1. Céder qqc. (à qqn).Abandonner (à quelqu'un) volontairement ou non, avec ou sans contrepartie, un bien, un droit ou un avantage dont on jouit ou auquel on peut prétendre. Céder la parole (à qqn); céder le passage (à qqn); céder la/sa place, son tour; céder la victoire. Je vous ai cédé expressément la parole, mon cher ami : ainsi, c'est à vous de commencer (J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 423).Bouilloux se voit apporter un gigot entier dont il ne cède rien à personne, que l'os dépouillé (Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 108):1. ... le critique littéraire n'est pas à proprement parler un journaliste (...). S'il doit céder ce poste à un confrère, il est bien rare qu'il puisse remplir une autre fonction à la rédaction.
G. et H. Coston, L'A.B.C. du journ.,1952, p. 117.
SYNT. Céder le haut du pavé à qqn [P. réf. aux anciennes rues avec ruisseau au milieu, dont la partie haute, la plus propre, était réservée aux gens « de qualité »] Un cocher de grande maison, qui n'eût pas cédé le haut du pavé à un prince de sang, et qui coupait insolemment toutes les voitures (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 334); au fig. laisser primer quelqu'un. Céder le pas à qqn. Le laisser passer devant soi; au fig. passer au second plan, se reconnaître ou être inférieur. [En parlant de choses] Céder le pas à qqc. Diminuer d'importance. La production romanesque cède le pas aux études historiques (Arts et litt. dans la société contemp., 1936, p. 8409). [Avec un obj. pronom. neutre à valeur seulement formelle] Le céder à qqn, à qqc. Lui être inférieur. La sottise de M. Déat ne le cède point à celle de M. Fauconnet (Nizan, Les Chiens de garde, 1932, p. 192). Le céder à qqn en qqc. Il ne le cède à personne en courage (Ac. 1932). Ne le céder en rien à qqn, à qqc. Être son égal. Cette sauce [à la française] a une physionomie qui lui est particulière, et elle ne le cède en rien aux autres sauces pour servir le poisson (Les Gdes heures de la cuis. fr., Carême, 1833, p. 134). Céder le/du terrain à qqn. Battre en retraite, reculer. Ses troupes progressent lentement, puis, violemment contre-attaquées, elles doivent céder le terrain conquis (Foch, Mémoires, t. 1, 1929, p. 156); au fig. régresser, faire des concessions.
− Emploi pronom. passif. De telles choses ne se cèdent pas facilement (Ac.1932).
− En partic., DR. Procéder à une cession (de bail, de créance, etc.). Céder un bien, un droit (à qqn). Le droit d'habitation ne peut être cédé ni loué (Code civil,1804, p. 116).En cédant le bail, on obtiendrait sans doute du nouveau locataire les deux termes en retard (Zola, L'Assommoir,1877, p. 651).
2. Plus rarement. Céder qqn (à qqn) :2. Si, (...) un maître est défaillant, il peut céder son apprenti à un autre maître du même métier; mais l'apprenti ne peut pas changer de maître par rupture de contrat avec le premier.
Faral, La Vie quotidienne au temps de st Louis,1942, p. 71.