etc.
a) [Autorité par voie légale] Pouvoir légalement conféré à une personne, à un groupe humain de régir l'ensemble ou une partie du corps social, de régler les affaires publiques. L'autorité de l'État, du roi : 2. Les voilà donc enfin, ces ministres audacieux, décriés par leur ineptie, avilis par leurs déprédations, abhorrés par leurs excès, et proscrits par l'indignation publique! Traîtres à leur maître, traîtres à leur pays, ils ont, à force de forfaits, compromis l'autorité, et poussé l'État sur le bord de l'abîme. Naguère encore leurs lâches suppôts répétaient, avec insolence, que les Monarques ne tiennent leur pouvoir que de Dieu et de leur épée, qu'ils sont maîtres de leur sujets, comme un berger est maître de ses moutons, (...). (...) le temps est passé, où l'homme abruti se croyait esclave. Honteux de leurs funestes maximes, les suppôts de la tyrannie gardent le silence; de toutes parts les sages élèvent la voix, ils répètent aux Monarques, qu'en tout état, la souveraine puissance réside dans le corps de la Nation, que de lui émane toute autorité légitime, que les princes ont été établis pour faire observer les loix, qu'ils y sont soumis eux-mêmes, qu'ils ne règnent que par la justice, et qu'ils la doivent au dernier de leurs sujets.
Marat, Les Pamphlets,Offrande à la Patrie, 1789, pp. 2-3.
3. Là où le pouvoir suprême, la souveraineté, appartient à tous ou à plusieurs, la société est démocratique ou aristocratique; là où un seul est souverain et n'a au-dessous de lui que des pouvoirs subordonnés, elle est monarchique. Mais toujours faut-il une souveraineté, un pouvoir suprême qui ait le droit de commander et à qui l'on doive obéir, pour qu'il existe une société quelconque : et déjà l'on conçoit que toute secte qui refuse de reconnoître un pareil pouvoir, qui nie l'autorité et proclame l'indépendance individuelle, n'est point une société, ...
Lamennais, De la Religion,2epart., 1826, p. 56.
4. ... une diversité de races sociales est alors reconnue à la base de la hiérarchie des fonctions sociales et des relations d'autorité, qu'il s'agisse de l'autorité politique dans l'état ou des autres sortes d'autorité qui interviennent dans la vie sociale et économique du pays. On peut dire qu'au Moyen Âge, l'autorité temporelle était conçue avant tout selon le type de l'autorité paternelle dans les conceptions elles-mêmes sacrales de la famille, (...). (...) le père exerce son autorité comme une fonction sacrée, et revêt pour ainsi dire la personne de Dieu. Le sacre du roi le constitue père de la multitude, et confirme dans l'ordre de la grâce son autorité naturelle de chef de la cité, en attestant qu'il gouverne au temporel au nom du souverain roi.
Maritain, Humanisme intégral,1936, pp. 163-164.
♦ Principe d'autorité (cf. Flaubert, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 241; Barrès, Mes cahiers, t. 6, 1908, p. 295).
♦ Régime d'autorité (cf. Bainville, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 226 : ... un régime à poigne, un régime d'autorité).
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[L'autorité légale dans ses manifestations extérieures] Une autorité sans bornes, gouverner avec autorité, représenter l'autorité : 5. Les traits de rudesse et de tristesse qui l'obscurcissent lui sont imprimés par l'ennui, mais surtout par une position toujours fausse vis-à-vis de la Nation et par la comédie nécessaire de l'autorité. L'autorité absolue qu'exerce un homme le contraint à une perpétuelle réserve. Il ne peut dérider son front devant ses inférieurs, sans leur laisser prendre une familiarité qui porte atteinte à son pouvoir. Il se retranche l'abandon et la causerie amicale, de peur qu'on ne prenne acte contre lui de quelque aveu de la vie ou de quelque faiblesse qui serait de mauvais exemple.
Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 25.
6. Aurelle imagina les cheveux gris également divisés, les traits fins du général, l'or et la pourpre des parements souillés par la boue ignoble des batailles. « Tant de dignité aisée, pensait-il, tant d'autorité courtoise, et demain une charogne que les soldats fouleront aux pieds sans le savoir. »
Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 164.
♦ Acte, coup d'autorité. Coup de force manifestant l'exercice d'une autorité absolue (cf. Baudry des lozières Voyage à la Louisiane, 1802, p. 280 : ... injustices (...) coups d'autorité).
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P. méton. ♦
Personne, groupe de personnes qui exerce légalement une certaine autorité à l'échelon national ou local. Les autorités compétentes, constituées, locales : 7. Les bruits des pas et des voix, le grondement des élèves se levant tous à la fois à l'entrée des autorités, − il entendait tout cela, et l'incertitude et l'anxiété l'affolaient. Et ces bruits se répétaient de proche en proche. Voici que ces messieurs entraient dans la salle voisine. Enfin c'était le tour de la classe de Léniot. Les autorités, en redingote et en chapeau haut de forme, faisaient leur entrée; les élèves et le professeur se levaient. « Asseyez-vous, messieurs », disait le Préfet des études qui prenait un air solennel.
Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 50.
