1. Grand malheur d'origine naturelle ou humaine qui frappe et ravage une collectivité. Fléau cruel, terrible; le fléau de la guerre. La guerre est-elle moins fléau que l'émeute n'est calamité? (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 269).Les fléaux sociaux sont non seulement le résultat d'un agent pathogène, mais aussi de conditions de vie, de climat, d'habitation, de travail, de comportement, de possibilité ou d'habitude alimentaire... Ils se caractérisent par leur puissance d'extension et de multiplication (Deguiral, Hyg. soc.,1953, p. 12):4. Le journal de Pepys fait revivre avec un réalisme simple et terrible, les deux fléaux qui ravagèrent Londres, à cette époque : la grande peste, le grand incendie.
Morand, Londres,1933, p. 23.
SYNT. Grand, horrible fléau; fléau dangereux, destructeur, funeste; fléaux naturels; le fléau de la famine, de la peste, de la petite-vérole; fléaux de l'humanité, du peuple.
− P. méton. Personne qui provoque une calamité publique. Philippe le Bel avoit marié sa fille Isabelle à Édouard II, roi d'Angleterre; elle fut mère d'Édouard III, autre fléau de la France (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, pp. 352-353).
2. P. ext. Ce qui détruit, ravage quelque chose (matériel ou moral) ou quelqu'un. Lélia était son fléau, son démon, son génie du mal, le plus dangereux ennemi qu'il eût dans le monde (Sand, Lélia,1833, p. 48).On sait dans quelles conditions ces vignes américaines véhiculèrent avec elles trois fléaux du vignoble, l'oïdium (1852), le phylloxéra (1868) et le mildiou (1878) (Levadoux, Vigne,1961, p. 32):5. Ce qu'il faut défendre, c'est le dialogue et la communication universelle des hommes entre eux. La servitude, l'injustice, le mensonge sont des fléaux qui brisent cette communication et interdisent le dialogue.
Camus, Actuelles I,1944-48, p. 177.
3. P. hyperb. Personne ou chose néfaste, pénible ou très désagréable. Fléau de la famille, de la maison; fléau de la littérature. Je n'avais jamais connu de coquette. Quel fléau! (Constant, Journaux,1814, p. 410).L'ennui était un fléau qui m'avait terrorisée dès l'enfance (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 180):6. ... ses manières rondes [de Jansoulet] (...) le reposaient [le duc] (...) de ce fléau administratif et courtisanesque dont il avait horreur, − la phrase, − si grande horreur qu'il n'achevait jamais la période commencée.
A. Daudet, Nabab,1877, p. 40.