ARDILLON, subst. masc.
TECHNOL. Pointe fixée sur la boucle d'une ceinture, d'un ceinturon ou d'une sangle, pour en assurer la fermeture en pénétrant dans un des trous de la courroie : 1. Le Matamore, soigneux de sa maigreur, semblait enchanté, car il venait de resserrer son ceinturon d'un point, et l'ardillon de la boucle claquait librement dans le trou du cuir.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 63.
2. brindosier. − Il est d'une matière merveilleuse et sans prix qui s'appelle celluloïde.
hélène. − On dirait de l'ivoire mais c'est cent fois plus beau!
Comment lui a-t-on donné cette couleur rose? Il semble un ruban de soie et l'on voit la boucle et les trois trous pour l'ardillon imités avec un art merveilleux.
Claudel, Protée,1914, II, 3, p. 346.
− Proverbial. Il n'y manque pas un ardillon. Il ne manque absolument rien (à un équipement).
− IMPR. Ardillon (de pointure). ,,Petite pointe fixée après le tympan de la presse à bras (extrémité de la pointure) qui sert au premier tirage à percer des trous dans la feuille de papier.`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. de l'impr.]).
−
PÊCHE. Partie terminale de l'hameçon : 3. Cinq fois, dix fois il [l'homme] arrête la ruée, remonte la bête presque à ses pieds. Cinq fois, dix fois elle repart vers le large (...). Jusqu'à l'instant (...) que le brochet (...) va enfin s'avouer vaincu (...) il le verra (...) la gueule béante secouer (...) l'hameçon forgé qui poignarde sa lèvre, l'horrible et cruel ardillon, ...
Genevoix, Routes de l'aventure,1958, p. 162.
PRONONC. : [aʀdijɔ
̃]. Les dict. ant. à Passy 1914 ont à la place du [j] un l mouillé (gén. géminé), à l'exception de Land. 1834.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1231 hardillon « petite corde » (Eustache le Moine, 701, Michel ds Gdf. : El col li mist le hardillon); [-1795 région. ardillon « corde pour attacher les bêtes à l'écurie » (Charleville, Feuille du cultivateur d'apr. FEW t. 16, p. 153 b)]; 2. av. 1265 hardilon « pointe servant à arrêter une boucle » (J. de Garl., Gloss., Scheler ds Gdf. Compl. : Lingula, de lingua, dicitur gallice hardillon); 1444 ardillon (Le Droit Actour des Dames, vers 314, éd. Werner Mulertt ds Z. rom. Philol. t. 55, p. 491).
Dér. de l'a.b.frq. *hard « fils tordus » (FEW t. 16, pp. 153-154); cf. hart « lien »; suff. dimin. -illon (-ille*; -on*); l'emploi de petites branches flexibles, pour attacher ou lier pourrait expliquer l'évolution qui a conduit au sens 2 du dérivé, ou bien hardillon a pu d'abord désigner une cordelette ou une languette de cuir (cf. supra lingula) qui sert à attacher les deux extrémités d'une ceinture et, la boucle remplissant un office semblable, sa pointe a pu prendre ce nom.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 12.
BBG. − Chesn. 1857. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 70, 84. − Laborde 1872. − Leloir 1961. − Pollet 1970. − Séguy 1967.