CROISIÈRE, subst. fém.
A.− Domaine
mar.1. Action de parcourir la mer pour surveiller certains parages. Quelques bâtiments légers, en constante croisière (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 246).− Emploi fig. Quelques jours de croisière contre le bon sens de notre femme (Balzac, Lys,1836, p. 178).
2. P. méton. Flotte de navires qui croisent. Les croisières anglaises avaient arrêté (...) la malle de France (Pourrat, Gaspard,1922, p. 194).
3. P. anal. Voyage de tourisme ou d'étude à bord d'un navire. Croisière scientifique. Invitée sur un yacht, pour une longue croisière (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 235).− [En appos. avec valeur d'adj.] Course croisière. Compétition sportive sur mer. Des courses croisières et des régates (Jeux et sp.,1968, p. 1556).
B.− P. ext. 1. Voyage quelconque, randonnée : L'idée de faire une croisière en chemin de fer est plus récente que celle de la croisière maritime (...). La croisière ferroviaire a été conçue, en fait, par les administrateurs des chemins de fer pour grouper en faveur du rail d'autres services touristiques : en achetant une place de train-croisière, le client achète en même temps les services d'hôtel, les excursions obligées, les transferts, l'assistance des guides, etc. ...
Defert, Pour une pol. du tour. en France,1960, p. 76.
2. Emploi métaph. et fig. Les sinistres croisières nocturnes de son adolescence (Bloy, Désesp.,1886, p. 161).Les grandes croisières de nuages oscillant au-dessus de ma tête (Gracq, Syrtes,1951, p. 157).Rem. En arg., croisière en plein vent. ,,Racolage fait par les filles sur le trottoir`` (Esn. 1966).
♦ Allure, régime, vitesse de croisière. Vitesse la plus adéquate à un long parcours. Trois cents kilomètres-heure de croisière (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 213).Au fig. ,,Rythme normal d'activité après une période d'adaptation, de rodage`` (Gilb. 1971).
Prononc. et Orth. : [kʀwazjε:ʀ]. [ɑ] post. ds Passy 1914, et comme 1revar. à côté de [a] ant. ds Warn. 1968. Cf. croix. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1285 [copie] « croisade » (Arch. Lille, AA 209, p. 329 ds IGLF); 2. 1344 « rencontre de deux choses qui se croisent » (Prieuré de St Lô, II, 400, ibid.); 1435 « id. » (cité ap. Hondoy, La Halle écherine de Lille ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 502); 3. 1678 mar. « parage où les vaisseaux vont croiser » (G. Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, p. 116); 1696 id. « action de croiser » aller en croisière (ds Jal1); p. ext. 1906 « voyage d'études ou touristique » (Barrès, Voy. Sparte, p. 220). Dér. de croiser*; suff. -ière*. Fréq. abs. littér. : 84. Bbg. Goug. Mots t. 3, 1973, p. 186. − Slack (A.). Le Coin du pédagogue. Fr. R. 1971, t. 45, no2, p. 410.