−
Populaire : 3. Et fut bien contente, la bounne mère, d'avoir fait n'un beau fiston si dégourdi! Ah, ah, ah!... N'était point coumme ec'te femme ed' Maillé-la-Croix, qui accouchit d'un garçon et fut si dépitée d'à cause qu'ell' pensait mett' bas un' fille, qu'ell' s'a mis à pleurnichailler, criant : − « N'en veux point, ma mère : Ar'mettez-le vite! ar'mettez-le! » Ah, ah, ah!...
R. Martin du Gard, La Gonfle,1928, III, 1, p. 1223.
−
Emploi abs. : 4. Comment se conduisent-elles pendant leur grossesse? Accouchent-elles aisément ou difficilement? Ont-elles besoin de secours pour cette opération? Lient-elles le cordon ombilical? Cette opération se fait-elle avant ou après la sortie du placenta? Emmaillottent-elles leurs enfans...
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 1, 1797, p. 183.
5. La princesse avait cru, d'abord, son ignorance simulée. Mais, par des adresses de femme, la tâtant de questions délicates, imprévues, elle avait été étonnée de ses réponses naïves. Elle ne croyait pas, comme Agnès, qu'on accouchât par l'oreille, mais par le déchirement d'une partie qui lui semblait propre à cela, le nombril. Le princesse en rit beaucoup.
J. Michelet, Journal,append., 1849-1860, p. 578.
6. On écrit comme on accouche; on ne peut pas s'empêcher de faire l'effort suprême.
S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 121.
Rem. 1. La lang. mod. forme habituellement le passé avec l'auxil. avoir : ,,Il y a maintenant trois mois que j'ai accouché de mon dernier enfant...`` (G. de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, L'Inutile beauté, 1890, p. 1147). Au xixes., l'auxil. être est plus fréq.; en 1810 l'emploi de avoir était considéré comme fautif par les puristes :
exe7. Accoucher. Mettre un enfant au monde : Cette femme a accouché dites, cette femme est accouchée. Le chirurgien accouche, la femme est accouchée. Dans le premier cas, le verbe est actif; dans le second, il est neutre, c'est-à-dire, sans régime.
E. Molard, Le Mauvais langage corrigé, 1810, p. 7.
L'auxil. être se rencontre au xxes., mais est considéré comme littér. : ,,Mon cher Jean, Cécile est accouchée hier d'une fille...`` (R. Martin du Gard, Jean Barois, 1913, p. 306). On peut penser en outre qu'entre avoir et être il y a une nuance d'aspect, le premier exprimant plutôt l'événement comme tel, le second ajoutant une nuance d'achèvement et d'état résultant de l'événement achevé.
Rem. 2. Syntagmes fréq. : a) accoucher d'un garçon, d'une fille (ex. 1); - de son premier enfant (R. Rolland, Beethoven, Les Grandes époques créatrices, t. 2, 1903, p. 570); - d'un enfant mort (H. Queffelec, Le Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 38); - de trois jumeaux (G. Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, 1918, II, 7, p. 909); b) - difficilement; - facilement; - à terme; - avant terme; - sans douleurs (J.-K. Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 264); nouvellement accouchée; heureusement accouchée; c) - au forceps. L'expr. plais. accoucher par l'oreille (ex. 5) est une allus. à une réplique d'Arnolphe dans l'École des femmes (Molière, [1662], Paris, Hachette, 1910, I, 1, p. 170).