A.− [Le suj. désigne une chose placée, avant le début de l'action envisagée, à une certaine hauteur : le soleil, un astre] :
19. Le soleil baissait dans un prodigieux entassement de nuages. La lumière volait à ras de terre; elle frappait et jaillissait dans l'entrechoquement des collines, elle allongeait l'ombre des arbres.
Giono, L'Eau vive,1943p. 260.
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P. ext. [Le suj. désigne une rivière, la mer, etc.] La marée baisse : 20. On dit que la mer baisse pour dire qu'elle opère son mouvement de reflux, qu'elle descend.
Le Clère1960.
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P. anal. [En parlant d'un mouvement seulement apparent] Être progressivement moins haut : 21. Il [Durtal] était arrivé, en devisant, près de Sainte-Anne; alors la rue s'aéra, et les maisons baissèrent, elles n'eurent plus qu'un, que deux étages...
Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 88.
B.− [Le suj. désigne une chose située à une certaine hauteur sur l'échelle des degrés d'intensité, de puissance, de force ou sur l'échelle des valeurs] 1. [Le suj. désigne une source de lumière ou de chaleur] Diminuer d'intensité lumineuse ou thermique; en partic. le jour baisse (parce que le soleil s'abaisse sur l'horizon) : 22. ... et elle défit ses bottines, faisant mine de se chauffer fort au foyer qui baissait.
Verlaine,
Œuvres posthumes,t. 1, Deux mots d'une fille, 1896, p. 314.
23. Comme le jour baissait à la fenêtre et s'obscurcissait d'une tempête de neige, madame de Fontenay s'assoupit, s'endormit dans la pièce toute silencieuse...
A. de Noailles, La Nouvelle espérance,1903, p. 25.
Rem. 1. Cet emploi est une ext. méton. de l'emploi A. 2. P. anal. avec le jour baisse, cf. le syntagme le soir baisse :
24. Le soir baissait, je ne suis entré qu'un instant dans la cathédrale [de Sienne].
Taine, Voyage en Italie,t. 2, 1866, p. 50.
2. [En parlant du vent, de la pression atmosphérique, de la chaleur du corps, etc.] Diminuer de force, d'intensité. La température baisse; le vent qui tourne, monte ou baisse (Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 354).Rem. En parlant du vent, cf. Littré : ,,Terme de marine. (...) se dit du vent quand il passe de l'amont à l'aval.``
− P. méton. Le baromètre baisse.
3. [Le suj. désigne la voix, un chant, etc.] Diminuer d'intensité : 25. ... elle ne criait pas, sa voix semblait attendrie, et baissait parfois jusqu'à n'être plus qu'un chuchotement.
Arland, L'Ordre,1929, p. 460.
4. [Le suj. désigne une faculté ou une qualité humaine, comme la vue, l'intelligence, la santé, la beauté, etc.] Diminuer d'intensité, décliner : 26. Elle [Eugénie] fut sublime de soins et d'attentions pour son vieux père, dont les facultés commençaient à baisser, mais dont l'avarice se soutenait instinctivement.
Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 222.
27. ... sitôt que dans son travail [de l'homme] la sériation est suspendue, on voit son esprit baisser et son intelligence s'éteindre.
Proudhon, La Création de l'ordre dans l'humanité,1843, p. 401.
28. ... Jean-Michel F... s'est tué vendredi dernier. (...) Il y a un tel poids de tristesse sur nous tous, et le pauvre F... a fléchi. (...) Pourquoi ne pas avoir essayé de tenir encore quelques mois? Mais il arrive parfois une heure mauvaise où les forces baissent, où manque tout à coup l'énergie qu'il faut pour imaginer des temps meilleurs.
Green, Journal,1941, p. 76.
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P. méton. [Le suj. désigne une pers., le verbe peut être suivi d'un compl. introd. par de ou en qui précise la qualité en déclin] Baisser dans l'estime de qqn. Décliner : 29. Vieillir sans faire mieux, décliner spirituellement sans se sanctifier, baisser de force sans s'élever de volonté, user sa vie sans réaliser un seul des rêves de sa jeunesse, c'est triste. Perdre ses illusions, sans augmenter ses œuvres, décroître en vertu comme en capacité, c'est affligeant.
Amiel, Journal intime,1866, p. 427.
30. − Tiens! c'est vrai. Je l'avais oublié (...) Ah! décidément, Sigismond Planus se fait vieux (...) Je baisse, mes enfants, je baisse...
A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 293.
31. Il [Sturel] craignit qu'à resserrer son humanité un peu flottante en un nationalisme positif, lui-même ne baissât en générosité.
Barrès, L'Appel au soldat,1900, p. 319.
− VÉN. Baisser de pied [en parlant du chien courant]. Faiblir. Les chiens qui baisseront de pied, on ne les ramènera pas (Genevoix, La Dernière harde,1938, p. 205).P. ext., SP. Baisser de pied Même sens : Faiblir. Menzel (...) paraît voué à la défaite lorsque, soudain, l'Australien baisse de pied (Tennis et golf. 1eraoût 1934 dans A. O. Grubb, French sports neologisms,1937, p. 17).
5. [Le suj. désigne une marchandise, une valeur bancaire, etc.] Diminuer (de prix, de valeur). Baisser de prix; les actions baissent à la Bourse : 32. Hors Paris, les fonds publics ne baissent pas à la nouvelle d'une guerre ou à la menace d'une insurrection civile; mais, à la moindre oscillation de l'État, on cloue la porte du grenier; on creuse un trou dans les champs, et l'argent disparaît de la circulation.
Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 247.
33. Chez Walewski, l'autre jour, Calvet-Rogniat lui demandant pourquoi la rente avait baissé la veille : « Est-ce que je sais pourquoi il y a de la hausse ou de la baisse? Si je le savais, j'aurais fait ma fortune! »
E. et J. de Goncourt, Journal,1863, p. 1255.
♦ Au fig., fam. Les actions d'une personne baissent. Son crédit, son influence diminuent.
− [En parlant des profits] Diminuer (de grosseur), devenir moins abondants.