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Mod. Organisme d'intérêt économique, scientifique, etc. qui exerce officiellement une certaine autorité à l'échelon national ou international : 8. Il propose que toutes les étapes dangereuses (du point de vue de la fabrication des armes atomiques) soient soustraites à la compétence des états et confiées à une autorité internationale. Cette autorité serait propriétaire des mines et des matériaux nucléaires et aurait la gestion des usines de production de combustibles nucléaires, ainsi que des piles productrices d'énergie, tandis que des inspecteurs internationaux auraient pour mission de déceler les activités clandestines éventuelles. (...) L'autorité envisagée devait être un organisme supranational possédant en propre une grande industrie, l'exploitant et la développant au nom et dans l'intérêt de toutes les nations; en somme, un échantillon de gouvernement mondial dans une affaire de portée mondiale.
Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, pp. 65-66.
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P. ext. Force de tout acte émanant d'une autorité. Les coutumes locales et arbitraires cédaient à l'autorité générale des ordonnances des princes, à l'autorité savante de la jurisprudence romaine. (Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 27).SYNT. a) Autorité + adj. : autorité centrale, civile, despotique, directe, économique, étrangère, illimitée, légale, militaire, monarchique, municipale, nationale, nécessaire, nulle, publique, responsable, royale, sociale, souveraine, suprême; adj. + autorité : grande, haute, pleine autorité. b) Autorité + des/du + subst. : autorité du comité, des institutions, du patron, du pays; subst. + d'autorité : par voie d'autorité; subst. + de l'autorité : agent, dépositaires, exercice, habitude, représentant, respect, source de l'autorité; subst. + des autorités : intervention des autorités; c) Verbe + autorité : donner autorité (à); verbe + son/l'autorité : admettre, affirmer, conférer, conserver, défendre, établir, étendre, perdre, reconnaître, rejeter, respecter, rétablir, tenir son/l'autorité; verbe + de son/l'autorité : abuser, s'affranchir, revêtir, user de son/l'autorité; verbe + à l'autorité : se soumettre, se soustraire à l'autorité; verbe + aux autorités : s'adresser, faire appel aux autorités. − PARAD. a) (Quasi-)synon. absolutisme, autocratie, césarisme, commandement, despotisme, dictature, domination, férule, majesté, omnipotence, oppression, ordre, suprématie, totalitarisme. b) Anton. anarchie, assujettissement, impuissance, liberté, servitude, soumission, subordination, sujétion.
b) En partic., péj. [Autorité contraire à la loi] Pouvoir qu'une personne s'attribue par voie illégale. Abus d'autorité : 9. Tandis que la tyrannie s'étoit glissée à Athènes, elle avoit aussi levé l'étendard en Sicile. Tranquille possesseur d'une autorité usurpée par la ruse, Denys l'Ancien soutint trente-huit années sa puissance par des vices et des vertus; avec les premiers il extermina ses ennemis; avec les secondes il rendit son joug supportable : en cela, comme Auguste, il proscrivit et régna.
Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 125.
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P. méton. Personne qui exerce le pouvoir illégalement : 10. Mon fils, sommé par l'autorité et en vertu d'un décret du tyran, d'aller prêter le serment de fidélité, s'est présenté, d'après mes conseils, avec plusieurs de ses camarades à la sous-préfecture, pour déclarer qu'il ne pouvait pas prêter un serment contraire à l'honneur et à la conscience. (...) Il est venu dîner avec ses camarades, satisfaits de leur démarche et de la réponse du Sous-Préfet. Nos révolutionnaires se sont grossièrement trompés, et quoique leur erreur soit bien funeste pour notre repos et recule peut-être de plusieurs années nos progrès vers le bien, elle leur coûtera peut-être encore plus cher qu'à nous. Ils se sont fait une illusion complète sur les dispositions et les sentiments des Français en général, lorsqu'ils ont espéré d'associer la multitude à leurs fureurs, à toutes leurs passions insensées et féroces, à leur haine invétérée pour toute autorité légitime; ...
Maine de Biran, Journal,1815, pp. 90-91.
SYNT. Verbe + l'autorité : usurper, prendre l'autorité. − PARAD. (Quasi-)synon. arbitraire, contrainte.
c) Parfois péj. [Autorité sans réf. à la loi, à la légalité] Pouvoir qu'une personne s'attribue sans ratification officielle. ♦
(Agir) de sa propre autorité. (Agir) de son propre chef, sans référence au droit positif, sans consulter personne : 11. Ce Wallstein, à la vérité, ne porta jamais les armes que pour la maison d'Autriche : mais l'armée qu'il commandait était à lui, réunie en son nom, payée par ses ordres, et avec les contributions qu'il levait sur l'Allemagne, de sa propre autorité. Il négociait comme un potentat, du sein de son camp, avec les monarques ennemis de l'empereur. Il voulut enfin s'assurer, de droit, l'indépendance dont il jouissait de fait; et s'il échoua dans cette entreprise, il ne faut pas attribuer sa chute à l'insuffisance des moyens dont il disposait, mais aux fautes que lui fit commettre un mélange bizarre de superstition et d'incertitude.
Constant, Wallstein,1809, p. IX.
♦ (Agir) d'autorité (cf. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1824, p. 143 : agir de force et d'autorité);(Agir) de son propre chef, sans référence au droit positif, sans consulter personne. (agir) de son autorité privée (cf. Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 81).(Agir) de son propre chef, sans référence au droit positif, sans consulter personne.