1. Qqn gémit.Se plaindre sans cesse. Synon. se lamenter.On est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et (...) on n'a plus qu'à crier, − pas à gémir, non, pas à se plaindre, − à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire (Anouilh, Antig.,1946, p. 166) :4. Zola (...) continue à gémir; et comme on lui dit qu'il n'a pas à se plaindre, qu'il a fait un assez beau chemin pour un homme qui n'a pas encore ses trente-cinq ans : « Eh bien, voulez-vous que je vous parle, là, du fond du cœur? » s'exclame Zola (...). Je ne serai jamais décoré, je ne serai jamais de l'Académie, je n'aurai jamais une de ces distinctions qui affirment mon talent. Près du public, je serai toujours un paria, oui, un paria! »
Goncourt, Journal,1875, p. 1033.
2. [Construit avec un compl. prép.] Se plaindre à propos de (quelque chose). − Gémir de qqc.Elle (...) gémissait du velours qu'elle n'avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 124).Vous gémissez du moindre malaise, et vous vous moquez de moi s'il m'arrive de me plaindre de quoi que ce soit (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 6, p. 214).
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Gémir sur qqc.Le bon paysan ne gémit pas sur les chardons; il les coupe (Alain, Propos,1913, p. 158).Je propose quelque chose pour sortir du marasme, au lieu de continuer à gémir sur ce marasme et sur l'ennui, l'inertie et la sottise de tout (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 100) :5. Elle gémissait tout le jour sur le temps, les événements et les hommes : « On n'aurait rien à manger, si ça continuait comme ça. Il n'y avait presque plus de bon monde. Il n'y avait plus de saisons. Toujours trop d'eau, trop de sécheresse, trop de soleil et trop de vent. »
Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 104.
− Gémir de ce que + prop.Il me rappela Kean lorsqu'il jouait cette scène de Shakespeare où Richard III gémit de ce qu'une sorcière a jeté un sort sur son bras (Vigny, Journ. poète,1842, p. 1167).Elle, si dure aux plus rudes souffrances, gémissait de ce qu'elle avait dû renifler, assurant que cela lui « plumait le nez », et qu'on ne savait plus où vivre (Proust, Guermantes 1,1920, p. 66).