1. [Avec ou sans déterminant] a) [Choix à caractère relig.] Choix opéré par Dieu (ou par le Christ dans la religion chrétienne) d'un peuple ou de certains êtres humains investis d'une mission et animés, en conséquence, de la grâce et de l'esprit divins. Élection d'Israël. L'élection d'en haut qui fait les vocations à part est bonne pour l'homme, mais cruelle pour la femme (Renan, Drames philos.,Prêtre Nemi, 1885, II, 7, p. 563).Quel peuple n'eût joui d'être votre peuple; élu, de quelle élection (Péguy, Myst. charité,1910, p. 48).♦ Signe d'élection. Marque, visible ou invisible, qui est censée manifester le choix que Dieu a fait d'un être humain pour l'aider dans son œuvre. Porter un signe d'élection. La richesse a été tenue comme signe d'élection divine (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 587).
♦ P. anal., souvent p. iron. Elle [la duchesse de Guermantes] en était arrivée à cette conception des femmes à « salons » (...) dont la grande supériorité, le signe d'élection selon elle, étaient d'avoir chez elle « tous les hommes » (Proust, Temps retr.,1922, p. 1026).
b) [Choix sans caractère relig.] Langue soutenue. Libre choix opéré par un être humain en vertu d'une préférence dictée par la raison ou par le sentiment. Élection amoureuse. Elle-même [Nathalie], depuis si longtemps naturalisée membre de la famille, n'était Nathalie que (...) par élection du cœur, par « amitié de bouche » (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 51):4. Outre l'affection irrésistible, il y a l'affection par élection, et je ne puis m'empêcher de penser que nous sommes unis par ces deux chaînes si douces à porter, et qui rendraient la vie impossible si on ne les sentait pas.
Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 2, 1850, p. 103.
c) Spécialement −
DR. Élection de domicile. Fait d'assigner un lieu où la signification des actes de procédure puisse se faire. Lorsqu'un acte contiendra, de la part des parties ou de l'une d'elles, élection de domicile pour l'exécution de ce même acte dans un autre lieu que celui du domicile réel (Code civil,1804, art. 111, p. 23).♦ P. ext. Choix d'un domicile opéré par libre préférence. Personnes qui ont fait élection de domicile sur le Pont-des-Arts (Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 136).
− PHYSIOL. Choix qu'opèrent des êtres vivants (humains ou non-humains) en vertu d'une affinité, d'une tendance instinctives. Elle [l'absorption des matières dissoutes] manifeste une sorte de choix, d'élection dont sont capables les végétaux (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 1, 1931, p. 323).
− MÉD. Temps, lieu d'élection (p. oppos. à temps, lieu de nécessité). Époque d'une intervention, point où elle s'applique, laissés à la libre détermination du médecin (cf. Littré-Robin 1858).
2. Loc. adj. D'élection. Quasi-synon. de élu (cf. ce mot B).a) [Choix à caractère relig.] Élu par Dieu pour être le dépositaire de sa grâce et de ses bienfaits. Peuple d'élection. Qu'ainsi toujours le ciel vous sauve des embûches, Vases d'élection! (Hugo, Cromw.,1827, p. 378).− P. ext. [Avec une couleur relig.] Élu, marqué d'un signe qui indique une supériorité quelconque. Me persuadant de ma supériorité intellectuelle (...) je me scandalisais de ce que mes maîtres ne semblaient pas distinguer en moi un vase d'élection (Mauriac, Écrits intimes,Commencement d'une vie, 1932, p. 34).
b) [Choix sans caractère relig.] Élu, exclusivement préféré. Il est beau de voir Descartes voyageur cherchant sa patrie d'élection (Alain, Propos,1927, p. 730).Henri Focillon est de ceux qui ont le mieux distingué l'importance de ces thèmes d'élection et de prédilection (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 250):5. Un musicien a écrit l'Invitation à la valse; quel est celui qui composera l'Invitation au voyage, qu'on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d'élection?
Baudelaire, Petits poèmes en prose,1867, p. 88.
c) Spéc., vocab. sc. ♦ Lieu d'élection ou point d'élection. Tout lieu auquel un animal, un végétal, un phénomène pathologique est lié par une affinité naturelle. On peut montrer que la nuque est un point d'élection choisi par l'araignée (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 385).Cette éruption (...) peut débuter à la fois par tous les points du corps (...) sans lieu d'élection (Teissierds Nouv. Traité Méd.,fasc. 2, 1928, p. 220).
♦ Médicament d'élection. Médicament ayant la propriété d'être spécifiquement efficace dans un cas donné. La quinine n'en demeure pas moins le médicament d'élection du paludisme (Vincent, Rieux,ds Nouv. Traité Méd.,fasc. 5, 1,, 1924, p. 195).