a) [Indépendamment de toutes considérations matrimoniales] :
34. Vous ne connaissez pas les hommes! il n'y en a pas un (...) qui ne cache dans le repli le plus profond de son cœur, son fétiche, son idole, sa sainte! c'est une femme, ou plutôt l'image d'une femme, une mère, une sœur, une amie, une inconnue même; un être idéal et charmant, fait d'un souvenir ou d'un rêve, impossible si vous voulez, mais le seul auquel il croit, le seul qui ait toutes les vénérations, toutes les ardeurs...
Pailleron, Étincelle,1879, 9, p. 53.
35. Les voilà donc face à face, cet homme et cette femme, dans la nudité de leur personne physique et de leur personne morale, qui s'affrontent et s'étreignent, comme s'il n'y avait ni science, ni arts, ni progrès des lumières, ni adoucissement des mœurs. Conflit mystérieux parce qu'il n'est point régi par des lois, conflit farouche parce que la nature s'y montre avec son sérieux tragique!
Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 30.
− Vertu de la femme, coquetterie des femmes; odeur de femme passionnée. Femme normale, raisonnable, vertueuse, sage, sérieuse; femme libre, affranchie; femme frivole, légère, complaisante, facile, galante, libertine, dévergondée; femme désirable, séduisante, appétissante, aguicheuse, fatale; femme désirée, aimée, amoureuse, caressante, ardente; femme passive, soumise, asservie; femme séduite, possédée, trahie (par un homme); femme seule, restée fille, célibataire; femme réservée dans l'amour, femme au sein palpitant, femme mangeuse d'homme; femme de passade. Ce qu'elle a de particulier, c'est de n'avoir jamais voulu être une femme entretenue : c'était une brave petite prostituée, et elle n'a jamais essayé de monter en grade (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 839).
− Femme qui reste sage; femme qui aime un homme, se donne tout entière à un homme; rend un homme heureux, souffre par un homme; femme qui aime les hommes, fait des avances, s'offre, prend un amant, est la maîtresse d'un homme, baise, jouit, satisfait un homme, donne du plaisir aux hommes; femme qui entretient un homme. Touchante prescience des femmes qui aiment tant l'homme qu'elles devinent du premier coup ce qui fera le plus de plaisir à ce corps pourtant si différent du leur (Proust, Guermantes 1,1920, p. 167).
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Homme qui a du succès auprès des femmes, qui courtise, aime, désire, séduit, conquiert une femme, triomphe d'une femme; homme qui caresse une femme, fait l'amour/ couche avec une femme; homme qui déshonore une femme, devient l'amant de (telle) femme, collectionne les femmes; homme qui a une femme dans sa vie/dans la peau, qui entretient une femme, vit (en concubinage) avec une femme, fait un enfant à une femme; homme qui ne peut se passer/ manque de femmes, fuit les femmes; homme qui viole une femme; homme qui connaît, estime, respecte, méprise les femmes; homme et femme qui forment un couple, vivent ensemble (sans être mariés), se lassent l'un de l'autre, se renient : 36. Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous sans vous être aperçu qu'une femme est aussi un être humain.
Malraux, Cond. hum.,1933, p. 340.
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[La femme telle qu'elle est présentée ou telle qu'elle est perçue dans le cadre des phénomènes sociaux de la débauche et de la prostitution] Trafic, traite des femmes; hommes qui prostituent les femmes et les enfants; femme qui a mauvais genre, qui est une prostituée, qui est en maison, qui se vend (sur les trottoirs), qui fait métier de son corps. On a parlé à satiété de la prostitution des femmes, on n'a pas dit un mot sur celle des hommes. J'ai connu le supplice des filles de joie, et tout homme qui a aimé longtemps et qui voulait ne plus aimer l'a connu, etc. (Flaub., Corresp.,1859, p. 352):37. − J'ai un petit; je ne sais pas qui c'est son père; j'ai été la femme de tout le monde, je me fais honte dans mon corps. Quand ma mère vient porter mon manger, je n'ose pas lui dire : « Je veux t'embrasser ». Je ne peux pas embrasser ma mère en me souvenant de ce que j'ai fait avec ma bouche. Je suis la dernière de toutes, je suis salie en dedans, je me suis servie de ma chair pour gagner des sous...
Giono, Baumugnes,1929, p. 180.
♦ Femme débauchée, dépravée; femme de mauvaise vie, de vie, de noce. Femme du dernier étage. Femme qui vit dans la débauche ou se livre à la prostitution. Des hommes (...) manœuvrés comme de pitoyables pantins par des femmes du dernier étage, des vases d'ignominie, laides, viles, avariées, mais chichiteuses (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1121).
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Femme de plaisir (cf. fille* de joie); femme publique, vénale, pas chère; femme classée, en carte; femme de bordel, de maison close; femme à soldats. Prostituée. Attrait frelaté de ces femmes en carte, dont le défilé ininterrompu sur la voie publique semblait ordonné par les lois (Martin du G., Devenir,1909, p. 45).P. euphém. Femme de petite vertu. C'était un coureur qui avait mangé sa fortune avec de vilaines femmes (Zola, Nana,1880, p. 1350).Les alcôves des filles (...) et les loges des petites femmes! Les petites femmes (...) autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi! (Lorrain, Phocas,1901, p. 101).Au plur. Les femmes. Râfle de femmes. Et, en effet, c'est bien « les femmes » qui m'attirent et non « les dames » (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 179).− [P. allus. littér. : Hugo, Les Chants du crépuscule, 14epièce (début)] Oh! n'insultez jamais une femme qui tombe!
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Loc. Cherchez la femme. Si vous voulez connaître la motivation profonde des actes d'un homme, cherchez dans sa vie sentimentale, cherchez la femme dont il est épris. [Dans le même esprit] Fam. Il y a une femme là-dessous. Dis-moi ce qui se passe. Il y a une femme là-dessous, hein? Marius. − Eh bien... oui... (Pagnol, Marius,1931, II, 4, p. 128).Rem. Gilb. 1971 et Giraud-Pamart Nouv. 1974 enregistrent le composé fém. femme-objet que Gilb. 1971 définit ainsi : ,,La femme en tant qu' « objet », ce mot étant pris soit au sens de la psychanalyse (cf. « objet » pulsionnel, sexuel, etc. ...) soit dans son sens courant : la femme réduite (par et pour elle-même, par et pour autrui, notamment un homme) à n'être qu'un objet, un bibelot, un jouet d'agrément, de luxe, de plaisir``. Cette peinture fait régner la femme-objet, courtisane ou poétesse, devenue spectacle (Monde, 2 janv. 1969 ds Gilb. 1971). Ce qu'on appelle la femme-objet, miroir tantôt de l'érotisme, tantôt de la revendication féminine, tantôt de la détresse d'un sexe opprimé, et qui, de l'objet, possède les contours clos et la fonction utilitaire (L'Express, 12 oct. 1970, ibid.).
− En partic. [Les relations de la femme avec d'autres femmes dans le cadre de l'homosexualité] Union de deux (jeunes) femmes; femme qui est une homosexuelle qui s'ignore; femme que ses goûts portent vers les femmes, qui a des relations avec les autres femmes. Déjà un grand nombre de femmes n'ont de plaisir parfait qu'avec leur propre sexe (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 106).