a) RELIG. CHRÉT. Vertu surnaturelle par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l'autre : 3. De l'Espérance et de la Charité.
L'espérance, seconde vertu théologale, a presque la même force que la foi; le désir est le père de la puissance; quiconque désire fortement, obtient. Cherchez, a dit J. C., et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. (...) Le désir ou l'espérance, est le génie. Il a cette virilité qui enfante, et cette soif qui ne s'éteint jamais.
Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 88.
4. À nous, catholiques, suffit l'espérance. Nous tenons les « promesses »; nous sommes sûrs qu'elles auront leur effet, si nous n'y mettons pas d'obstacles; sûrs qu'il dépend de nous de les voir réalisées en notre personne, avec le secours de la grâce, qui ne manquera jamais. Mais au janséniste, aussi longtemps qu'il n'a pas reçu de « signe », l'espérance chrétienne est plus que difficile, puisqu'il ne sait pas si Jésus-Christ est mort pour lui, ou non; s'il aura la grâce, ou non; si les commandements lui seront possibles, ou impossibles.
Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 373.
− Acte d'espérance. Prière exprimant cette attitude de l'âme envers Dieu. Faire un acte d'espérance (cf. Péguy, Porche Myst.,1911, p. 175).
− Couleur de l'espérance. La couleur verte. Des fiches vertes, couleur de l'espérance (Zola, Argent,1891, p. 383).
− P. méton., ICONOGR. Jeune femme tenant généralement un étendard ou, de nos jours, une ancre. On voit dans l'intérieur de la chapelle la Foi, l'Espérance et la Charité qui consolent saint Antoine et le caressent de la main, comme un petit enfant (Flaub., Tentation,1849p. 329).
b) P. allus. −
LITT. (cf. L'Enfer de Dante) : 5. « Je n'aime point, disait M., ces femmes impeccables, au-dessus de toute faiblesse. Il me semble que je vois sur leur porte le vers du Dante sur la porte de l'enfer :
Lasciate ogni speranza, voi che intrate.
Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. »
C'est la devise des damnés.
Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 172
− MYTH. [La vérité] doit demeurer ensevelie dans le sein du sage, comme l'espérance au fond de la boîte de Pandore (Chateaubr., Essai Révol.,t. 2, 1797, p. 268).
c) Locutions − Contre toute espérance. Contre toute attente, alors que personne ne s'y attendait, ne l'espérait (cf. Rob., Lar. Lang. fr.).
−
De grande/belle/haute/riche espérance (vieilli). Dont on espère beaucoup; qui donne dès maintenant une haute idée de ce que sera l'avenir. Jeune homme de la plus haute espérance (Delille, Homme des champs,1800, p. xix):6. Ravi de posséder un poisson de pareille souche, le pasteur craignit que sa cuisinière ne fût pas en état d'apprêter un mets de si haute espérance...
Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 329.
− En espérance (rare ou vieilli). Synon. de en perspective (temporelle).Que de Colbert, que de Turgot en espérance, qui ne sont pas sortis des bureaux de la ferme générale (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 124).Le mal qui n'était qu'en espérance, le voici en réalité (Delécluze, Journal,1825, p. 93).Le paysan défriche un terrain de broussailles; le blé n'y pousse qu'en espérance (Alain, Propos,1934, p. 1203).