1. Activité ayant pour objet : principalement la culture des terres en vue de la production des végétaux utiles à l'homme et à l'élevage des animaux; accessoirement l'élevage des animaux. Ensemble des moyens nécessaires à cette production : 1. ... alors que les hommes commencèrent de se réunir en société, ce fut pour eux une nécessité d'étendre leurs moyens de subsistance, et par conséquent de s'adonner à l'agriculture : or l'agriculture, pour être exercée, exigea l'observation et la connaissance des cieux. Il fallut connaître le retour périodique des mêmes opérations de la nature, des mêmes phénomènes de la voûte des cieux; en un mot, il fallut régler la durée, la succession des saisons, des mois, de l'année.
C.-F. de Volney, Les Ruines,1791, pp. 223-224.
2. ... lorsque Raynal a dit du commerce, l'opposant à l'agriculture et aux arts : le commerce ne produit rien par lui-même, il ne s'était pas formé une idée complète du phénomène de la production. Raynal a commis dans cette occasion, relativement au commerce, la même erreur que les économistes relativement au commerce et aux manufactures. Ils disaient : l'agriculture seule produit; Raynal prétend que l'agriculture et les arts industriels seuls produisent. Il se trompe un peu moins, mais se trompe encore.
J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 63.
3. Est-ce un sermon, mon cher Forlis, que vous avez prétendu nous faire? Et l'agriculture dans la bouche d'un paysan! C'est un mot qui n'est connu que dans les villes. Si vous alliez dire à un laboureur qu'Il s'occupe d'agriculture, il serait aussi étonné que le bourgeois gentilhomme quand on lui apprend qu'il fait de la prose.
T. Leclercq, Proverbes dramatiques,La Répétition d'un proverbe ou Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, 1835, 5, p. 388.
4. « L'agriculture fut une suite naturelle de la multiplication du genre humain, et l'agriculture, à son tour, favorisa la population, et rendit nécessaire l'établissement d'une propriété permanente; car qui voudrait se donner la peine de labourer et de semer, s'il n'avait la certitude de recueillir? » (...)
« L'agriculture ne fut pas seule suffisante pour établir la propriété permanente; il fallut des lois positives, des magistrats pour les faire exécuter; en un mot, il fallut l'état civil. »
« La multiplication du genre humain avait rendu l'agriculture nécessaire; le besoin d'assurer au cultivateur les fruits de son travail fit sentir la nécessité d'une propriété permanente, et des lois pour protéger. »
P.-J. Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 182.
5. Le peuple grec (...) prétend qu'il n'est pas né pour l'agriculture : je crains bien qu'il n'ait raison. L'agriculture réclame plus de patience, plus de persévérance, plus d'esprit de suite que les Hellènes n'en ont jamais eu.
E. About, La Grèce contemporaine,1854, p. 63.
6. « Et qu'aurais-je à faire, Messieurs, de vous démontrer ici l'utilité de l'agriculture? Qui donc pourvoit à nos besoins? Qui donc fournit à notre subsistance? N'est-ce pas l'agriculteur?
G. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 166.
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P. ext. a) Ensemble des personnes et des exploitations consacrées à cette activité : 7. Certainement, on finira par se résoudre à diminuer, au moins momentanément, les droits sur les blés étrangers, ce qui sera, d'ailleurs, déplorable et portera un coup très sensible à l'agriculture française, déjà si profondément atteinte.
F. Coppée, La Bonne souffrance,1898, pp. 43-44.
b) Ensemble des techniques de culture agricole : 8. Il s'en faut cependant de beaucoup que les méthodes modernes d'agriculture aient été adoptées par l'ensemble des paysans. Ils continuent à travailler la terre, à faire la moisson et à fouler le blé avec les moyens primitifs et d'un savoureux pittoresque que j'ai décrits plusieurs fois dans ce livre. C'est heureux pour nous, spectateurs, ce l'est peut-être moins pour eux, bien que de si vieilles habitudes aient accoutumé les hommes aux mêmes efforts, avec la même lenteur.
A. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 8.
2. En partic. L'activité agricole en tant que type d'activité humaine : 9. Seule, la vie sédentaire, directement ou indirectement, donne consistance à l'occupation du sol. Or l'agriculture est le seul régime qui ait à l'origine permis de cohabiter sur un point fixe et d'y concentrer le nécessaire pour l'existence. Toutefois n'est pas agriculteur celui qui, après avoir brûlé l'herbe, jette quelques poignées de grains et s'éloigne; mais celui qui amasse et fait des réserves. Le pasteur, dans les régions arides, essaie de faire subsister sans provisions assemblées d'avance, à la fortune des saisons, le plus d'animaux possible.
P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 37.
10. ... Turgot, convaincu, comme l'avait été Sully, que l'agriculture était à la base de la richesse nationale, cherchait à la favoriser de diverses manières et en même temps à remédier au fléau des disettes par la liberté du commerce des blés. Là, il ne se heurta pas seulement aux intérêts, mais aux préjugés. Il fut accusé, lui, l'honnête homme, de faire sortir le grain du royaume comme Louis XV l'avait été du « pacte de famine ». Dans son programme de liberté, Turgot touchait d'ailleurs à d'autres privilèges, ceux des corporations de métiers, ce qui provoquait les colères du petit commerce. Ses préférences pour l'agriculture lui valaient aussi le ressentiment de l'industrie et de la finance.
J. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 10.