a) [Ce qui subit l'action est un animal] Ôter la peau (d'un animal généralement mis à mort), souvent en vue d'un certain usage. Manger (...) la peau entière du saumon qu'ils dépouillaient avec beaucoup d'adresse (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 64).Sœur Ernestine dépouille et plume le gibier (Renard, Poil Carotte,1894, p. 5).Gaspard cependant dépouillant son lièvre, le coupait en quartiers, préparait le civet avec vin, serpolet, bouquet garni (Pourrat, Gaspard,1925, p. 242).Rem. 1. Baudr. Chasses 1834 fait remarquer : ,,On ne dit pas écorcher un cerf, un lièvre, etc., etc., mais dépouiller, etc.`` 2. Lorsque le verbe est employé à l'actif, le terme peau apparaît rarement comme compl. de la forme verbale. Chats de mer (...) qu'on a dépouillés de leur peau (Morand, Londres, 1933, p. 304). Lorsque le verbe est employé au passif, ce terme peut constituer le compl. second. : La morue (...) est au préalable lavée et dépouillée de sa peau (Boyer, Pêches mar., 1967, p. 112), ou le suj. de la forme passive : Le poids de la peau fraîchement dépouillée (Bérard, Gobillard, Cuirs et peaux, 1947, p. 19), à comparer à : Une grenouille fraîchement dépouillée (Hist. sc., 1957, p. 1541).
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P. anal. ♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne un élément dont on enlève ce qui constitue l'enveloppe] Ils dépouillent un œuf de sa coque (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 144).
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne du maïs, du chanvre dont on détache la partie récoltée] Les contes que les paysans de Gascogne disent, dans les soirs d'automne, après souper, sur l'aire des métairies, en dépouillant le maïs (A. France, Vie littér.,1892, p. 73; cf. Jammes, Géorgiques, Chant 5, 1912, p. 15 et Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 15).
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne des chairs enlevées ou qui se détachent] En dépouillant les chairs avec précaution, autour de cette piqûre (Balzac, Annette,t. 4, 1824, p. 8).Emploi pronom. à sens passif. Je sens se dépouiller mes os (Jouve, Trag.,1922, p. 19).
b) [Ce qui subit l'action est un être humain, parfois défunt, ce que l'on ôte est qqc. que l'homme porte sur lui, en partic. un vêtement] Retirer, enlever. ♦ [Gén. avec compl. second. désignant ce qui est enlevé] Des serviteurs les [les jeunes princes] dépouillèrent de leurs gorgerins d'émaux, de leurs ceinturons et de leurs glaives (Gautier, Rom. momie,1858, p. 231).Ses femmes la [la reine] dépouillent de son armure et la revêtent de ses ornements royaux (Valéry, Variété III,1936, p. 117).On dépouilla les cadavres de leurs habits (Queffélec, Recteur,1944, p. 25).
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[Sans compl. second.] Dévêtir, déshabiller. Il ordonna que le cadavre de l'amant fût dépouillé comme l'autre, (...) les corps (...) demeurèrent nus au bas des degrés (A. France, Puits Ste Claire,1895, p. 284):1. Agésilas, pour encourager ses hommes, fit un jour dépouiller les Perses prisonniers; à la vue de ces chairs blanches et molles, les Grecs se mirent à rire...
Taine, Philos. de l'art,t. 2, 1865, p. 194.
c) [Ce qui subit l'action est un végétal, ce qui est ôté est le feuillage] Faire tomber les feuilles, la végétation. L'hiver dépouille les arbres de leurs feuilles (Ac.1798-1932).Bois silencieux que novembre dépouille (Moréas, Stances,1901, p. 13).♦ P. ext. [Ce qui est ôté est l'écorce] Scapin taillait de son couteau une baguette qu'il dépouillait d'écorce (Gautier, Fracasse,1863, p. 159).
− Emploi pronom. à sens passif. Se dépouiller feuille à feuille. Les troncs des platanes se dépouillent de leur écorce (A. France, Pt Pierre,1918, p. 101).Les arbres se dépouillent de leurs feuilles (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 82).Une futaie de hêtres se dépouillait lentement, laissant choir une à une ses feuilles (La Varende, Sorcière,1954, p. 183).
− P. anal., surtout au part. passé ou en emploi pronom. à sens passif. Se dégarnir de ce qui normalement se trouve au sommet (comme le feuillage à la cime de l'arbre). Déjà mon front se dépouille; je sens un Ugolin, le temps, penché sur moi, qui me ronge le crâne (Chateaubr.Mém.,t. 1, 1848, p. 427).Comme c'était au matin et qu'il [Fontanes] n'était ni coiffé ni poudré, sa tête parut plus dépouillée de cheveux (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 2, 1844-64, p. 275).
d) Emplois spéc. − LITURG. CATH. (cérémonie du Jeudi Saint). Dépouiller les autels. Enlever temporairement, en les pliant, les nappes qui recouvrent normalement les autels. Après la messe, on dépouille l'autel pour signifier que le Sacrifice est suspendu et jusqu'au Samedi ne sera plus offert à Dieu (Dom G. Lefebvre, Missel quotidien et vespéral,Abbaye de St André, s.v. messe du Jeudi Saint).
− SCULPT. Cf. dépouille2ex.