1. [Constr. avec un compl. prép. de] a) [Le compl. prép. désigne un sentiment] Intense sentiment de..., accompagné ou non d'un tremblement physique. À ce nom, Fernand eut un frémissement de colère (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 440).Je vous regarde seulement vous agiter autour de ces deux cadavres avec un frémissement de dégoût, une espèce d'horreur dont je ne suis pas maître (Bernanos, Crime,1935, p. 792).− P. anal. Intense sentiment de..., partagé par un groupe, accompagné ou non d'une agitation diffuse. Dès le début, sa chaire fut entourée d'un frémissement de curiosité et d'attente que chaque leçon aiguisait (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 166).
b) [Le compl. prép. désigne un fait réel ou possible] Trouble émotif provoqué par le fait, la pensée de. Ils passaient, (...) perdus dans l'hallucination, dans l'émotion du désir, dans le frémissement de l'étreinte prochaine (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Prom., 1884, p. 946).Qui de nous n'a senti le frémissement de ce passage de l'enseignement secondaire à l'enseignement supérieur (Péguy, Argent,1913, p. 1173).Rem. La docum. atteste la constr. frémissement à. Le public de Paris, dont l'empressement, l'émotion, l'intelligent frémissement aux intentions les plus furtives, viennent une fois encore de rassurer les poètes (Rostand, Samaritaine, 1897, p. 7). Ce frémissement à prévoir l'avenir, ne l'avez-vous pas ressenti, vous le pessimiste rêveur de nos promenades au bois? (Blanche, Modèles, 1928, p. 22).
2. [P. ell. des compl. de] Trouble émotif intense. Ils épuisèrent la violence des désirs, les frémissements et les tendresses éperdues (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 25).La sœur Thérèse avait dans toute sa personne une sorte de perpétuelle émotion trop puissante, et sa voix traduisait si bien ce frémissement intérieur! (Barrès, Colline insp.,1913, p. 145):5. Il est aisé de le constater, ce besoin de l'au-delà quand il ne rencontre pas une satisfaction idéale et noble se rabat sur le domaine de la sensation et demande aux aberrations du système nerveux le frémissement surhumain que les véritables mystiques obtenaient par les ferveurs de la prière.
Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 71.
− P. anal. Agitation d'un ensemble de personnes provoqué par une émotion commune. L'accent sinistre et railleur de sa voix fit courir un léger frémissement dans tout le cercle de ses auditeurs (Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 212).La fête approche et des frémissements courent déjà par les rues (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 311).
− Au fig. Vie, émotion qui semble animer une œuvre d'art. Une traduction sentie, animée, (...) qui rende leur mouvement aux images et, s'il se peut, leur frémissement aux harmonieuses syllabes (Sainte-Beuve, Virgile,1857, p. 381).Pour la première fois Nerval a donné à plein dans le mythe, et pour la première fois un frémissement sacré a parcouru ses pages (Durry, Nerval,1956, p. 35).