a) La fleur elle-même, le rameau qui la porte et, p. ext., plante que l'on cultive pour l'agrément. Fleurs coupées; planter des fleurs; arroser des fleurs; pot, parterre de fleurs. Le vent secouait les grands arbres en fleurs, et c'était une pluie de pétales d'un rouge de carmin qui tombaient jusque dans l'église (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 157).Alors on voit, un bouton de rose se former, s'ouvrir, s'épanouir en fleur et mourir (Barrès, Cahiers, t. 10,1914,p. 289);)
cf. bouquet1ex. 2 :
2. ... toutes les fleurs diverses, toutes les fleurs libres, bleues, rouges, jaunes, violettes, lilas, roses, blanches, si gentilles, si fraîches, si parfumées, toutes les fleurs de la nature qu'on cueille en se promenant et dont on fait de gros bouquets.
Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 617.
♦ Eau de fleur d'oranger (cf. Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 1, 1821, p. 239).
♦ En fleur (au sing.), lorsqu'il s'agit de fleurs de la même espèce : arbre, pommiers en fleur; en fleur signifie : « dans le temps de la floraison ». En fleurs (au plur.), lorsqu'il s'agit de différentes espèces de fleurs : une prairie, un verger en fleurs; en fleurs évoque la multiplicité de fleurs, d'où le pluriel.
♦ Fleur de la passion. Fleur dont les différents éléments représentent les instruments de la Passion du Christ. Synon. grenadille, passiflore.
♦ Tisane des quatre fleurs. Tisane pectorale de fleurs de mauve, de pied-de-chat, de pas-d'âne et de coquelicot.
−
Locutions ♦ Fleur au fusil. [En parlant des soldats partant en guerre avec des fleurs ornant le canon du fusil] Avec enthousiasme, joie, entrain. Fleur au fusil, tambour battant il va Il a vingt ans, un cœur d'amant qui bat (...) Quand un soldat s'en va t'-en guerre, il a (...) (F. Lemarqueds Le Livre d'or de la chanson fr.,Paris, Éd. Ouvrières, t. 3, 1975, pp. 196-197).V. aussi Prévert, Paroles, 1946, p. 111.
♦ (La petite) fleur bleue. Cf. bleu.
♦ Langage des fleurs. Signification symbolique attachée aux fleurs isolément (selon leur espèce, leur couleur) ou assemblées (selon leur disposition). Le langage des fleurs, à cause de sa nature même, ne peut être ni devenir un langage grammatical; il est et restera toujours un langage hiéroglyphique (L. de Laere, F. Fertiault, F. de Melmecey, La Fleuriste des salons,Bruxelles, Bruylant-Christophe et Cie, s.d. [1856], p. 186).
♦
Passer fleur. [En parlant de la vigne et des arbres fruitiers dont les fleurs passent sans qu'aucune intempérie n'empêche la formation des fruits] Il fait beau ce soir, nous aurons une belle journée demain! − Un beau temps pour que les pommiers passent fleur! (Balzac, Vieille fille,1836, p. 349).L'expression passer fleur n'est pas, je dois le dire, de la façon de l'écrivain [Mmede Gasparin]. « Dans tout le centre de la France, m'écrit-on, dans l'Ouest, dans le Poitou, il n'y a pas un jardinier qui s'exprime autrement » (Sainte-Beuve, Nouv.. lundis,t. 9, 1863-69, p. 263).Au fig. Alors on reconnaissait des figures de jeunes filles, d'autres ayant passé fleur depuis longtemps et jusqu'à des vieillardes (Guèvremont, Survenant,1945, p. 117).♦ (Prière de n'envoyer) ni fleurs, ni couronnes. [Dans un faire-part de décès] Prière de n'envoyer ni fleurs coupées, ni couronnes mortuaires. À son enterrement, où il n'avait voulu ni fleurs ni couronnes (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 170).P. ext., fam. De manière simple.
− Proverbe. Il ne faut pas battre une femme, même avec une fleur. Battre les femmes avec une fleur, eh, pourquoi faire? Ça ne leur ferait pas du tout de mal (P.-J. Toulet, Les Trois impostures,Émile-Paul, 1925, p. 29).
−
Loc. pop. et fam. ♦ Comme une fleur. De manière douce, ingénument. Ce qu'il faudrait, c'est le filet des gladiateurs romains que j'ai vu un jour au ciné : avec ça, t'aurais le bul [Bulgare] comme une fleur et vivant! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 145).Ingénument, de manière confiante.
♦ Être fleur. [P. réf. à la fleur coupée, fauchée] Être démuni d'argent. Cf. Céline, Mort à crédit, 1936, p. 69.
♦ P. métaph. Synon. de cadeau, pourcentage, avantage consenti à qqn. (sur une affaire).Faire une fleur à qqn. Il demandait pour lui-même qu'une « fleur »... si j'obtenais la commande... rien que cinq pour cent... C'était pas exagéré (Céline, Mort à crédit,1936p. 204).
− Arg. Fleur de nave*.