a) [Le suj. désigne une chose] Avoir en surabondance quelque chose. Les journaux débordaient de détails (Zola, Bonh. dames,1883, p. 764).Jardins qui débordent de vernis du Japon, de tilleuls et d'yeuses (Giono, Voy. Italie,1953, p. 70):3. Je n'en veux pour preuve que cet orgueil païen, dont ce poème [Booz endormi] est plein, dont ce poème déborde, dont ce poème regorge, cette aisance, cette plénitude charnelle, ce jeu, cette sorte d'amusement, ce défi constant dans l'expression même. Jamais un fleuve ne s'était autant amusé.
Péguy, Victor-Marie, comte Hugo,1910, p. 754.
b) [Le suj. désigne une pers., l'obj. indir. un état, un sentiment qui se manifeste dans le comportement] Déborder de joie, d'enthousiasme. Elle débordait d'une telle félicité, que, cédant à son besoin d'expansion, elle se tourna vers Jacques, vers cet inconnu, pour lui sourire (Zola, Bête hum.,1890, p. 184):4. ... il lui fallait [à Henry] à toute force un ami, un confident, son cœur débordait de larmes contenues. Oh! qu'un mot de pitié l'eût rendu heureux, qu'une caresse l'eût délecté! ...
Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 95.
SYNT. Déborder d'allégresse, d'amertume, d'amitié, d'amour, de fureur, de gratitude, de haine, de tendresse; déborder de jeunesse, de vie.
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Vieilli. Déborder en.[Indiquant la manière dont s'exprime le sentiment, l'état] Déborder en injures, en imprécations (Ac.1932) :5. ... je n'étais plus un homme, j'étais un hymne vivant, criant, chantant, priant, invoquant, remerciant, adorant, débordant en effusions sans paroles; ...
Lamartine, Raphaël,1849, p. 162.
− [P. ell. du compl. prép.] Se mettre en colère. Faire déborder qqn. Le voyant là debout, devant lui avec sa mine solennelle, insolemment impassible et froide, il [Napoléon devant Talleyrand] ne pouvait se contenir, il débordait. (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 12, 1863-69, p. 63).