1. Rare. [Le compl. désigne des pers., les puissants, des ennemis, ou bien, p. méton., une chose abstr., la puissance, l'autorité (de qqn, d'un pays)] Abattre, écraser, réduire à néant : 3. Nous serons pauvres à deux, mais c'est être riche. On a tant vanté le vrai bonheur dans les livres roses et dans les romances qu'on n'ose vraiment plus croire, ni dire, de crainte d'être banal, qu'il y a des baisers qui valent des pièces de cinq francs et des regards qui valent des billets de mille francs. C'est très triste, vraiment. Enfin, il est une raison qui vaut mieux que toutes celles-là et qui atterre toute objection : « Nous nous aimons! » Comprenne cela qui voudra. Tu aimes, tu le sentiras.
Mallarmé, Correspondance,1862, p. 56.
2. Cour. [Le compl. d'obj. dir. désigne toujours une pers. ou une collectivité; fréq. au passif] Accabler quelqu'un; le mettre dans un état de consternation et d'affliction profondes (avec parfois une idée d'effroi) : 4. Atterré d'un tel accueil, confondu, devenu stupide, et comme un homme sur qui la foudre vient d'éclater et qu'elle aurait privé de tout sentiment, j'ai reculé pour reprendre la route que je venais de franchir...
Latouche, L'Héritier, Dernières lettres de deux amans de Barcelone,1821, p. 105.
Rem. Dans l'ex. suiv., un emploi rare de atterré qui s'applique aux yeux et signifie « rempli d'atterrement » :
5. Les pauvres yeux atterrés se firent violence pour retenir leurs grosses larmes.
De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 404.
SYNT. Le dégoût, une idée, des mots, la mort, un regard, un spectacle atterrent; le désespoir atterre ma pensée; être atterré d'un tel accueil, par un dernier coup, d'un malheur si grand, du succès de qqn, sous une révélation soudaine, de tant d'audace, d'apprendre la disparition d'un ami.