1. Qui est d'un autre pays, d'une autre nation et plus largement d'une communauté géographique différente; relatif à un autre pays ou à d'autres pays, à leurs caractéristiques. Force, langue, littérature étrangère; d'origine étrangère. Traduire la monnoie étrangère en monnoie nationale (Bonald, Législ. primit.,t. 1, 1802, p. 248):6. Alors elle [la sauterelle] se croit au bout de l'hémisphere,
Chez un peuple inconnu, dans de nouveaux états;
Elle admire ces beaux climats,
Salue avec respect cette rive étrangere.
Florian, Fables,1792, p. 188.
SYNT. Accent, nom étranger; capitaux, journaux, marchés, produits étrangers; concurrence, domination, influence, intervention, occupation étrangère; devises, plantes étrangères; sous un ciel étranger.
− Spéc., POL. Qui concerne les relations d'un pays donné avec les autres pays. Politique étrangère; ministère des Affaires étrangères. Enfin, mon fils, tant civile qu'étrangère, la guerre est exécrable et d'une malignité que je déteste (France, Opinions J. Coignard,1893, p. 171).Le rapport de Louis Marin sur le budget des Affaires étrangères (Barrès, Cahiers,t. 11, 1917, p. 82).
3. Qui est sans rapport avec quelqu'un ou quelque chose. a) Qui n'est pas propre, naturel, familier à quelqu'un, à sa personnalité, qui est inconnu ou mal connu de quelqu'un. Je suis homme et rien d'humain ne m'est étranger [trad. d'un vers de Térence, Heautontimoroumenos] (Sartre, Mots,1964, p. 44).Cf. aussi ex. 5 :
7. On connaît toujours trop les causes de sa peine,
Mais on cherche parfois celles de son plaisir;
Je m'éveille parfois l'âme toute sereine,
Sous un charme étranger que je ne peux saisir.
Sully Prudh., Solitudes,1869, p. 11.
− Spéc. [En parlant d'un attribut de la pers.] Qui appartient ou semble appartenir à quelqu'un d'autre, qui n'est pas familier, qui est inconnu. Visages, yeux étrangers. Des critiques ont voulu n'y voir (...) qu'une composition de Léonard exécutée par une main étrangère (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 66).
b) Qui est sans lien, sans rapport avec quelque chose, qui ne fait pas partie d'un ensemble, qui est différent d'autre chose. Objet, principe étranger; cause, pensée étrangère. Des considérations étrangères au sujet (Champfleury, Bourgeois Molinch.,1855, p. 207).On se trouve toujours à la merci (...) du moindre bruit étranger (Stravinsky, Chron. vie,1931, p. 137).−
Spéc. [En parlant d'un élément, d'une substance] ♦ CHIM. Dont la nature est différente de celle du corps auquel il est allié. Argiles (...) pures de toutes matières étrangères (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 126).
♦ MÉD. et MÉD. VÉTÉR. Qui est de nature différente de celle de l'organisme ou des tissus dans lesquels il se trouve par accident ou par introduction volontaire; qui s'y développe de façon anormale. Pénétration d'un corps étranger dans l'articulation (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 154).Cf. aussi corps III A 2 b méd.Au fig. Les secteurs modernes, toutefois, ne peuvent plus être des corps étrangers croissant aux dépens de l'environnement immédiat (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 254).