A.− Vieilli. Opter entre deux directions, prendre une des deux directions offertes au choix. Spéc., ENSEIGN. (
cf. supra I A) :
7. ... en ce temps-là, les élèves de l'Université de France, mis en demeure, au sortir des classes de grammaire, d'opter sur le seuil de la classe de troisième, pour les lettres ou les sciences, et obligés, à quatorze ou quinze ans, de bifurquer, comme on disait, se décidaient, d'après leurs lumières et celles de leurs parents, pour l'une ou l'autre branche de la fourche pédagogique...
A. France, La Vie en fleur,1922, p. 346.
B.− Usuel. [En parlant d'un véhicule ou d'une pers.] Abandonner une direction pour en suivre une autre : 8. Et quand la voiture ayant bifurqué je leur tournai le dos et cessai de les voir, (...), j'étais triste comme si je venais de perdre un ami, de mourir moi-même, de renier un mort ou de méconnaître un Dieu.
G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 223.
9. Pour atteindre cette cabane volante [la maison des Bergeaud], on traverse une impasse, on descend des marches, on bifurque, on en remonte, et on entre dans une roulotte gréco-franco-turque.
Cocteau, Maalesh,1949, p. 174.
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P. métaph. Prendre une autre voie, changer d'orientation : 10. J'allais avec la moins aimée plus qu'avec Noémi, car je la voyais triste. Je laissai ainsi bifurquer mon premier amour, comme plus tard je laissai bifurquer ma politique, de la façon la plus maladroite.
Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 117.
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Péjoratif : 11. Dès le début, la conversation bifurquait. Pierre sentit qu'elle déviait de son livre...
Zola, Rome,1896, p. 408.