a) [P. anal. avec la poule qui, par sa chaleur, fait éclore les œufs] − Concevoir, préparer mystérieusement. Couver un projet, des projets de vengeance, une réforme, un plan, un stratagème; élaborer et couver longuement un projet, un livre. Synon. tramer, préparer, mûrir.[Les] dix ou vingt arpents dont l'acquisition a été couvée pendant des années (Balzac, Vieille fille,1836, p. 298).Pas difficile de deviner qu'il leur revaudra ça et qu'il va couver une vacherie pas ordinaire (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 43).
− [Le compl. désigne un sentiment, une sensation] Nourrir, entretenir. Couver une vengeance pendant vingt ans, des ressentiments, un vif regret, une ambition démesurée; le fou couve son délire. Couve-t-il sa vengeance ou en fera-t-il un holocauste? (Sand, Jacques,1834, p. 290).Il ramasse, il couve désespérément les vestiges de ses amours (Mauriac, Gds hommes,1949, p. 209).
− Avoir un mal, (une maladie) sans encore le (la) manifester. Couver un rhume. Elle a couvé pendant des années les germes du mal (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1201).
b) [P. anal. avec la poule qui protège les œufs] − Protéger, garder jalousement. Couver un secret. Comme l'avare, il couve son trésor : il n'en use pas (Proudhon, Propriété,1840, p. 288).
− Dissimuler, cacher (un sentiment, une idée, etc.). Les grands sentiments sont désuets, les plus passionnés s'en méfient, les couvent, les cachent (Butor, Passage Milan,1954, p. 26).