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En partic. a) Dans le domaine milit.[L'obj. désigne un lieu] Avoir ou mettre sous sa domination, contrôler par l'emploi de la force ou de divers moyens stratégiques. Ces formidables barons du Rhin (...), puissants seulement autour d'eux, mais tout-puissants autour d'eux, maîtrisaient le ravin et la vallée, levaient des soldats, battaient les routes, imposaient des péages (Hugo,Rhin,1842, p. 120).700 000 soldats britanniques et de nombreuses escadres aériennes y maîtrisaient [en Orient] la terre et le ciel (De Gaulle,Mém. guerre,1959, p. 185).
b) [L'obj., désignant un être ou une chose, implique une force phys.] Triompher, venir à bout de, vaincre par la contrainte, par des moyens matériels. Maîtriser un cheval, un forcené, une émeute. Il était violent, brutal et méchant, et si fort que nul n'osait le contredire, surtout lorsqu'il était ivre. Dans ces moments-là, Santos seul pouvait le maîtriser et le ramener à temps au collège (Larbaud,F. Marquez,1911, p. 33).Une fois que l'incendie a été maîtrisé, il est indispensable d'exercer une surveillance active pendant 48 heures au moins pour éviter l'apparition de nouveaux foyers (Cochet,Bois,1963, p. 141).
c) Dans le domaine de l'activité intellectuelle et pratique.Dominer (un objet de connaissance ou d'étude), savoir utiliser pleinement (une méthode, une technique). Maîtriser une langue. Non pas qu'à l'occasion, celui-ci [Saint-Cyran] ne fût capable de maîtriser des questions plus dignes de lui (Bremond,Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 126).Ceux qui ont maîtrisé complètement ses techniques [de la chirurgie], qui comprennent son esprit, qui possèdent la connaissance des êtres humains et la science des maladies, deviennent, suivant l'expression des Grecs, semblables à Dieu (Carrel,L'Homme,1935, p. 243).
d) Dans le domaine
moral.Garder sous le contrôle de la raison, de la volonté. Maîtriser ses sensations, ses émotions, ses nerfs, ses gestes; maîtriser son attention. Que peut être une oeuvre d'art abandonnée à ces impulsions inconscientes? L'artiste doit maîtriser le chant qui est en lui et cette domination de la «puissance musicale», cette limitation est proprement l'acte artistique (Massis,Jugements,1924, p. 153):. ... l'envie de courir le saisit tout d'un coup, mais il la domina, par habitude de se vaincre; cependant, il ne maîtrisa pas au fond de son coeur et comme dans tout son être une extraordinaire joie de vivre qu'il ne parvint pas à s'expliquer.
Green,Moïra,1950, p. 134.
♦ Emploi pronom. réfl. [P. méton.] Être maître de soi, se dominer, se posséder, se contenir. Elle se laissait aller à la faiblesse et ne se maîtrisait plus (Duranty,Malh. H. Gérard,1860, p. 266).Il se maîtrisait, se contenait, s'imposait admirablement un sourire, une attitude, une plaisanterie (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p. 315).