A.− Protection naturelle, matérielle : 7. ... quoiqu'à la rigueur un homme pût vivre en n'ayant que des racines pour se nourrir, une peau pour se vêtir et une hutte pour s'abriter, néanmoins, dans l'état actuel de nos sociétés, on ne peut pas, dans nos climats, considérer comme des superfluités du pain et de la viande, un habit d'étoffe de laine et le logement dans une maison.
J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 457.
8. A cette heure des crépuscules d'hiver, où on sent plus particulièrement le besoin d'avoir un gîte, de rentrer près d'un feu, de s'abriter pour dormir, − nous n'avions rien, nous, ...
P. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 79.
9. Parmi les bateaux qui s'abritaient à la tempête dans le port de Calais se trouvait, hier, le chalutier Hinders, de l'Institut d'études maritimes d'Ostende, ...
Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 1, col. 5.
Rem. Dans l'ex. 9, la constr. en apparence exceptionnelle du verbe abriter (+ à, au lieu de contre ou de) s'explique sans doute par croisement avec à « au moment de » dans le lang. hâtif du reportage de presse.
B.− Protection morale : 10. Rien de ce qui s'agite ici-bas ne me tente;
Je ne veux pas dresser à tout ce vent ma tente,
Je ne veux pas salir mes pieds dans ces chemins
Où s'embourbe en marchant ce troupeau des humains;
J'aime mieux, m'écartant des routes de la terre,
Suivre dès le matin mon sentier solitaire.
J'aime mieux m'abriter sous le mur du saint lieu
Et dès le premier pas me reposer en Dieu.
A. de Lamartine, Jocelyn,1836, p. 582.
11. Notez que la providence − (...) − a voulu que cette belle restauration de l'art se fît entre le théâtre des mauvais bergers et le théâtre des deux gosses (...). Ainsi, il y a un chef-d'œuvre de plus au monde. Réjouissons-nous. Reposons-nous. Flânons. Allons de théâtre à théâtre écouter les dernières niaiseries : nous sommes tranquilles. Quand il nous plaira, nous retrouverons le chef-d'œuvre. On peut s'y appuyer, s'y abriter, s'y sauver des autres et de soi-même.
J. Renard, Journal,1897, p. 451.
Rem. gén. Abriter ou s'abriter se construisent fréquemment sans compl. de lieu. Lorsqu'un tel compl. est exprimé, il est introd. par les prép. sous (ex. 10), dans (ex. 5), à (ex. 9). L'adv. pron. pers. est y (ex. 11), auquel correspond l'adv. rel. où :
12. Si j'étais petit oiseau
J'irais chanter près de lui.
Puis j'irais jusqu'où s'abrite
Quelque famille proscrite ...
P. Béranger, Chansons,Si j'étais petit oiseau, t. 2, 1829, p. 113.
Les intempéries ou le danger menaçants sont introd. par les prép. contre (ex. 6), de : 13. Indépendamment de ces soins, il est important que le jardinier surveille chaque jour ses arbrisseaux, qu'il les nettoie des feuilles mortes et des insectes qui pourraient leur nuire, qu'il rogne les pousses trop vigoureuses, qu'il les abrite du froid, de l'extrême chaleur, de la sécheresse, de la trop grande humidité ...
Voyage de La Pérouse,t. 1, 1797, p. 231.