a) Domaine
relig. (en signe d'humilité et d'adoration à l'égard de Dieu, d'un être divin) :
4. Je la suppliais de chercher dans une religion tendre et nourrissante, dans l'ombre des églises, dans la foi mystérieuse de ce Christ, le dieu des larmes, dans l'agenouillement et dans l'invocation, les espérances plus rapprochées, les consolations et les douceurs que j'y avais goûtées moi-même dans mon enfance.
A. de Lamartine, Raphaël,1849, p. 242.
5. Elle apprenait aussi par cœur les psaumes dans l'Ancien Testament, les épîtres de saint Paul dans le Nouveau. Le père Sibilla lui retrancha ces exercices, les remplaçant par des invocations, des oraisons, des prosternements, des agenouillements d'une demi-heure, toute une basse et mécanique pratique, un entraînement de piété matériel et physique.
E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais,1869, p. 230.
6. Les oraisons balbutiées, les agenouillements, les salutations, ces paroles et ces gestes vagues sans cesse répétés, la berçaient, lui semblaient l'unique langage, toujours la même passion, traduite par le même mot ou le même signe. Elle avait le besoin de croire, elle était ravie dans la charité divine.
É. Zola, Une page d'amour,1878, p. 922.
7. ... les versets de la messe alternaient avec les agenouillements ou les relèvements de l'assistance...
É. Estaunié, Bonne dame,1891, p. 53.
8. − Le Moyen Âge, mon enfant, c'était une immense Église comme on n'en verra plus jusqu'à ce que Dieu revienne sur terre, − un lieu de prières aussi vaste que tout l'Occident et bâti sur dix siècles d'extase qui font penser aux dix commandements du Sabaoth! C'était l'agenouillement universel dans l'adoration ou dans la terreur. Les blasphémateurs eux-mêmes et les sanguinaires étaient à genoux, parce qu'il n'y avait pas d'autre attitude en la présence du crucifié redoutable qui devait juger tous les hommes...
L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 121.
9. Et c'étaient des répétitions ininterrompues, des salutations médiocres ou profondes, des agenouillements, sur la première ou sur la dernière marche de l'autel...
J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 17.
10. Désormais Racine se fortifie dans la dévotion. Peut-être en a-t-il d'abord accompli surtout les gestes; ce n'est pas hypocrisie que d'incliner « l'automate », comme le veut Pascal. Il dépendait de lui de prendre une attitude pieuse, et ainsi qu'il arrive la piété fut en lui le fruit de l'agenouillement.
F. Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 156.
11. Cet hérétique me disait un jour que Dieu n'a nul souci de nos agenouillements d'esclaves et qu'il veut que nous rejetions cette croix imaginaire dont la tradition nous charge les épaules.
J. Green, Journal,1933, p. 160.
b) Domaine de
l'amour profane (avec un sentiment de soumission envers une pers. aimée passionnément) :
12. Ces Orientaux donnaient, (...) l'idéal de ce qu'ils cherchent chez la femme : un joli petit animal, qu'on enveloppe avec la caresse tombante d'une main. En effet, n'avons-nous pas vu les Japonaises de la Grande Exposition expliquer la phrase du Japonais viennois avec leurs rampements, leurs agenouillements, leurs gracieuses attaches au sol, leurs mouvements de jolis quadrupèdes, leur habitude enfin de se faire toutes ramassées, toutes pelotonnées, toutes exiguës?
E. et J. de Goncourt, Journal,août 1873, p. 943.
13. Croyez-vous, monsieur, qu'on puisse toujours résister, toujours lutter, toujours refuser ce que demande avec des prières, des supplications, des larmes, des paroles affolantes, des agenouillements, des emportements de passion, l'homme qu'on adore, qu'on voudrait voir heureux en ses moindres désirs, qu'on voudrait accabler de toutes les joies possibles et qu'on désespère, pour obéir à l'honneur du monde?
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Attente, 1883, p. 407.
14. − Pas ici! se dirent en souriant les amants. Ils se le dirent la bouche sur la bouche, dans des embrassements, des enlacements et des agenouillements. Ils se le disaient encore quand Hippolyte Cérès entra dans le salon.
A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 369.