A.− DR. Personne qui, étant inscrite au barreau, fait profession de ,,défendre devant les tribunaux, soit oralement, soit par écrit, l'honneur, la vie, la liberté et les intérêts des justiciables et à les éclairer de ses conseils`` (Barr. 1967) : 1. Le baron de Rastignac veut-il être avocat? Oh! joli. Il faut pâtir pendant dix ans, dépenser mille francs par mois, avoir une bibliothèque, un cabinet, aller dans le monde, baiser la robe d'un avoué pour avoir des causes, balayer le palais avec sa langue. Si ce métier vous menait à bien, je ne dirais pas non; mais trouvez-moi dans Paris cinq avocats qui, à cinquante ans, gagnent plus de cinquante mille francs par an? Bah! plutôt que de m'amoindrir ainsi l'âme, j'aimerais mieux me faire corsaire.
Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 122.
2. Titre. − ,,Seuls ont droit au titre d'avocat les licenciés en droit qui sont régulièrement inscrits au tableau ou au siège du barreau d'une cour d'appel ou d'un tribunal de grande instance. Ils doivent faire suivre leur titre d'avocat de la mention de ce barreau (décr. 10 avr. 1954, préc., art. 5)``. − Avocat stagiaire. ,,Le licencié en droit admis au stage ne peut prendre le titre d'avocat qu'en le faisant suivre du mot « stagiaire » (décr. 10 avr. 1954, art. 26)``.
Nouv. répertoire de dr., Paris, Dalloz, t. 1, 1962, § 9.
Rem. 1. Quand il s'agit d'une femme inscrite au barreau, on emploie gén. dans les textes officiels la forme masc.; la forme fém. avocate appartient à la lang. parlée. 2. D'apr. Besch. 1845 avocate se disait rarement pour désigner la femme d'un avocat (cf. infra III rem.).
♦ Avocat conseil. ,,Avocat (...) attaché à une entreprise et chargé de la défense de ses intérêts`` (Mét. 1955); (Aymé, La Jument verte, 1933, p. 125).
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Avocat consultant. Celui qui donne des consultations et des avis écrits sur les affaires litigieuses (cf. Balzac, La Cousine Bette, 1846, p. 327). Rem. Attesté ds les princ. dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
♦
Avocat [désigné] d'office. Avocat que le bâtonnier désigne pour assurer gratuitement la défense de quelqu'un, sur simple demande de l'intéressé en matière criminelle et correctionnelle, et après décision du bureau d'assistance judiciaire en matière civile et commerciale : 3. Gilbert refusa de choisir un avocat. Celui qui lui fut désigné d'office était un gros garçon, exubérant, avide de se mettre en valeur et passablement sot, ...
Arland, L'Ordre,1929, p. 438.
♦ Avocat plaidant. Exerçant entièrement la profession d'avocat, notamment la plaidoirie (cf. Balzac, Les Illusions perdues, 1843, p. 583).
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Avocat sans causes. Qui n'a pas de clients, n'a pas d'affaires à plaider : 4. Le jeune avocat sans causes, le jeune médecin sans clients, sont les deux plus grandes expressions du désespoir décent, particulier à la ville de Paris, ce désespoir muet et froid, vêtu d'un habit et d'un pantalon noirs à coutures blanchies qui rappellent le zinc de la mansarde, d'un gilet de satin luisant, d'un chapeau ménagé saintement, de vieux gants et de chemises en calicot. C'est un poème de tristesse, sombre comme les secrets de la Conciergerie.
Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 166.
Rem. On dit ou on a dit aussi p. iron. ou plais. avocat de balle (Besch. 1845), avocat de causes perdues (Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.), avocat sans lois (Besch. 1845), avocat des mouches (Ibid.), avocat de Pilate (Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.), avocat de Ponce Pilate (Littré, Guérin 1892), avocat de Térence (Besch. 1845), avocat à tort (Besch. 1845), avocat sous l'orme (DG).
SYNT. Avocat au barreau de..., du barreau de...; avocat à la Cour; avocat de la défense. Ordre des avocats; Avocat célèbre, éloquent, nommé, véreux; bon, grand, habile, jeune, petit, vieil avocat; cabinet, consultation, métier, plaidoirie, profession, robe, serviette, titre d'avocat; l'avocat consulte, plaide, parle; choisir, consulter un avocat.
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Spécialement 1. HIST. GÉN. Avocat au Parlement. Avocat qui avait le droit de plaider au Parlement (cf. Arts et litt. dans la société contemp., 1936, p. 8402). Avocat en Parlement. Avocat qui avait le titre mais n'exerçait pas sa profession (cf. Marat, Les Pamphlets, Dénonciation contre Necker, 1790, p. 177).
