2. Au fig., fréq. [Le compl. introd. par à désigne une chose abstr.; l'obj. dir. désigne une pers. ou son esprit, ses pensées, etc.] :
7. « Je vous affirme que nous continuons à penser, et même que nos pensées s'élèvent assez haut. Mais elles ne se perdent plus dans les nuages, et c'est un incontestable progrès. Nous les asservissons à des besoins précis. »
R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 513.
SYNT. Asservir à des fins, à des besoins, à des devoirs (lois, règles); asservir aux volontés de qqn.
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Rare. Asservir à suivi de l'inf.Mettre dans l'obligation de : 8. Mais si dans la démarche de ta stupidité tu t'y trompes, et de voir les hommes chérir la bouilloire du soir, tu l'honores pour elle-même et asservis l'homme à la forger, alors il n'est plus d'hommes pour l'aimer et tu as ruiné l'un et l'autre.
Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 706.
3. P. anal. [Suj. et obj. désignent des choses concr.] :
9. Une tige pouvait rejoindre tous les robinets, les asservir à un mouvement unique. De sorte qu'une fois l'appareil en place, il suffisait de toucher un bouton dissimulé dans la boiserie, pour que toutes les cannelles, tournées en même temps, remplissent de liqueur les imperceptibles gobelets placés au-dessous d'elles.
Huysmans, À rebours,1884, p. 62.
Rem. 1. On rencontre except. la constr. vieillie asservir qqc. contre qqc., mettre de force contre :
10. Quand il a trouvé l'ours, et qu'il est aux prises avec lui; tandis que celui-ci le serre des deux pattes de devant, tâche de l'étouffer, de le déchirer avec ses ongles, du bras gauche il commence, pour n'en être pas dévoré, par lui asservir la tête contre son épaule; ensuite de l'autre main tirant son poignard, il le lui enfonce dans les reins, jusqu'à ce que la bête, qui pousse de vains hurlements, car elle ne saurait le mordre, tombe à ses pieds vide de sang, ou vaincue par la douleur.
Dusaulx, Voyage à Barège,t. 2,1796, p. 187.
Rem. 2. L'obj. second. peut être un pron. réfl. :
11. ... une cité ayant subjugué une cité, elle se l'asservit, et en composa une province; et deux provinces s'étant englouties, il s'en forma un royaume : ...
Volney, Les Ruines,1791, p. 69.
12. L'histoire est une terre stérile où la bruyère ne pousse pas. L'homme d'aujourd'hui a choisi l'histoire cependant et il ne pouvait ni ne devait s'en détourner. Mais au lieu de se l'asservir, il consent tous les jours un peu plus à en être l'esclave.
Camus, L'Été,1954, p. 86.