A.− ANAT. Creux situé au-dessous de la jonction du bras avec l'épaule : 1. Les deux races dont elle procède ne sont pas mêlées en elle, mais marquées sur différentes parties de son corps. Le sein blanc, comme sa mère de race anglaise; le ventre et les fesses un peu bruns comme son père languedocien. Les cuisses ont moins de finesse de peau que les jambes, qui sont très blanches (de sa mère?). Le poil noir des bras, brun du ventre et le poil un peu roux des aisselles semblent réunir leurs couleurs diverses dans ses jolis cheveux d'un châtain chatoyant.
J. Michelet, Journal,août 1857, pp. 349-350.
2. ... auprès des bifurcations des branches, des trous bâillent, des orifices où l'écorce fait bourrelet sur des entailles en ovale, des hiatus plissés qui simulent d'immondes émonctoires ou des natures béantes de bêtes. Ce sont encore, à des coudes de branches, d'autres visions, des fosses de dessous de bras, des aiselles frisées en lichen gris; ...
J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 20.
3. − « Et là, ça te fait mal? » Il palpe l'avant-bras gonflé, puis le bras jusqu'aux ganglions enflammés de l'aisselle.
− « Pas très... », murmure le petit, qui s'est raidi et ne quitte pas son aîné des yeux.
− « Si », fait Antoine, d'un ton bourru. « Mais je vois que tu es un bonhomme courageux. »
R. Martin du Gard, Les Thibault,La Consultation, 1928, p. 1053.
4. Il y avait un paradis terrestre, mais non pas taillé dans l'étoffe molle de la rêverie, mais non pas viande creuse de symbole, − mais au contraire avec ses feuilles vertes de vrais arbres, le délice rafraîchissant de ses vraies eaux et logé, comme au creux d'une aisselle, à la flexion d'une aine, dans un repli ineffable du monde vierge.
J. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 65.
5. Ils se turent et considérèrent le mort avec embarras.
− Qu'est-ce qu'on en fait? On le porte en terre?
− Y a plus rien d'autre à faire.
Ils le prirent aux aisselles et sous les genoux. Il leur souriait toujours mais, de minute en minute, il avait l'air plus mort.
J.-P. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 102.
Rem. 1. Aisselle est le terme empl. en anat. où il a pour synon. plus sav. creux axillaire. La lang. cour. le désigne aussi par dessous de bras (ex. 2). 2. Assoc. rencontrées creux de l'aisselle (ex 4), glandes de l'aisselle (G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. 4, 1805, p. 103), ganglions de l'aisselle (ex. 3), muscles de l'aisselle (G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. 2, 1805, p. 264), odeur d'aisselle (M. Aymé, La Jument verte, 1933, p. 262), poil des aisselles (ex. 1), sueur de l'aisselle (J. Renard, Journal, 1903, p. 845), se raser une aisselle après l'autre (S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 325).
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Spécialement 1. Arg. Blague sous les aisselles : 6. Blague sous les aisselles. Expression de l'argot des ouvriers, pour signifier (...) qu'ils vont parler sérieusement, et pour inviter (...) à en faire autant.
A. Delvau, Dict. de la langue verte,1866, p. 35.
2. Par métaph. Aisselle peut désigner un lieu situé dans un angle ou dans un creux intime et caché du paysage : 7. Cent mètres plus loin, dans l'aisselle de la jetée, Pastecchi tient bal et débit de boissons.
Colette, La Naissance du jour,1928, p. 60.
8. Soudain, dans un fouillis d'arbres, un pan de mur apparut. Un mur, un toit, toute une maison. Deux, trois maisons, plusieurs maisons l'une après l'autre, séparées l'une de l'autre par une épaisseur de feuilles, comme des fruits dans un panier. Tout un petit village se blottissait ainsi dans l'aisselle de la terre.
J. Romains, Les Copains,1913, p. 113.
9. L'église de Cervatos, comme celle de Lebena, est à l'écart de la route, dans l'aisselle d'un coteau aride, et l'on n'y accède que par un sentier. Tout est pauvre autour d'elle : le petit village aux maisons basses, sous des toits galeux de lichens; une ligne de poteaux électriques faits de troncs d'arbres tordus, blancs et lisses comme de vieux os; et tout près de l'église, des ormeaux ébranchés par le vent qui, d'un bout à l'autre de l'année, comme aujourd'hui, se rue à travers ce territoire désolé. Quelle grandeur ont ces paysages nus, et comme ils font comprendre l'âme du pays!
A. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 321.