Roi de Fer le rabrouait, lui disant d'un ton dur : « Louis, ne soyez point si hutin! » combien de fois n'avait-il pas souhaité la disparition de son père (Druon, Reine étranglée,1955, p. 61).− Emploi subst. Personne opiniâtre, querelleuse. Louis le Hutin (surnom de Louis X). Va-t'en, sonnet libertin, Fleurir de rimes gaillardes Ce chanteur et ce hutin (Verlaine, Dédic., Paris, éd. de Cluny, 1940 [1890], p. 76).
II. − Subst. masc. Combat, révolte. Invasion, démembrement du territoire, indemnité écrasante : tel fut le prix du « hutin » qui avait commencé aux années de Philippe Le Bel pour s'épanouir dans les révolutions de Paris (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 101).
REM. 1. Hutin, subst. masc.au sens de « marteau », hapax chez Hugo : J'ai le marteau et le clou, et ce ne sont pas outils plus formidables dans mes mains qu'un hutin aux mains d'un taillandier (N.-D. Paris,1832, p. 311).
2. Hutinet, subst. masc.Petit maillet de tonnelier. (Dict. xixeet xxes.). Pour ces deux termes, cf. FEW t. 16, p. 276 a, note 1.
Prononc. : [ytε
̃] init. asp. Étymol. et Hist. 1342 le roi Hutin [surnom de Louis X, parce que, dans son enfance, il était mutin et querelleur] (Renart contrefait, éd. G. Raynaud et H. Lemaître, 38275 et 38295). Déverbal de l'a. fr. hustiner « faire du bruit, quereller, disputer » (ca 1250, hutiner, Colin Muset, éd. J. Bédier, III, 22), dér. de hustin subst. masc. « bruit, querelle, combat » (fin xiies., Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 4556), qui vient de l'a. scand. *hús-þing « réunion de vassaux convoquée chez lui par un prince » (d'où « querelle », ce type de réunion n'allant gén. pas sans heurt) laquelle étymol. s'accorde bien avec l'ancienneté et la fréq. du mot en Normandie d'où il a gagné le reste du territoire. Cf. hustineur, hustineux « querelleur » ds Gdf. Fréq. abs. littér. : 10.