1. [Le suj. désigne des forces supérieures à l'homme; le compl. d'obj. dir. désigne gén. un être humain; un compl. second. prép. désigne une caractéristique phys., mor. ou intellectuelle] Donner à (quelqu'un) un caractère, une qualité en partage. Synon. doter.Les cinq sens dont la nature a doué l'homme (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 165).« Je remercie Dieu de m'avoir doué d'une grande force de mépris » (Gide, Journal,1933, p. 1173).Le ciel (...) m'avait doué d'un heureux naturel (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 182).Rem. 1. Ac. note : ,,ne se dit que des avantages, que des grâces qu'on reçoit du Ciel, de la nature``. 2. Ne s'emploie guère en dehors de l'inf. prés. et des formes composées (sauf chez les écrivains récents, cf. infra S. de Beauvoir, Léautaud, Paulhan).
− P. ext. [Dans une conception animiste de la nature; en parlant d'une idée, d'une force, etc.] . C'est ce souci persévérant qui a doué le pélican d'un organe tout particulier, lui creusant sous son bec distendu un réservoir mobile, signe vivant d'économie et d'attentive prévoyance (Michelet, Oiseau,1856, p. 61).
− P. anal. [Le suj. désigne une pers. ou une réalité hist.] [Le romancier] invente ses personnages, les doue de vie (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 190).C'est le christianisme qui a bouleversé sur ce point [l'avortement] les idées morales en douant l'embryon d'une âme (Beauvoir, Deux. sexe,t. 1, 1949, p. 200).
− [Avec un compl. circ., tenant lieu d'obj. second.] Synon. avantager.Si la nature ne m'a pas aussi généreusement doué que vous sous le rapport de l'odorat, je distingue néanmoins les bonnes odeurs des mauvaises (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1402).
2. [Le suj. désigne gén. un être humain] a) Pourvoir (quelqu'un et le plus souvent quelque chose) de qualités qui lui deviennent propres. L'automate est doué par son constructeur d'un phototropisme (Ruyer, Cybern.,1954, p. 59).− Emploi abs. Ce ne sont pas les désagréments de l'existence, mais plutôt des facultés d'observation, qui douent d'indifférence (Léautaud, Essais,Essai, 1897, p. 26).
b) Pourvoir (quelqu'un, quelque chose) de qualités supposées ou imaginaires. Synon. attribuer.La pauvre Thérèse aurait voulu douer l'inconnu de toutes les vertus, de toutes les perfections (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 432).Certains auteurs ont tendance à douer les cristaux d'une sorte de vie mystérieuse et compliquée (Ruyer, Esq. philos.,1930, p. 89).