2. HIST. ECCL. Avocat consistorial. Officier de la Cour de Rome chargé de plaider sur les oppositions formées aux provisions des bénéfices (cf. Stendhal, Vie de Henry Brulard, t. 1, 1836, p. 85).
B.− P. anal. 1. Celui, celle qui défend quelqu'un (en public ou non), qui intercède pour quelqu'un, qui soutient les intérêts, la réputation de quelqu'un auprès de quelqu'un. L'avocate des pécheurs. La Sainte Vierge : 5. Ce n'est pas les articles du Code pénal
Que nous invoquerons dans ce dernier combat.
Nos regards connaîtront un autre Tribunal.
Nos regards chercheront un bien autre Avocat.
Et ce n'est pas de toge et de robe et de toques
Que nous nous couvrirons dans cet abaissement.
Et ce ne sera pas ces porteurs de breloques
Que nous invoquerons pour ce redressement.
Et ce n'est pas du Code et de ses accessoires
Que nous nous couvrirons dans ce recueillement.
Et non plus du Codex et de ses balançoires
Que nous aurons couvert notre dépouillement.
Et nos yeux chercheront pour l'âme scélérate
Une autre couverture, un autre couvrement.
Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement
Le maternel manteau d'une illustre Avocate.
Et nos yeux chercheront pour l'âme candidate
Une autre couverture, un autre couvrement.
Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement
L'éblouissant manteau d'une jeune Avocate.
Et nos yeux chercheront pour l'âme renégate
Une autre couverture, un autre couvrement.
Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement
Le manteau de vertu d'une grande Avocate.
Et nos yeux chercheront pour l'âme lauréate
Une autre couverture, un autre couvrement.
Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement
Le manteau de candeur d'une belle Avocate.
Advocata nostra, ce que nous chercherons,
C'est le recouvrement d'un illustre manteau.
Et spes nostra, salve, ce que nous trouverons,
C'est la porte et l'accès d'un illustre château.
Péguy, Ève,1913, p. 878.
Rem. En ce sens prend normalement un e au fém.; dans l'ex. suiv. la forme masc. indique qu'il s'agit du sens I A empl. p. métaph. :
6. Tout le monde ici t'embrasse tendrement ainsi que la grand'maman de Léopold qui voudra bien sans doute être ma panégyriste et mon avocat auprès de toi, puisque tu ne veux pas être mon interprète près d'elle.
Ton fils dévoué et respectueux, Victor.
Hugo, Correspondance,1823, p. 377.
− Avocat du diable.
a) RELIGION ♦ Lorsqu'il s'agit, dans la congrégation des rites, de traiter de la canonisation de quelque bienheureux... un avocat, nommé : l'avocat du diable, plaide contre le saint, pour prouver qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans tout ce qu'il a fait (Stendhal, Rome, Naples et Florence, t. 2, 1817, p. 377).
♦
Celui qui dans une conférence religieuse en dialogue propose les objections contre la religion. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXes. ainsi que ds DG, Ac. 1932.
b) P. ext., lang. commune. Celui qui (en vue de rechercher la vérité ou par jeu ou par tempérament) défend la cause contraire de celle qui vient d'être soutenue devant lui : 7. Il agissait ainsi dans les moindres détails de l'administration domestique où il ne voyait jamais que le pire côté des choses, se faisant à tout propos l'avocat du diable, suivant une expression de son vieux cocher.
Balzac, Le Lys dans la Vallée,1836, p. 196.
c) Faire l'avocat. ,,Synonyme de baronner. Servir de compère à un complice dans le but de dépouiller une personne difficile à convaincre`` (Le Breton 1960).
2. Celui, celle qui défend quelque chose, en partic. qui se fait le défenseur d'une cause (idée, opinion, parti, système) : 8. De retour en Europe, peu satisfait de cette magnifique position d'empereur chrétien, le premier entre les puissans et les forts, et non pas le maître d'une foule d'esclaves, l'avocat de l'église, et non pas son oppresseur, il [Frédéric II] dépose dans la société les germes des funestes doctrines qui n'ont que trop fructifié depuis.
Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. XXIII.
C.− Au fig. [En parlant d'une chose] Moyen de défense, de justification : 9. « Au vrai, concluait-il [l'Empereur], ... Decrès, après tout, était peut-être encore le meilleur. Il avait du commandement; son administration était rigoureuse et pure. Il avait de l'esprit, et beaucoup, mais seulement pour sa conversation. Il ne créait rien, exécutait mesquinement, marchait et ne voulait pas courir. Il eût pu passer la moitié de son temps dans les ports et sur les flottes d'exercice; je lui en eusse tenu compte; mais, en courtisan, il craignait de s'éloigner de son portefeuille. Il me connaissait mal; il eût été bien mieux défendu là que dans ma cour : son éloignement eût été son meilleur avocat. »
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 600.