1. Souci de la foi donnée, respect des engagements pris. Fidélité à toute épreuve; homme de fidélité; serment de fidélité. Synon. loyauté.En 1792, la fidélité au serment passait encore pour un devoir (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 395).Un de mes actes, qui fut vraiment héroïque comme obéissance, comme fidélité à une parole donnée (Loti, Rom. enf.,1890, p. 172).Aujourd'hui, tout a disparu; sûreté des promesses, fidélité, foi jurée (Rolland, Beethoven,t. 2, 1937, p. 596):1. Il me semble, par exemple, que j'aurais volontiers servi un vrai maître − un prince, un roi. On peut mettre ses deux mains jointes entre les mains d'un autre homme et lui jurer la fidélité du vassal, mais l'idée ne viendrait à personne de procéder à cette cérémonie aux pieds d'un millionnaire ...
Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1086.
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En partic. a) RELIG. Attachement à une foi religieuse. Fidélité à sa foi, fidélité à l'Église. P. méton., rare. L'Église est penchée sur la France (...). Or voici que grandit ce peuple et qu'il apparaît entre tous les peuples de la fidélité (Psichari, Voy. Centur.,1914, p. 101).
b) Qualité d'une personne au service d'une autre, qui s'acquitte de ses fonctions avec dévouement et zèle. La fidélité et le dévouement que les salariés de toutes sortes doivent à ceux qui les emploient (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 11).Il était sûr de la fidélité de la femme de chambre (...) c'était une fort honnête et fort dévouée domestique (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 44):2. Son valet de chambre parut. C'était un homme de près de soixante ans, de race anglo-indienne, qui avait deux fois sauvé la vie à son maître (...). Le docteur croyait à la fidélité de son valet comme il croyait à la lumière du jour ou à une loi mathématique.
Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 380.
c) Respect de la foi conjugale; p. ext. respect de l'engagement pris envers la personne aimée, de lui être exclusivement attaché. Fidélité conjugale. 212. Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance (Code civil,1804, p. 40).Toute illusion était morte, il ne croyait plus à la fidélité jurée. Le lendemain, Nana le tromperait de nouveau (Zola, Nana,1880, p. 1432).Je l'épouserai à la face de Dieu en trois personnes, et je lui jurerai fidélité et nous nous mettrons l'alliance au doigt (Claudel, Otage,1911, II, 2, p. 270).
− P. méton., gén. au plur. Manifestation de cet attachement exclusif. Peut-être est-elle [la certitude] le secret des longues fidélités? (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 353).Je haïssais (...) les affections continues, et les fidélités amoureuses, et les attachements aux idées (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 184).
2. P. ext. a) [À propos d'une pers.] Constance dans la vie sentimentale et affective; p. méton. qualité d'un sentiment que le temps n'altère pas. Les théâtres de Paris distribuent (...) des tableaux où il n'y a ni respect de la parole, ni fidélité à l'amitié (Barrès, Cahiers,t. 9, 1911, p. 72).Nous aimions sir William pour son esprit et la fidélité de ses affections. Somme toute, c'était un ami sans égal (Blanche, Modèles,1928, p. 223).Il y a tout de même aussi quelqu'un chaque jour qui pense à lui avec une inviolable fidélité, avec une affection profonde, avec une infinie reconnaissance, comme à un frère aîné et comme à un maître supérieur (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 282).− P. anal. [Le compl. désigne un animal] Attachement d'un animal à son maître. Mon chien me suivit. Je m'enfonçai à grands pas dans les sombres gorges des montagnes en maudissant l'importune fidélité du pauvre animal (Lamart., Confid.,1849, p. 133).La fidélité des bêtes, leur intelligence, leur dévouement (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Hist. chien, 1881, p. 764).
b) [Gén. suivi d'un compl. prép. à, pour] Qualité d'une personne qui est constante dans ses choix, ses goûts, ses intérêts.
α) [Le compl. prép. désigne un inanimé abstr. indiquant le plus souvent une ligne de conduite] Fidélité à un idéal. Ma fidélité à la notion de vérité individuelle (Du Bos, Journal,1924, p. 30).Je ne m'abaisse devant personne, je garde fidélité à mes idées (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 61).−
Locutions ♦ Fidélité à soi-même. Caractère d'une personne qui ne varie pas dans ses opinions, son comportement, qui suit sans s'en écarter un certain idéal. L'homme [Béranger] (...) le plus soutenu dans sa fidélité à lui-même (Goncourt, Journal,1857, p. 385).Si même (...) il a voulu vivre dans la retraite, ce n'est encore que par fidélité à lui-même (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 85).
♦ Fidélité à + inf. (vx). Assiduité à (faire quelque chose). Dieu bénit visiblement, madame, votre fidélité à répondre à ses aspirations (Lamennais, Lettres Cottu,1818, p. 6).Sa fidélité à m'écrire de loin, son entêtement à travailler (Colette, Fanal,1949, p. 183).
β) [Le compl. désigne un art, une discipline; une personnalité de cette discipline] Fidélité à un auteur. Gringoire fut touché au fond du cœur de la fidélité de son unique spectateur (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 64).
γ) Domaine comm.Fait d'avoir des habitudes dans un magasin, p. ext. chez un praticien. Cette distance du chemin de fer est excellente pour la fidélité de la clientèle (Romains, Knock,1923, I, p. 2).
δ) [Le compl. désigne un inanimé concr.] Attachement à quelque chose. Fidélité trop constante à son fauteuil de maroquin (Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 64).